Dépistage massif, brigades sanitaires, protocole sanitaire pour la reprise des écoles, les conditions sanitaires du déconfinement se dévoilent, même si les organisations professionnelles du secteur sanitaire exigent plus de précisions. Le secteur du sport est mis à mal par l’impossibilité de reprise à court terme. Cette reprise se prépare, en revanche, dans de multiples filières. Ce qui n’empêche pas un besoin d’aide publique complémentaire.
Les problématiques sanitaires
L’Académie nationale de pharmacie tire la sonnette d’alarme sur la désinformation à propos de «l’hydroxychloroquine (Plaquenil®)». L’institution rappelle que seule celle-ci est «testée dans les essais thérapeutiques en cours pour valider ou infirmer l’intérêt du traitement de l’infection» et qu’en aucun cas, elle ne doit être confondue avec la «chloroquine (Nivaquine®)», laquelle «peut provoquer des accidents graves, voire mortels, du fait notamment de sa grande toxicité cardiaque».
De son côté, l’Académie nationale de médecine se prononce pour une reprise rapide du calendrier vaccinal des nourrissons, dont elle tient à souligner l’effet bénéfique, mais aussi les risques encourus en cas de non mise en application (infections bactériennes invasives et graves, recrudescence épidémique de rougeole…). Pour l’Académie, il faut réactiver «le plus rapidement possible les consultations consacrées aux examens obligatoires», «rattraper au plus tôt les les retards de vaccination», ne «jamais différer les rendez-vous de vaccination et (…) organiser (la dissociation-NDLR) les consultations d’enfants malades et (des-NDLR) examens systématiques pour vaccination». Elle recommande, enfin, de «rassurer les parents sur le fait que les mesures barrière et l’hygiène sont assurées dans les cabinets et les PMI». En revanche, pour les enfants âgés de plus de 5 ans, le report des rendez-vous peut-être envisagé.
La Société française de santé publique (SFSP) dit accueillir «avec satisfaction l’affirmation que la sortie progressive du confinement n’interviendra le 11 mai que si certains des six prérequis formulés par le Conseil scientifique sont remplis afin que les ”mesures phares” recommandées soient opérationnelles». Elle estime néanmoins que les pouvoirs devront être très vigilants sur plusieurs points. D’abord, concernant le traçage des personnes, dont le principe devrait être évalué, sous les angles de la «nécessité», la «proportionnalité», et la mise en œuvre s’effectuer «à travers un dispositif impliquant les institutions et instances compétentes (juges des libertés, Défenseur des droits, CNCDH…)», sans que soit omise «l’illusion de solutions fondées sur le ”tout technologique”, qui ne seraient pas accompagnées de dispositifs humains, en amont et en aval du dépistage».
Concernant les opérations de dépistage, la SPFP se dit plutôt favorable à une «implication de la grande diversité des acteurs qui contribuent à la santé publique» plutôt que de se limiter aux seuls soignants, tandis que pour mobiliser la population, elle préconise de s’appuyer sur «l’éducation pour la santé et la fourniture des équipements indispensables à son exercice». La gestion globale de la phase requiert, enfin, «un dispositif de concertation tel qu’un «Comité de liaison avec la société», qui rassemblerait des acteurs de la santé, sociaux et des libertés publiques».
Pour le Regroupement autonome des jeunes généralistes (Reagjir), il est nécessaire de rappeler que «La téléconsultation est un outil indispensable dans le contexte de crise pandémique (…) mais elle ne remplacera jamais totalement les consultations classiques et on ne peut pas exclure les patients pour qui elle ne peut s’appliquer ou ceux qui n’en veulent tout simplement pas». L’organisation professionnelle pointe notamment les «limites» de l’outil: accès difficile à la technologie pour certaines populations de patients, mais aussi, pour certains médecins (remplaçants, salariés en ambulatoire) impossibilité d’effectuer les démarches en ligne auprès de la Sécurité sociale.
