Le durcissement des mesures de protection contre l'épidémie COVID-19 et ses conséquences sur le plan des activités et des emplois inquiète les organisations professionnelles, qui demandent aussi un accompagnement renforcé.
Au surlendemain de l'allocution du Président de la République, le Premier ministre a annoncé un renforcement du dispositif de lutte contre l'épidémie de COVID-19, matérialisée notamment par une très forte restriction de l'activité des commerces, des manifestations, et une incitation appuyée à limiter les déplacements individuels. De multiples organisations professionnelles, engagées à respecter les consignes du Gouvernement, mettent en œuvre des services de soutien spécifique à leurs adhérents mais soulignent la nécessité d'accélérer voire de renforcer les mesures d'accompagnement pour les entreprises et les salariés. Les syndicats de salariés réaffirment leurs exigences sociales.
Mesures économiques et sociales
L'Union des entreprises de proximité réaffirme «soutenir le Gouvernement dans sa volonté de prendre tous les moyens de limiter la propagation du virus et de protéger la vie de nos concitoyens», suite à l'intervention du Premier ministre du 15 mars 2020. L'organisation d'employeurs demande néanmoins des mesures d'accompagnement renforcé pour les artisans, commerçants de proximité et professionnels libéraux qui seront très durement impactés.
L'U2P souhaite notamment «qu'une indemnité spécifique soit prévue pour les chefs d'entreprise, travailleurs indépendants ou salariés (gérants minoritaires de SARL par exemple)», l'automaticité des mesures d'exonération de charges pour les entreprises devant fermer, la mise en place rapide du «fonds de solidarité annoncé par le ministre de l'Économie et des Finances», une intervention «auprès des banques pour les obliger à accorder un report automatique des échéances de prêts», la mise en œuvre d'un «plan de continuité des approvisionnements».
Le Conseil national des centres commerciaux annonce avoir «mis en œuvre sans délai les arrêtés pris par le Ministère des solidarités et de la santé procédant à la fermeture des magasins en centres commerciaux hors commerces exemptés jusqu’au 15 avril 2020». Il en appelle, en contrepartie, «le Gouvernement à confirmer les mesures de soutien déjà annoncées et à mettre en œuvre dans les délais les plus brefs au bénéfice de l’ensemble des acteurs de la filière (…) des mesures fortes d’ordre budgétaire, fiscal, social et bancaire». Le CNCC recommande en outre «à ses adhérents bailleurs» de prendre des dispositions exceptionnelles «mensualisation des loyers et charges», «suspension temporaire de la mise en recouvrement des loyers et charges du mois d’avril».
L'Union sociale pour l'habitat annonce avoir pris ses dispositions pour «garantir que les interventions urgentes de sécurité et d’entretien pourront être menées», «ne pas mettre un frein aux attributions en cours et risquer de priver de logements les demandeurs en attente», les expulsions locatives étant par ailleurs repoussées, ce tandis que, pour les bails commerciaux, il est prévu de «suspendre le paiement des loyers des commerçants qui sont contraints de fermer». L'organisation souhaite que les pouvoirs publics acceptent «le principe d'un décalage de la contemporanéisation des aides au logement, prévue le 1er avril prochain», faute de pouvoir mobilier les moyens pour la mettre en œuvre.
Côté syndicats de salariés, le Syndicat national des journalistes demande que les «journalistes rémunérés à la pige» bénéficient d'un traitement égal à celui des «journalistes en poste» concernant les mesures sur «l'arrêt de travail simplifié», le «chômage partiel ou total». Il annonce, en outre, qu'il demande la suppression «des aides à la presse» pour les employeurs qui essaieraient de se soustraire à ces règles, soutiendra au besoin tout litige porté en juridiction par un pigiste, et «engagera toute action nécessaire contre l'État si celui-ci manquait à ses engagements».
Solidaires estime que l'annonce faite par la ministre du Travail, le 14 mars 2020, à propos de la «prise en charge du chômage partiel et son indemnisation» est loin d'être satisfaisante. Pour le syndicat il est clair qu'il faut que la réforme de l'assurance chômage soit «abandonnée», que les pouvoirs publics engagent une «réquisition des logements vides et appartements loués AirBnB», qu'un recrutement «d'éducateurs et personnels travaillant dans le lien social auprès des personnes les plus précaires».
Dispositif sanitaire
Le Syndicat des médecins libéraux manifeste sa colère du fait du manque de moyens de protection (masques, solution hydroalcoolique) dont pâtissent les professionnels libéraux et exige notamment que «tous les masques, gants et bidons de gel hydroalcoolique présents dans les mairies soient dès ce matin réquisitionnés» à leur intention. Il en appelle aux pouvoirs publics locaux comme nationaux. L'organisation professionnelle rappelle que si «les médecins libéraux assumeront leur devoir dans cette crise gravissime», «tarder à les équiper en matériel de protection est un scandale sanitaire dont le Gouvernement devra rendre des comptes à la profession».
L'ordre des pharmaciens, la Fédération des pharmaciens d'officine (FSPF) et l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) se félicitent de l'autorisation (par décret) «d’étendre le renouvellement des prescriptions pour des traitements chroniques, sous certaines conditions, et ce jusqu’au 31 mai», ainsi que de «la distribution d’un stock d’État supplémentaire de masques aux professionnels de santé». L'ordre et les deux organisations professionnelles souhaitent néanmoins des «éclaircissements» sur leur mise en œuvre.