Les principaux syndicats de salariés interprofessionnels (CFDT, CFE-CGC, CGT, FO) interpellent les pouvoirs publics à propos d'EDF et du projet «Hercule» qui ne répond pas aux nécessités de la transition écologique comme de la bonne santé économique de l'entreprise.
C'est par courrier au Président de la République que les 4 grandes confédérations syndicales CFDT, CFE-CGC, CGT et FO, demandent «de renoncer à ce projet, d’ouvrir un véritable débat pour bâtir ensemble l’avenir de l’électricien national EDF, opérateur de la Nation, et de véritablement lui donner les moyens d’investir». Elles affirment, parallèlement, leur soutien aux fédérations des industries électriques et gazières mobilisées depuis plusieurs mois contre le projet «Hercule».
Pour un service d’intérêt économique général européen du nucléaire
Le collectif syndical tient à rappeler que « l’électricité est un des premiers vecteurs d’une société bas carbone, socialement responsable, résiliente, souveraine et inclusive» mais aussi que «la crise sanitaire (…) (…) rappelle l’exigence de souveraineté pour les biens essentiels. Elle confirme le besoin de retour aux choix publics et aux fondamentaux de la Nation et de l’Europe que sont la primauté de l’intérêt général, le sens du long terme et l’intervention de la puissance publique au service de tous».
Il considère aussi que «quelques jours après un Conseil européen qui a consacré la nouvelle ambition climatique de l’Union (…) nous n’oublions pas le rôle majeur joué par le parc de production électronucléaire d’EDF en matière d’émissions de CO2, comme pour la sûreté des systèmes électriques français et européen» et que «le développement des énergies renouvelables électriques en Europe ne s’avère possible que parce qu’il repose sur la flexibilité des capacités pilotables du parc de production français». Dans cette perspective, le collectif suggère «la mise en œuvre d’un service d’intérêt économique général (SIEG) européen qui tienne compte de l’ensemble des services apportés par le parc nucléaire français et qui pourrait s’appuyer sur une (…) refondation du traité européen dit Euratom».
Contre un projet qui ne répond ni aux exigences environnementales ni aux besoins de l'entreprise publique
Les syndicats constatent que le «projet dit “Hercule” (…) conduit de facto (au-NDLR) démantèlement, (à la-NDLR) désoptimisation et à la fin de la vision intégrée de l’électricité» telle que portée par EDF aujourd'hui et, que de plus, il ne se justifie pas, en réalité, par une demande de la Commission européenne. Et de souligner que le «modèle français de la distribution publique d’électricité fondé sur l’histoire et la présence des collectivités locales devrait au contraire offrir l’opportunité, en toute transparence, de réfléchir à la mise en place d’un opérateur de dernier recours. Sa vocation serait de lutter contre la précarité énergétique, offrant ainsi un véritable droit à l’électricité et permettant de lutter contre l’explosion des coupures d’électricité et la fracture numérique qui en découlent».
Dans la mesure où il «ne répond en rien aux exigences de notre époque et à l’avenir de nouvelles générations», ni ne règle les questions «de la faiblesse endémique des fonds propres d’EDF», «des moteurs de l’endettement de l’entreprise et du portage de la dette», de la «sousrémunération chronique dont souffre l’entreprise depuis la mise en place de l’AReNH», «du financement du renouvellement du parc nucléaire», les confédérations syndicales estiment qu'il faut abandonner le projet et que «puisque l’avenir énergétique du pays est intimement lié à celui d’EDF, il (…) paraît indispensable que son avenir et sa mobilisation au service des enjeux énergétiques et climatiques du pays fassent l’objet d’un véritable débat social et démocratique».
Communiqué commun CFDT, CFE-CGC, CGT, FO – 7 janvier 2021