Sa présidente Laure Dominjon tient aussi à indiquer que «Les soignants se sont organisés au mieux pour assurer des consultations physiques dans les meilleures conditions (…), ont mis en place des créneaux spécifiques (…) afin de ne pas mélanger les patients, ne les recevoir que si nécessaire…».
L’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) réitère sa requête auprès de l’État de «permettre à tous les professionnels de santé et leurs salariés de disposer des équipements de protection individuels suivants, en nombre suffisant: masques, gants, blouses, surblouses, surchaussures, gel hydroalcoolique, et autres protections spécifiques (visières, casaques…)». L’organisation professionnelle insiste sur le fait que la situation a généré, jusqu’à présent, une «rupture dans la prise en charge des patients, qu'ils soient chroniques ou non, (qui- peut-NDLR) avoir de graves conséquences en termes de santé publique». Pour y remédier, «des masques doivent également être rapidement mis à disposition de nos patients» souligne aussi l’UNPS.
La Fédération hospitalière française (FHF) donne son aval à «l'approche graduée, territoriale et sectorielle» privilégiée par les pouvoirs publics pour le déconfinement», sous réserve que soient respectés les 8 pré-réquis qu’elle préconise. La plupart sont relatifs à l’organisation: «une règle générale sur les capacités de réanimation qui devront rester dédiées covid»; «des garanties fortes sur les équipements de protection individuelle (EPI), la disponibilité des tests et les approvisionnements logistiques»; «un dépistage systématique des professionnels et patients à l’entrée des établissements» ainsi que la création de «cellules de traçage des cas»; «la mise en place de circuits covid/non-covid dans l’ensemble des établissements»; «une reprise d’activité de l’ensemble des parcours»; la sécurité «des circuits en ehpad». Mais la FHF exige aussi que soient intégrés «les besoins des professionnels de santé et l’organisation de renforts pour garantir congés et reprise d’activité» et «des garanties financières pour compenser les surcoûts (…) et pertes de recettes» induits par l’épidémie.
L’enjeu économique et social devrai aussi être traité à plus long terme, selon les mots de son présidents Frédéric Valletoux, pour qui il convient «de poser très rapidement les bases d’un New Deal pour l’hôpital, d’autant plus que l’épidémie n’est pas finie. Nos hôpitaux et nos ehpad publics ont tenu mais il faut rester mobilisés». Concrètement, et conformément aux propos du Président de la République le 25 mars à Mulhouse, la FHH attend «un plan massif pour l’hôpital public», matérialisé par «davantage de moyens pour ses futurs investissements ainsi que pour la revalorisation des carrières de son personnel soignant».
Les problématiques économiques
Pour le Syndicat des médecins libéraux (SML), il faut une «une mesure de compensation financière de l’activité, qui, au même titre que les établissements, pourrait prendre la forme du versement d’un douzième des honoraires habituellement perçus par mois d’activité empêchée». L’organisation professionnelle salue, certes, l’ouverture du téléservice de la Caisse nationale d’assurance maladie facilitant l’accès à l’aide sur les «charges médicales», mais considère que ce soutien est minimal compte tenu des obligations imposées aux professionnels, dont «le transfert aux pharmacies du renouvellement des prescriptions et l’inadéquation des messages limitant les déplacements aux seuls soins urgents» et, désormais «le rationnement des médicaments nécessaires aux anesthésies générales». En outre, elle ne se satisferait pas que l’effort consenti en faveur de l’hôpital public («apporter aux établissements publics une fraction de leurs recettes habituelles») ne soit pas accompagné d’un même effort en faveur des libéraux.
Vu de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), le plan présenté par le Premier ministre le 28 avril n’a pas permis d’apporter «la visibilité que nous escomptions» et porte à croire «que les conditions ne seront pas réunies au-delà du 11 mai, pour permettre à l’économie française de tourner à plein régime». Jugeant en outre, que «le cadre juridique reste flou», la CPME considère qu’il faudra étendre le dispositif «chômage partiel» (jusqu’au 1er juin), «annuler les charges fiscales et sociales», «écarter explicitement l’obligation de résultat» des entreprises concernant la contamination.
