Les principales organisations professionnelles d’exploitants agricoles font part de leur désapprobation suite à l’adoption du CETA par l’Assemblée nationale le 23 juillet 2019, en soulignant notamment la contradiction avec la loi EGAlim. Plusieurs organisations de salariés s’opposent aussi au traité.
Les organisations agricoles dénoncent l’incohérence avec la loi EGAlim
Pour la Fédération nationale des exploitants agricoles et Jeunes agriculteurs, cette décision montre que «le Gouvernement et sa majorité, pour partie indécise, ont décidé de désavouer les standards de qualité européens!». Les organisations dénoncent aussi les «mensonges du Gouvernement, notamment concernant les farines animales (…) C’est pourtant bien des animaux nourris aux farines animales que le consommateur français va manger !» Surtout, elles pointent l’incohérence avec l’article 44 de la loi EGAlim qui interdit « de proposer à la vente (…) en vue de la consommation humaine ou animale des denrées alimentaires ou produits agricoles pour lesquels il a été fait usage de produits phytopharmaceutiques ou vétérinaires ou d'aliments pour animaux non autorisés par la réglementation européenne ou ne respectant pas les exigences d'identification et de traçabilité imposées par cette même réglementation».
La Coordination rurale dénonce aussi la désinformation concernant les farines animales, mais note, surtout que «les députés s’engagent à accueillir sur le territoire français et européen de la viande bovine issue d’animaux nourris aux farines animales et notamment de ruminants (…) ayant reçu des antibiotiques activateurs de croissance. Ils s’engagent également à faire baisser le prix de la viande bovine payée aux éleveurs d’environ 16 %». Et de rappeler aussi la contradiction avec la loi EGAlim.
La Confédération paysanne réaffirme ses positions via le collectif Stop-TAFTA, qui rappelle que «plus de 70 organisations de la société civile» ont appelé «les parlementaires à voter contre la ratification» via «375 000 messages». Malgré cela «l’exécutif et la majorité n’ont cessé d’énoncer des contre-vérités pour tenter de garder leur cap, celui qui consiste à approfondir la mondialisation économique et financière et le commerce transatlantique, quel qu’en soit le prix, alors qu’il faudrait tout au contraire de toute urgence les réguler au nom du climat, de la santé, de l’emploi, d’une agriculture de qualité, et plus généralement au nom de l’intérêt général». Le collectif annonce son intention de poursuivre la lutte en septembre.
Les syndicats de salariés inquiets pour l’emploi
La Confédération générale du travail, également membre du collectif Stop-TAFTA, considère que « En application provisoire depuis deux ans en France, le Ceta n’a créé aucun emploi en France (…), toutes les études prospectives évoquent 45 000 emplois détruits dans quelques années (200 000 pour l’Europe). Aucune mesure coercitive empêchant le dumping social n’est prévue». La CGT exige que, plus généralement, « chaque accord de libre-échange contienne des clauses obligatoires permettant une élévation des normes, salaires et bien-être au travail ainsi que le respect des normes de l’OI».
L’Union syndicale Solidaires, soutient le collectif via ATTAC, dont le porte-parole Maxime Combes, souligne: «Les députés de la majorité LREM et MODEM l’ont fait: applaudir Greta et les jeunes mobilisés pour le climat à midi et ratifier le CETA, accord jugé par les experts non compatible avec l’urgence climatique, l’après-midi. Une telle hypocrisie illustre à nouveau le refus manifeste, continu et obstiné de l’exécutif à donner la priorité à l’urgence climatique, écologique, sociale et sanitaire».