Les organisations CFDT, CFTC, CFE CGC, UNSA, MEDEF, CPME, U2P et FNSEA ont adressé au Président de la République un courrier commun «précisant les grands axes d’une sortie de crise efficace et juste».
Relevant le niveau d'incertitudes inédit, les huit organisations en appellent à un autre «état d'esprit» et déclarent: «L’objectif, et également la méthode, doivent être d’installer entre nous des relations de confiance mutuelle, sur la base de notre volonté partagée de voir le pays sortir de cette période de crise économique en ayant préservé ses entreprises, ses emplois, et évité une crise sociale».
Les organisations de salariés, d'employeurs et d'exploitants signataires réaffirment d'abord le «rôle majeur» des partenaires sociaux. «Nous avons pour cela pris le parti de partager entre nous, avec franchise, nos points d’alerte et nos inquiétudes et de discuter ensemble de priorités communes» précisent-elles. Au premier rang de leurs priorités, la solidité de l'économie, les services publics et la protection sociale au sujet desquels elles déclarent: «nous souhaitons engager, avec volontarisme et pragmatisme, un travail de réflexion et d’élaboration de propositions capables de répondre aux exigences de l’après pandémie». Ces propositions devant pouvoir conduire «à des ententes, à des accords, qui mettront en œuvre des réponses concrètes».
Huit «grandes convictions» au cœur du dialogue social
Les CFDT, CFTC, CFE CGC, UNSA, MEDEF, CPME, U2P et FNSEA poursuivent leur prise de position commune en précisant que «ce travail s'articulera autour de plusieurs grandes convictions»:
1. «Quatre mois d'urgence sanitaire n'ont pu ruiner les fondamentaux de notre économie ni mettre à bas notre système de solidarité». Les huit organisations relèvent que « dans un temps extrêmement court, des mesures d’urgence ont été prises pour affronter la pandémie, pour la maîtriser, et pour répondre aux conséquences économiques et sociales de ces décisions exceptionnelles».
2. «Le redémarrage de l’économie nécessite des actions de relance économique et sociale». Considérant la nécessité d'innover face à une crise économique exogène, elles jugent notamment que «relancer l’économie soulève la question des politiques de compétitivité favorisant l’investissement, éventuellement différencié, dans les secteurs qui auront été reconnus stratégiques, et d’une éventuelle relocalisation de tout ou partie de la production dans ces secteurs».
3. «La relance doit s’appuyer sur "une économie durable" qui répond aux attentes de la société et affirme sa capacité d’anticipation et d’adaptation aux crises». Il parait donc «indispensable de partager un projet de société conciliant performance économique, justice sociale et transition écologique». Les organisations signataires insistent sur les problématiques d'éducation, de recherche, d'innovation en relevant que «la relance de l’activité de production de biens de première nécessité a montré que la délégation à d’autres de la production avait aussi ses limites».
4. «La relance nécessite la cohérence et l’équilibre des politiques économiques, sociales et environnementales». Relevant que la crise sanitaire «a révélé des métiers à forte valeur ajoutée sociale et humaine qui méritent une plus grande reconnaissance, les huit organisations déclarent faire «le choix de donner du sens au travail» tout en actant que «parallèlement il faut donner du "sens" au capital, pour garantir la souveraineté européenne et nationale, pour réparer les fragilités en matière d’approvisionnement (…) et pour participer à la transition écologique indispensable, sans détruire le travail et avec des formes de croissance durable».
5. «Le combat prioritaire est le combat pour l’emploi». Sachant que ce combat «ne se gagnera qu’avec les entreprises, leurs salariés et l’ensemble des partenaires sociaux», les signataires admettent «que les circonstances ne permettront pas de les sauver tous par l’activité. Là aussi l’innovation pourrait permettre de moderniser les protections sociales existantes».
6. «Favoriser le dialogue économique et social dans les branches, les territoires et les entreprises, pour développer un travail de qualité». Les organisations de salariés, d'employeurs et d'exploitants signataires plaident ensuite pour une décentralisation à la fois territoriale («Le dialogue avec les collectivités locales doit être favorisé pour faire émerger des projets adaptés») et technique («Les solutions à la crise qui pourront émerger grâce au dialogue social naîtront principalement dans les entreprises et les branches»).
7. «Le rôle des partenaires sociaux est d’agir avec toutes les forces de ce pays, dans le respect de leur indépendance mutuelle». Les huit organisations proposent de ressaisir les missions des partenaires sociaux dans la modernisation du dialogue social, l'évolution de la relation employeur-salarié, la participation aux débats sur la sortie de crise… mais aussi la relance du dialogue social tant au niveau interprofessionnel que sur un plan européen.
8. «La pandémie nous interpelle sur le rôle de l’Europe et la mondialisation». Considérant que «la mondialisation de la production et des échanges telle que nous la connaissons a révélé parfois brutalement ses faiblesses», les organisations CFDT, CFTC, CFE CGC, UNSA, MEDEF, CPME, U2P et FNSEA concluent sur la nécessité «de réfléchir à quel échelon établir ou rétablir une souveraineté protectrice sur des domaines stratégiques à définir. L’échelon européen apparaît comme le plus adapté pour catalyser les énergies, fédérer les politiques qui sont indispensables (santé, alimentation, énergie)» et mener «des politiques cohérentes» tant en matière d’accords commerciaux internationaux qu'en matière de «respect des normes concernant les importations».