L’Union des entreprises de proximité (U2P) apprécie les annonces de reprise d’activité, notamment «la confirmation de l’ouverture des commerces et des marchés (sauf exception) à compter du 11 mai», ainsi que «accompagnement spécifique des petites entreprises» pour les surcoûts liés à la mise en œuvre de dispositions sanitaires. Elle demande néanmoins «l’annulation des charges de toutes les entreprises qui ont été soumises à une fermeture administrative» et «continuera à examiner avec le gouvernement les conditions d’une reprise d’activité dans les meilleurs délais possibles des hôtels-cafés-restaurants».
Pour sa part, l’U2P se mobilise avec les partenaires sociaux pour «établir les guides métiers qui proposeront aux entreprises les bonnes pratiques à mettre en œuvre» et, d’autre part, en «soutien des professions de santé, notamment les médecins libéraux et infirmiers, dans la perspective de l’établissement des listes de cas contacts avec les préfectures et collectivités territoriales, afin que le système de dépistage des personnes à risque soit le plus efficient possible».
Le Conseil national des centres commerciaux (CNC) apprécie la «pertinence» du plan de déconfinement annoncé par le Premier ministre. Dans l’immédiat, il va s’attacher à «à comprendre les raisonnements et modes de calcul retenus puis à apporter les réponses attendues par les préfets sur les questions de bassins de vie et leurs rapprochements avec les zones de chalandise de chaque centre commercial». Des «engagements» ont été pris auprès du Gouvernement concernant les «mesures barrières», précise le CNCC qui tient par ailleurs à rappeler que «pendant la période de confinement, 80% des centres commerciaux sont demeurés ouverts pour que les surfaces alimentaires et les pharmacies continuent à fonctionner».
Le Groupement national des indépendants (GNI), par la voix de son président Didier Chenet, exhorte le Gouvernement à comprendre «la détresse de nos professionnels privés de leur droit de travailler. Il faudra les aider à la hauteur des pertes qu’ils enregistrent». Réagissant au Plan de déconfinement présenté par le Premier ministre, renvoyant à fin mai la décision sur une réouverture des établissements du secteur, le syndicat d’employeurs de l’hôtellerie restauration constate que «rien ne garantit une ouverture rapide et généralisée au niveau national» des cafés et restaurants, que les hôteliers pâtiront du fait que «la mobilité des Français restera très limitée» et de l’impossibilité pour les Français de programmeur leurs vacances, et que l’activité des traiteurs et organisateurs de réceptions, sera pénalisée par les limitations imposées aux rassemblements et mariages.
Didier Chenet espère toutefois que «dans les départements où l’épidémie est demeurée contenue» les professionnels «pourront rapidement reprendre leur activité au mois de juin», non sans rappeler que le GNI élabore en ce moment un «protocole sanitaire» ad hoc.
«Seule une politique de la demande soutenue des collectivités locales permettra à notre secteur de préserver son tissu économique. L’investissement public est de surcroit l’un des seuls leviers de soutien de l’activité qui demeure dans un contexte d’effondrement de la demande» tient à souligner Bruno Cavagné, président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). À la veille d’une «réunion de restitution des propositions du secteur du BTP pour surmonter la crise sanitaire et économique» au ministère de l’Économie et des Finances, la FNTP entend faire valoir l’urgence de «mesures d’incitation forte à l’investissement local, en sus des mesures indispensables pour éviter le choc de trésorerie que les entreprises connaîtront à l’été par l’addition du report des charges à payer et des surcoûts liés à la crise sanitaire».
La demande de l’organisation professionnelle se fonde sur la dégradation de l’activité connue sous le mandat présidentiel précédent, synonyme d’une forte baisse des moyens des collectivités et, avec elle, de la commande au BTP, ainsi que sur «l’impact traditionnellement observé des années électorales sur l’investissement local» que risque d’aggraver l’inconnu «autour de la tenue du second tour des élections municipales dans 5000 communes».
