Les principaux syndicats agricoles, ainsi que les chambres d'agriculture, attendent des actes forts du nouveau ministre de l’Agriculture autour des enjeux clés de souveraineté alimentaire et politique agricole commune.
La Confédération paysanne (la Conf’) indique attendre «des actes forts et structurants pour notre métier» et affirme que ses adhérents sauront être «à la fois exigeants et constructifs pour donner notamment corps à la souveraineté alimentaire».
Des engagements attendus sur le souveraineté alimentaire et le budget PAC
Le syndicat lui suggère d’acter son plan pour une relance durable post-Covid, articulant 3 volets. Celui de la protection, d’abord, pour lequel la Conf’ préconise notamment «un durcissement de la loi EGAlim, une régulation des volumes au niveau européen et une PAC articulée sur l'actif agricole et non plus sur l’hectare». Celui du renouvellement générationnel ensuite, pour lequel elle attend une «une loi foncière ambitieuse (…) donnant les moyens de lutter contre les contournements actuels et des terres». Troisième volet: la «socialisation», entendu que «la sécurité sociale de l'alimentation et la PAC sont deux grands leviers sur lesquels bâtir une démocratie alimentaire capable d'en finir avec la course aux prix bas et la précarité».
Du côté de la Coordination rurale (CR), on espère que «sa formation d’agronome lui permettra d’appréhender de façon pragmatique ce secteur sensible et qu’il prendra une part active dans la définition de la nouvelle orientation de la PAC». Souhaitant «le rencontrer rapidement», la CR lui soumettra son exigence de «retrouver très rapidement des prix rémunérateurs à la production».
Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), il s’agira de «travailler ensemble à donner des perspectives et de la fierté aux agriculteurs français». L’enjeu clé de la souveraineté alimentaire «passera par des politiques publiques qui valorisent l’acte de production», via «le développement de stratégies de filières, dans des conditions de compétitivité et de partage de la valeur ajoutée permettant aux agriculteurs de vivre du prix rémunérateur de leurs produits». Plus immédiatement, il «s’agit d’obtenir un budget de la PAC ambitieux et permettant de répondre aux marchés et à toutes les attentes que la société place dans ses agriculteurs», et la FNSEA jugera le ministre à l’occasion de la «la discussion du PSN (plan stratégique national)». L’organisation professionnelle agricole tient par ailleurs à «saluer l’engagement pour l’agriculture» de son prédécesseur.
Quant au Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), il demande que le ministre «organise une grande conférence en septembre sur la souveraineté alimentaire», ainsi qu'un «plan de relance agricole de 5 milliards d’euros pour les producteurs». Parmi les sujets que l'organisation professionnelle agricole souhaite également soumettre au ministre figurent «les orientations et les missions de la prochaine PAC», la «mascarade» de la loi EGAlim, ou encore la «loi foncière».
La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), pour sa part, l'appelle à «mobilisation forte et immédiate pour (…) la mise en œuvre de solutions techniques et financières» afin de soutenir «la filière betterave-sucre bioénergie française () confrontée à une crise sanitaire sans précédent liée au virus de la jaunisse», non sans rappeler que la profession «a fait preuve de responsabilité pour nourrir les Français et fournir des alcools désinfectants (pour gel hydroalcoolique) pendant la crise, et les approvisionner en biocarburant renouvelable dès la reprise d’activité.
Les chambres d’agriculture pour une commande publique de produits locaux
L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (Agriculture&Territoires) salue le nouveau ministre qu’elle souhaite, selon les mots de son président Sébastien Windsor «rencontrer rapidement (…) afin de lui présenter notre plan stratégique 2019-2025 pour accompagner (…) des exploitations plus fortes d’un point de vue économique et environnemental et permettant ainsi de répondre aux attentes de la société».
La tête de réseau des chambres d’agriculture espère qu’il saura «défendre un budget PAC ambitieux». Plus immédiatement, elle plaide pour «rendre obligatoire l’étiquetage de l’origine des produits et plus particulièrement dans les produits transformés en restauration hors domicile» et pour «introduire des produits locaux en restauration collective, en incluant des critères de proximité dans les commandes publiques».
Salariés: la FGA-CFDT prête au dialogue social
Au sein de la représentation des salariés, la fédération de l’agriculture de la CFDT (FGA-CFDT) espère «poursuivre son dialogue avec le ministère de l’Agriculture sur les nombreux sujets qui l’occupent, tels que les enjeux sur l’emploi de l’après crise, l’évolution de la filière bois et la situation de l’ONF, ainsi que l’évolution des chambres d’agriculture», ainsi que sur «la prise en compte de critères sociaux dans la proposition française pour la réforme de la Politique agricole commune».