Alors que le prolongement du confinement est acté, le port de masques pour tous, les solutions thérapeutiques, voir le traçage des déplacements font question. Le plan d’urgence face à la crise devrait être abondé, pour soutenir le secteur sanitaire et social mais aussi et plus largement l’économie.
Le point sur les problématiques sanitaires
L’Académie nationale de médecine se prononce favorablement pour «constituer dès à présent des pools de plasmas prélevés chez des sujets immunisés (convalescents, ou guéris), ayant des titres d’anticorps élevés, afin de préparer des immunoglobulines hyperimmunes (IGHI) dans les règles de l’art». Étant entendu que «aucun traitement antiviral n’a à l’heure actuelle clairement démontré son efficacité», l’Académie estime que les IGH pourraient «être utilisées non seulement en traitement des formes graves, comme rapporté dans (…) 2 publications chinoises, mais surtout lors de la sortie du confinement, en association avec le dépistage sérologique, en prévention chez les proches séronégatifs de patients infectés (…), en particulier dans les EHPAD. Elles pourraient aussi être utilisées dès le début de l’infection chez les sujets fragiles (très âgés, cancéreux, immunodéprimés…) à risque de développer une forme grave». Elle considère que «la France a les moyens scientifiques et industriels pour initier au plus vite des essais thérapeutiques et un programme de production (…)» sachant que «la mise sur le marché d’anticorps monoclonaux recombinants, nécessaires pour l’avenir, nécessiteront plus de temps».
Le Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs et l’Union nationale des syndicats de masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs rappellent, par la voix de leur président Mickaël Mulon, qu’ils sont «est en contact étroit et permanent avec Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance maladie, (…) chargé par le ministre de la Santé de trouver un dispositif permettant d’assurer la pérennité de l’offre de soins libérale et de ses acteurs». En l’état, le SNMKR et l’UNSMKR jugent que «les dispositifs financiers sont insuffisants pour stabiliser l’activité économique des cabinets», ce pourquoi il négocie actuellement avec la CNAM sur l’idée d’un «dispositif dérogatoire de solidarité dédié aux professionnels de santé conventionnés». Par ailleurs, il tient à préciser que «la mise en place des dispositions permettant le télésoin et surtout sa facturation sont donc encore en cours entre les partenaires conventionnels, avec une validation de l’ordre sur le plan de la déontologie». La question d’un financement «à leur juste hauteur» de ces soins fera l’objet de toute l’attention du syndicat.
Le point sur les problématiques économiques
CMA France constate que beaucoup d’entreprises rencontrent des «difficultés (…) pour la demande et l’attribution des 1500 euros et l’aide complémentaire du Fonds de solidarité». La tête de réseau des chambres de métiers estime nécessaires des «clarifications et améliorations», portant sur: «seuil de perte du CA de 50 à 20 %», «supprimer l’obligation d’absence de dettes fiscales et sociales au 31 décembre 2019», «ne pas exclure les conjoints collaborateurs», «renouveler l’aide pour les mois à venir, «subvention (…) défiscalisée», «simplifier les démarches en ligne».
Les organisations professionnelles du secteur des transports (Fédération national du transport routier, Organisation du transport routier européen, Union Transport et Logistique de France) préconisent au Gouvernement de nouvelles mesures d’urgence pour «pallier les trésoreries exsangues». Une requête motivée par le fait que «les entreprises, soucieuses de garantir ce service vital (…), continuent de travailler, accumulant des pertes en raison d’importants surcoûts (retours à vide, (…) heures supplémentaires (…), surcoûts liés aux achats des produits sanitaires et de protection)». Le soutien demandé recouvre, «une procédure efficace pour lutter contre les retards de paiements et délais de paiement abusifs», «l’anticipation du remboursement partie de TICPE», «la finalisation urgente des travaux (…) de mise en œuvre d’une carte d’achat de carburant taxé au taux du gazole professionnel», ainsi que le «report au 1er janvier 2022 de la diminution programmée (…) du remboursement partiel de TICPE sur le gazole professionnel» telle que prévue dans la loi de finances 2020.
