Les organisations professionnelles agricoles se mobilisent pour une révision de l'accord européen Mercosur, dont plusieurs rapports publics récents, européen et français, démontrent l'impact négatif pour les exploitants des pays de l'UE.
La Coordination rurale (CR) se fait le relais d'une «déclaration conjointe de 43 organisations d’agriculteurs de 14 pays (…), Coordination européenne Via Campesina (ECVC), European Milk Board (EMB) et Biodynamic Federation-Demeter International (qui-NDLR) demandent à leurs gouvernements respectifs de rejeter l’accord» et de leur crainte que «l’Allemagne puisse, avec des amendements mineurs, rallier les États membres critiques et les persuader de signer». Bernard Lannes, président de la CR, précise par ailleurs: «Les agriculteurs et les paysans en Europe font face à des défis importants pour produire des aliments d’une manière respectueuse du climat et du bien-être animal, ce qui entraîne un accroissement des coûts pour les exploitations. Cependant, les importations croissantes et non qualifiées des pays du Mercosur intensifient la pression sur les coûts (…) et les écarts entre les normes de production, environnementales et sociales, au profit de l’agro-industrie, accélèrent le déclin des agriculteurs et des paysans sur les deux rives de l’Atlantique».
La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles et Jeunes agriculteurs saluent, pour leur part, «le “non” du Gouvernement au projet d’accord», suite au rapport Ambec remis le 18 septembre 2020, et qui conforte l'opposition que les deux organisations avaient manifestée lors de «la conclusion des négociations dès leur publication en juin 2019». Plus généralement, elles estiment que «c’est le concept même des accords de libre échange qui doit être revu pour promouvoir un commerce régulé, un traitement différencié du secteur agricole et permettre à tous les pays du monde une souveraineté alimentaire solidaire». Tout en disant se réjouir «de l’évolution de la Commission européenne en faveur d’une “Autonomie Stratégique Ouverte”».
Interbev, prenant appui sur «deux rapports édifiants (…): l’un publié par la Commission européenne (au mois de mai) sur le système de traçabilité des viandes canadiennes, l’autre par la Commission d’évaluation sur le projet d’accord avec le Mercosur», réaffirme sa demande de rejet de l'accord ainsi que la «suspension immédiate de l'application provisoire du CETA». L'interprofession de la viande indique que «le dispositif de traçabilité et de contrôle des viandes exportées par le Canada vers l’Union européenne ne garantit pas à ce jour que ces viandes soient vraiment issues de filières sans hormone et sans anabolisant», ce tandis que «le rapport de la Commission d'experts désignés par le Gouvernement pour évaluer l'accord avec le Mercosur (…) souligne les conséquences dramatiques d’une augmentation des exportations de viandes bovines sud-américaines», à savoir «accélération de la déforestation», «absence de réciprocité des normes de production en matière d’environnement», «manque de fiabilité des contrôles opérés».
Communiqué CR; Communiqué FNSEA; Communiqué Interbev – 18 septembre 2020