Affiliée à l’Union des industries et entreprises de l’eau (UIE) et invoquant des difficultés identiques dues à la situation des collectivités locales, l’organisation professionnelle ITEA (Les industriels du transport de l'eau et de l’assainissement) réclame que le secteur soit reconnu «comme opérateur d’intérêts vitaux» ainsi que l’inscription dans la commande publique de «clauses garantissant l’origine française ou, à défaut, européenne des équipements et la réciprocité systématique dans les attributions de subventions». ITEA rappelle à cet égard que la réglementation de la commande publique permettrait tout à fait l’application «de critères de restrictions d’origine et de réciprocité permettant de financer uniquement les projets avec des critères de préférence européenne». Le syndicat évoque «un recul de 89% d’activité (dans les travaux publics-NDLR) d’après les données de l’Insee sur les deux dernières semaines de mars 2020» pour un «actif stratégique et un patrimoine dont la valeur est estimée à plus de 300 Mds d’euros».
Compte tenu de la dégradation de la situation dans les entreprises de transport routier, les principales organisations de la filière (Fédération nationale du transport routier, Organisation des transporteurs routiers européens, Union Transport et Logistique de France) incitent le Gouvernement à «reporter la diminution du remboursement TICPE de deux centimes par litre au 1er janvier 2022 et obtenir une carte carburant pour les professionnels». Si l’aide publique à la trésorerie apporté par l’État a été bienvenue, elles estiment qu’elle ne «suffisent pas» et n’ont «aucun impact sur le budget de l’État». Elles sollicitent aussi «une nouvelle réunion de travail» avec les pouvoirs publics, pour y aborder les «questions en matière de gestion de personnel d’une région à l’autre» à partir du 11 mai 2020.
La Fédération des entreprises de crèches (FFEC) «prend acte» des dispositions applicables à la réouverture des crèches annoncées par le Premier ministre, mais demande des éclaircissements et des compléments de mesure point par point. Sur le volet sanitaire, elle souhaite notamment: un «cadre national beaucoup plus détaillé et concret afin d’éviter des divergences locales d’interprétation des autorités locales de contrôle» et que «tant les professionnels de la Petite enfance que de l’Éducation nationale (soient déclarés-NDLR) indispensables à la gestion de crise afin qu’ils puissent accueillir les enfants des autres en bénéficiant d’un droit d’accueil prioritaire de leurs propres enfants». Sous l’aspect économique, la FFEC espère «la pérennisation du fonds d’indemnisation des modes d’accueil de la Petite Enfance avec le versement de l’intégralité de la subvention qui était budgétée». Une aide «indispensable à leur survie».
La Ligue professionnelle de football (LFP) annonce qu’elle a «a pris acte des déclarations du Premier Ministre» et qu’elle «suivra strictement les consignes du Gouvernement et des autorités sanitaires». L’arrêt de la saison devrait être officialisé en conseil d’administration du 30 avril 2020, qui se penchera aussi sur «les conséquences sportives et économiques des mesures annoncées».
Pour la Ligue nationale de rugby et toutes les parties prenantes du rugby professionnel le «strict respect des consignes sanitaires des pouvoirs publics (est-NDLR) une priorité absolue». Une réunion des présidents de club, le 30 avril, doit permettre de faire le point sur la gestion de la saison en cours. Par ailleurs, la LNR présentera dans les prochains jours au ministère des Sports sa proposition de protocole médical, de réathlétisation, de préparation et de calendrier de reprise».
Par la voix de sa présidente Claude Domeizel, la Caisse nationale de retraites des collectivités locales (CNARCL) fait savoir qu’elle souhaite que «la réforme des retraites, en discussion depuis plusieurs mois, soit profondément reconsidérée» et «reconnaisse la pénibilité des métiers des fonctions publiques hospitalière et territoriale par le maintien des droits liés à la catégorie active». Mettant en exergue la mobilisation de l’ensemble des fonctionnaires des hôpitaux et des collectivités territoriales depuis le début de la pandémie, le conseil d’administration paritaire de la caisse spéciale de retraite demande aussi «avec insistance (…) une profonde réforme en matière de santé, et qu’en particulier l’hôpital public trouve une digne efficacité (…), et qu’il soit doté de fonctionnaires reconnus, notamment en matière salariale».