Pour la FNTR, l’OTRE et l’Union TLF, la relance de l’activité ne pourra par ailleurs se faire sans «échanges réguliers» avec les pouvoirs publics, qui, jusqu’à présent, n’ont pas été instaurées, «contrairement aux autres filières dites stratégiques».
Les organisations d’employeurs (Syndicat des musiques actuelles, Fédération des entreprises du spectacle vivant, Syndicat national des arts vivants, Syndicat des écoles de cirque et compagnies de création) et de salariés (GT Spectacle, Fédération des arts, du spectacle, de l’audiovisuel et de la presse FO, CFDT Conseil Communication Culture, Fédération CFDT Média+, Fédération Culture Communication Spectacle CFE-CGC, CFTC, Syndicat des artistes interprètes et enseignants de musique, de danse et d’art dramatique) du spectacle vivant font cause commune pour plaider des «dispositifs de soutien complémentaires répondant aux spécificités de nos secteurs, de nos entreprises». Il est notamment souhaité que «s’agissant par exemple du prêt garanti par l’État, le ministère de la Culture doit être en soutien, via l’outil IFCIC (Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles-NDLR), comme peut l’être la Caisse des dépôts dans le secteur du tourisme».
Pour faire face à l’urgence, il est demandé le «maintien intégral et sans conditions de tous les financements publics», que le «Gouvernement précise sans délai» les modalités du dispositif de chômage partie pour les «salariés rémunérés au cachet» et pour les «artistes déclarés au Guso (Guichet unique du spectacle occasionnel-NDLR)». qu’une concertation puisse s’ouvrir concernant l’adaptation des annexes 8 et 10 de l’assurance chômage des intermittents. Pour ce qui est de la sortie de crise, les représentants des employeurs comme des salariés attendent de l’État à la fois un soutien financier et des précisions sur les conditions de reprise d’activité.
La Fédération nationale des travaux publics interpelle les pouvoirs publics et plus spécifiquement les préfets sur les attentes des entreprises en vue d’une reprise d’activité. L’adresse aux préfets tient notamment à la «circulaire ministérielle (qui-NDLR) définit le rôle central qu’ils vont jouer dans les semaines à venir pour la reprise de l’activité des travaux publics», ayant notamment à leur charge de piloter, dans chaque département, et en réunissant tous les acteurs concernés un «comité de conciliation (…) afin d’apporter des solutions au cas par cas». Le comité, souligne la FNTR, aura pour priorité «d’assurer dans un premier temps la réponse aux besoins vitaux de la nation: bon fonctionnement des services publics, infrastructures de transport nécessaires pour garantir les flux relatifs à l’alimentation des populations, distribution d’énergie… Dans un deuxième temps, (à contribuer-NDLR) à la relance des chantiers dont la réalisation a été interrompue».
Pour Bruno Cavagné, président de l’organisation professionnelle, « La coordination au niveau des préfets de département est donc indispensable. Leur rôle sera déterminant dans les semaines à venir». Il renouvelle par ailleurs l’appel à «l’ensemble des collectivités locales sur l’urgence à réactiver la chaîne de la commande publique» vu que «de nombreux services sont perturbés, alors même que les décisions de reprise des chantiers sont très attendues», et que «le lancement de nouveaux appels d’offre est absolument indispensable pour assurer la survie des entreprises».
Le Syndicat de la nutrition animale (SNIA) invite à soutenir les productions agricoles nationales «agneaux, certains produits laitiers, pigeons, canards, pintades, chevreaux ou encore les ovoproduits». Ainsi que le souligne son président François Cholat: «Aujourd’hui plus que jamais il faut privilégier l’origine française!». C’est aussi l’occasion de souligner que la filière de la nutrition animale «a su s’organiser rapidement pour remplir sa mission: nourrir les animaux et ainsi contribuer au fonctionnement de la chaîne alimentaire». Une performance «possible grâce au dévouement de nos salariés» et de «tous nos fournisseurs, nos transporteurs et tous ceux qui travaillent dans l’ombre, services de maintenance, services administratifs» que François Cholat tient à remercier chaleureusement.
