Les conclusions de la commission d'enquête parlementaire sur les «pratiques de grande distribution» rendues publiques le 25 septembre 2019 sont saluées par les organisations de producteurs agricoles, qui en attendant toutefois un effet dès les négociations commerciales 2020.
Pour des négocations commerciales plus transparentes et plus équilibrées entre producteurs, industriels, distributeurs
Ainsi, l'Association nationale des industries agroalimentaires constate avec satisfaction que la commission a enfin «réussi à briser l'omerta qui entourait les négociations commerciales», mettant notamment en exergue «un système de négociation de la grande distribution devenu dangereusement complexe». Pour autant qu'elle ait quelques réserves sur certaines propositions, dont celle d'un «d’un index sur les coûts de transformation des entreprises alimentaires», l'ANIA considère qu'elles «ont le mérite de mettre chacun face à ses responsabilités tout au long de la chaîne de valeur et d’être fondées sur les principes de proportionnalité, de réciprocité et de sincérité par rapport à l’état d’esprit des EGA». Enfin, elle «salue (…) la prise en compte des spécificités des PME qui fabriquent aujourd’hui des marques distributeurs».
La FNSEA et Jeunes agriculteurs ont également apprécié un «un travail précis et méthodique pour mettre en évidence les pratiques qui participent au déséquilibre des relations commerciales dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire», même s'il illustre un «rapport de force toujours aussi défavorable aux agriculteurs, premier maillon de la chaîne alimentaire». Les organisations attendent donc «des réponses concrètes de l’Autorité de la concurrence sur les concentrations à l’achat des enseignes, quitte à revenir sur leur autorisation comme le permet aujourd’hui l’article 19 de la loi EGAlim». Favorables à une «construction du prix en “marche avant» sur la base d’indicateurs de coûts de production, la FNSEA et JA en appellent aux industriels pour que les «hausses de tarifs demandées» soient «consenties dans l’ensemble des secteurs, au bénéfice des agriculteurs» et souhaitent que les interprofessions agricoles jouent un rôle plus grand dans la lise en place de l'indicateur de prix.
Si elle se réjouit que les parlementaires aient pris la mesure de la nécessité de contraindre et qu'ils aient repris plusieurs de «ses propositions», la Confédération paysanne émet des réserves sur plusieurs recommandations: «fonds de soutien au développement des productions bio ou labellisées» géré par la grande distribution et les transformateurs; délégation à un «partenaire privé» du travail d'enquête de la DGCCRF. La Conf' rappelle en outre que «la question centrale d'une répartition équitable des marges n'est pas traitée», mais aussi que «le seul outil de la loi EGAlim - le SRP - n'a même pas été conditionné à un retour effectif aux producteurs.trices».
Pour la Coordination rurale, la «volonté de la commission d’encadrer et sanctionner les pratiques abusives dans les négociations commerciales», et particulièrement «l’établissement des indicateurs de coût de production prévus par la loi dite “EGAlim”» est louable. Elle soutient néanmoins une «42e proposition», à savoir «une législation sur les prix abusivement bas qui interdirait à tout acheteur de proposer un prix inférieur au coût de production et déterminé par l’Observatoire de la formation des prix et des marges».