La Fédération française des spiritueux (FFS) demande au préfet du Morbihan de revenir sur un arrêté «qui interdit depuis le 17 avril la vente des spiritueux au motif de limiter les violences intrafamiliales». La FFS estime la mesure inefficace puisqu’elle «va simplement entrainer un report vers les autres boissons alcoolisées», mais aussi injuste à l’égard d’un «secteur, constitué de 90% de PME, (qui-NDLR) s’est largement mobilisé pour fournir l’alcool nécessaire à la fabrication du gel hydro alcoolique».
La veille sociale des syndicats
L’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), par la voix de Sylvain Kastendeuch se félicite de la décision gouvernementale relative à la non-reprise de la saison de football. Pour le co-président de l’UNFP, «c’est une décision responsable», «le Gouvernement a compris que l’urgence économique ne devait pas prendre le pas sur l’impératif de santé publique». Et d’ajouter: «Nous devons dès à présent agir collectivement pour construire un football de demain vertueux, garant d’équité sur le territoire national et à l’échelle européenne, et où les joueurs devront être au centre du jeu».
Pour la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), les annonces du Premier ministre sont loin d’apporter des «réponses pratiques et concrètes» aux Français sur la phase de déconfinement. Afin de lever les incertitudes sur les aspects «départementalisation», «école et transports», «fourniture de masques», le syndicat se mobilisera pleinement dans le cadre du dialogue social» proposé par les pouvoirs publics, indique le président de la confédération Cyril Chabanier.
Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, note également que «demeurent de nombreuses incertitudes et questions», et qu’en tout état de cause «la progressivité» devra s’appliquer, en premier lieu à la «disponibilité effective des équipements de protection individuels, comme pour le respect effectif des gestes barrières et distances physiques», ce qui implique aussi que «les prescriptions – qui relèvent des pouvoirs publics – soient précisées». Favorable aux tests généralisés, sous réserve de «risques de stigmatisation et de discrimination, ainsi que sur les conséquences en matière d’emploi et de statut des salariés», la confédération syndicale insiste sur le fait que les enjeux sanitaires en entreprise exigent «la remise en place et la consultation» des CHSCT et, sur le plan plus général, «d’une négociation sur la santé au travail» dont elle a fait la demande.
Concernant les aspects économiques et sociaux, les positions que FO défendra dans le cadre du dialogue social souhaité par les pouvoirs publics, seront les suivantes: prolongation du «dispositif d’activité partielle»; retour aux «dispositions de l’assurance chômage négociées en 2017»; ouverture «d’une négociation interprofessionnelle» pour traiter la question du télétravail; attention spécifique à la «situation des salariés des arts et spectacles». Yves Veyrier rappelle en outre l’opposition de FO à «toute procédure de licenciement et (…) aux dispositions dérogatoires au temps de travail et aux délais de consultation des CSE prévues dans les ordonnances de l’état d’urgence sanitaire».
L’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), estime crucial, ainsi que le rappelle son secrétaire général Laurent Escure, «un dialogue étroit et permanent entre le Gouvernement, les collectivités territoriales, les entreprises, les employeurs et les partenaires sociaux» afin d’apporter des «précisions» et, plus généralement de «rassurer la population et de franchir cette nouvelle séquence de la crise». Le syndicat se satisfait, néanmoins, d’avoir été entendu sur plusieurs points: «conditions du déconfinement (…) subordonnées aux indicateurs de suivi de l’épidémie» et «mise en oeuvre progressive avec des étapes et des points intermédiaires»; «encouragement au maintien du télétravail et à la mise en place d’horaires décalés»; «nécessité de protéger les travailleurs sur leur lieu de travail comme dans leurs déplacements».