Le Conseil national des centres commerciaux réitère son appel à la solidarité, dans la perspective de l’extension du confinement, à l’égard des commerces ayant du fermer leurs portes. Il s’agit d’adapter l’«accord entre le Ministère de l’Economie et les principales associations et fédérations représentatives des bailleurs pour faire porter les efforts sur les TPE/PME» du 20 mars 2020. Le CNCC préconise donc des mesures modulées selon la taille des entreprises: «étalement sur 24 mois» des «loyers et charges d’avril et mai 2020» pour les petites entreprises; respect strict de «leurs engagements contractuels» et paiement de leurs «loyers et charges» pour les « «grandes enseignes internationales et nationales multi-succursalistes; négociation au cas par cas entre bailleurs et entreprises de taille moyenne dans le respect du fait que « les charges doivent être payées aux dates contractuelles puisqu’elles correspondent à des coûts réels encourus par les propriétaires».
La veille sociale des syndicats
La Confédération française et démocratique du travail estime que la reconnaissance du COVI-19 comme maladie professionnelle doit s’imposer pour «tous les personnels des établissements de santé, médicosociaux et sociaux, qu’ils soient soignants ou non». Pour les autres secteurs d’activité, du public comme du privé, le syndicat juge nécessaire un «dispositif exceptionnel et collectif» de protection, incluant: «la confirmation que toutes les situations de travail en présentiel pourront (…) relever d’une imputabilité d’office à titre professionnel», «la création d’un fonds dédié permettant la prise en charge des travailleurs (…) dont la gouvernance doit impliquer étroitement les partenaires sociaux», «un droit de suite (…) de prendre en considération des séquelles et pathologies éventuelles liées au Covid 19».
La Confédération générale du travail exige «l’arrêt, jusqu’à nouvel ordre, de toutes les unités de production ne concourant pas à la satisfaction des besoins vitaux de la population, notamment de toutes les activités visant à l’exportation d’armes». Le syndicat de salariés souhaite en outre qu’il y ait «réquisition des stocks de matériels de protection (…) dans ces unités de production, et leur affectation aux personnels soignants et travailleurs des secteurs essentiels», ainsi que «la reconversion et la diversification provisoires, voire pérennes, des unités de production pouvant engager rapidement la fabrication des matériels médicaux». Pour la CGT, «le rôle spécifique de l’industrie de défense dans le maintien de la souveraineté nationale» étant reconnu, il reste que «la production militaire n’est pas une priorité» et ne justifie pas la mise en danger des salariés du secteur ni ceux des entreprises sous-traitantes.
L’Union syndicale Solidaires s’insurge contre la «forfaitisation de la contravention de la 5e classe» autorisée par le décret du 28 mars 2020. Le syndicat relève en effet que le champ de cette procédure «ne cesse de s’étendre», et qu’elle revient à «éviter le plus possible la case justice, garante des libertés individuelles» ainsi qu’une «enquête au préalable pour permettre d’établir les véritables responsabilités». Solidaires s’en inquiète d’autant plus que «la loi de programmation justice de 2019 contient la possibilité de forfaitiser de nouveaux délits comme la vente non autorisée d’alcool, l’usage de produits stupéfiants, la vente à la sauvette, le transport routier avec une carte non conforme ou encore l’occupation en réunion des halls d’immeuble», signant ainsi «une série de nouvelles atteintes graves à nos droits et libertés» dont le syndicat demande tout simplement «l’abrogation».
Force ouvrière considère que le report de la réforme des APL (qui devait intervenir au 1er avril 2020) est une «démarche prudente», même si l’argument selon lequel «la mobilisation accrue des effectifs des caisses ne paraît pas compatible avec la situation actuelle» ne convainc pas. Pour la Confédération, «la politique du logement est aussi une politique sociale», et vu que «les besoins des allocataires sont en forte augmentation», il faudrait au contraire une «hausse des aides au logement» assortie d’une «augmentation du montant des allocations familiales».
La Fédération syndicale unitaire rappelle aux «préfets leurs responsabilités et nos exigences» concernant plus spécifiquement«celles et ceux qui vivent isolé.es ou en maison de retraite», «l’absence de traitement validé à ce jour ou de vaccin, le manque de matériel de protection (…) et la surmortalité dans ces établissements».