La Confédération française et démocratique du travail rend public son plan pour l’après crise, avec pour leitmotiv justice sociale, urgence écologique, impératif démocratique.
Le plan «Pour une relance sociale et écologique par de nouvelles pratiques démocratiques» de la CFDT (Confédération française et démocratique du travail) a été rendu public le 8 juin 2020 (1). Il s’inscrit notamment dans une «forme de relégitimation du dialogue social qui reste à confirmer (l’exécutif et le Medef ont besoin d’interlocuteurs et de relais dans la période)» apparue avec la crise Covid. Tout comme de «forts risques démocratiques: complotisme; risque de percevoir les régimes autoritaires comme plus efficaces (…) ; tentation (…) de faire le procès du gouvernement et des institutions (…); sentiment, en sortie de crise, que les changements ne sont pas à la hauteur des attentes, etc».
Justice sociale, urgence écologique, impératif démocratique, fils conducteur d’un nouveau mode de développement en France et en Europe
La perspective se trace contre le «business as usual» ou l’«utopie chimérique», sur la ligne «d’un nouveau mode de développement» auquel s’articulent 3 priorités «la justice sociale, l’urgence écologique, l’impératif démocratique», déployées dans le court et moyen termes, sachant que le long terme pourrait relever «d’une conférence de la transformation écologique et sociale». Le syndicat soutient, par ailleurs, l’intégration européenne. Dans le détail, il énonce une vingtaine d’axes clés, répartis également entre court terme et moyen terme.
Sur les deux volets, la CFDT affirme notamment l’importance du «dialogue social, garant d’un travail de qualité et d’une reprise possible», d’une «gouvernance de la relance», d’une «pratique démocratique exemplaire» incluant un mode «participatif». À court terme, elle met l’accent sur la reconnaissance due aux «métiers à forte valeur ajoutée sociale» et « travailleurs qui ont affronté la crise en présentiel». L’enjeu crucial de l’emploi doit être appréhendé dans le cadre d’une «concertation sur l’emploi dans toutes ses dimensions», de «solutions concertées». La confédération estime nécessaire d’«abandonner la réforme de l’assurance chômage», mais elle appelle également à la responsabilité des employeurs quant au fait que les «accords de performance collective» doivent s’inscrire dans un «nouveau contrat social d’entreprise».
En matière de gestion optimale du moyen terme, elle préconise de «recentrer le pacte productif sur ses deux objectifs initiaux–décarbonation de l’industrie et plein emploi» (orientation clé de la formation et de la recherche; conditionnement de l’aide et de la commande publiques aux entreprises…). Le renforcement de «notre modèle de protection sociale», doit se concrétiser notamment dans le cadre d’une «large consultation permettant de faire des choix collectifs», par l’adoption d’une «loi Grand âge», par l’ouverture d’une négociation sur la «généralisation de la prévoyance».
Pour appuyer la relance économique, la CFDT incite le Gouvernement et l’Europe: à acter un «Green & Social Deal ambitieux (3% du PIB fléchés vers la transition écologique juste, des objectifs de plein emploi et de lutte contre la pauvreté, dans le cadre du socle européen des droits sociaux)»; à axer la PAC sur plus de «régulation économique»; à décider la «reprise des dettes liées au coronavirus». Favorable à «une taxe sur le carbone ajoutée», le syndicat soutient une «réforme de la fiscalité» (visant à faire plus contribuer les hauts revenus et patrimoines). Enfin, plutôt qu’une «relocalisation aveugle des activités qui serait illusoire», la France et l’Europe sont invitées à réfléchir sur la bonne manière de «maîtriser et développer nos filières et services publics stratégiques».