Pour la Confédération générale du travail, «le Gouvernement renvoie beaucoup de responsabilités aux collectivités territoriales, aux personnels de l’éducation nationale et de la petite enfance mais également aux citoyens», mais n’apporte «aucune réponse concrète» sur le plan sanitaire ou économique et social. Sur ce point, la CGT prône notamment «de prolonger et de renforcer le chômage partiel», de «de renforcer les droits des privés d’emplois notamment des plus jeunes complètement démunis de ressources».
Si elle estime que l’annonce d’une «rentrée échelonnée « est bienvenue, la Fédération de l’enseignement affiliée à la Confédération française et démocratique du travail (SGEN-CFDT) réaffirme la nécessité d’un «dialogue social» aux niveaux national et territorial. Elle entend y faire valoir les propositions suivantes: pas de «protocole sanitaire national (…) en deçà des préconisations du conseil scientifique»; «pas de réouverture là où ce protocole ne peut pas être assuré»; «retour au présentiel, quand et où il pourra avoir lieu, (visant à-NDLR) offrir un accompagnement personnalisé qui, suivant les niveaux pourra être concentré sur les apprentissages, l’orientation». Quant à la méthode, le SGEN-CFDT plaide pour un «un cadre commun dans lequel les acteurs locaux (personnels de l’Éducation nationale, collectivités territoriales, parents), doivent disposer de temps suffisant pour organiser cette reprise pédagogique selon les réalités locales».
La Fédération des cheminots affiliée à Force ouvrière (FO Cheminots) fait savoir, de son côté que: faute de «masques, lingettes virucides et gel hydroacoolique» les salariés feront valoir leur «droit de retrait». Elle estime par ailleurs que le programme du Gouvernement confine à «une véritable usine à gaz dont on voit mal comment elle pourrait se traduire par une réalité concrète».
L’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (UGICT-CGT) dénonce un véritable « scandale d’État» rapport au fait que «Sur les 10 000 modèles commandés pour un montant total de 30 millions d’euros, 8500 (…) de type Osiris facturés 25,5 millions d’euros (…) ne seront pas utilisés dans la lutte contre le Covid-19». Pour l’UGICT-CGT «ce faux semblant d’unité industrielle aurait pu être évité si tous les efforts n’avaient pas été mis pour écarter les organisations syndicales et les salariés, seuls à savoir ce que signifie une production essentielle qui sauve des vies». Le syndicat de salariés plaide, en revanche, depuis «plus de 8 ans (…), au Conseil national de l’industrie (et telle-NDLR) qu’inscrite aux objectifs du CSF ITS (Industries et technologies de la santé)» pour la création d’un «Centre d’innovations technologiques et de développement industriel».
Le collectif «Plus jamais ça, le jour d’après» regroupant 16 organisations professionnelles, ONG, associations (dont la Confédération paysanne, la CGT, Solidaires, la FSU), appelle à manifester «depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux» pour marquer le 1er Mai des revendications qu’il porte, dans un contexte où «les impératifs de santé publique seront à l’honneur». Pour le collectif, il faut «que la santé de toutes et tous soit une priorité, maintenant et après le 11 mai, date annoncée de sortie du confinement alors même que les conditions sanitaires ne sont pas réunies», et elle doit s’exprimer dans la solidarité internationale, sous forme de réduction des «inégalités sociales», «protection sociale des jeunes refondée», «égalité professionnelle», «annulation de la dette» des pays pauvres.
Militant pour «que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités pour le plan de relance de l’économie», les organisations signataires exigent «un plan de relocalisation solidaire et écologique des activités de l'industrie, de l'agriculture et des services», synonyme entre autres de suspension par l’État «des ventes d’armes», «d’abandon de la dissuasion nucléaire». «Un plan de développement de tous les services publics et une revalorisation des métiers d'utilité publique» doit être engagé, en s’appuyant sur «une fiscalité plus juste (y compris sur la fortune/le patrimoine), une véritable lutte contre l'évasion fiscale et la transformation de la dette publique en dette perpétuelle à taux zéro par la BCE».