Le Mouvement des entreprises de France est la première confédération patronale à avoir vu le jour en France, au début du XXe siècle, pour s’affirmer progressivement comme un acteur majeur du dialogue tripartite entre représentants des entreprises, représentants des salariés et pouvoirs publics. Elle compte au nombre des organisations professionnelles d’employeurs représentatives nationalement.
Sous l’impulsion notamment d’Étienne Clémentel (ministre du Commerce de 1915 à 1920, IIIe République), se constitue en 1919 la première confédération patronale française. La CGPF conforte un mouvement qui s’est développé à partir des lois Ollivier et Waldeck-Rousseau, donnant notamment et successivement naissance au Comité des forges (1864) puis à l’UIMM (1901) qui constitue, encore aujourd’hui, une composante majeure de la confédération.
Un interlocuteur nécessaire pour les pouvoirs publics
L’incitation donnée par les pouvoirs publics s’explique par les besoins de l’Union nationale, durant la Première Guerre mondiale, puis dans le cadre du programme de reconstruction après 1918, ainsi que par la nécessité d’assurer une représentation du patronat au Bureau international du travail (BIT). L’échelle de la nouvelle structure est par ailleurs adaptée à la structuration en confédération interprofessionnelle nationale des syndicats de salariés incarnée depuis 1995 par la CGT, et à partir de cette même année 1919 par la CFTC. En 1926, la centrale patronale, présidée par Henri Darcy, regroupe plus de 40 groupes industriels et plus de 4000 syndicats primaires.
La phase critique des accords de Matignon puis de la Deuxième Guerre mondiale
La légitimité de l'institution professionnelle est toutefois loin d’être acquise. Représentation partagée avec des organisations plus anciennes et puissantes, telles que le Comité des forges. Vocation à représenter toutes les entreprises françaises qui achoppe sur l’intégration des PME, d’où la création en 1944 de la CGPME. La signature «contrainte» des accords de Matignon illustre une certaine fragilité. Les dissensions créées au sein de la confédération par ces accords aboutissent à la transformation en Confédération générale du patronat français, présidée par Claude-Joseph Gignoux (1890-1966, mandat de 1936 à 1940). À l’instar des syndicats de salariés, la CGPF sera dissoute, en 1940, par le régime de Vichy.
Absent du Conseil national de la Résistance, tandis que les syndicats de salariés (CGT, CFTC) y ont leur place, le patronat n’en reste pas moins un interlocuteur nécessaire pour les pouvoirs publics dans une nouvelle période de reconstruction du pays. Le Conseil national du patronat français (CNPF) voit le jour en 1946, avec le soutien des autorités républicaines, et avec pour premier président Georges Villiers (1899-1982, mandat de 1946 à 1966) déporté à Dachau pour avoir apporté son soutien à la Résistance.
Le renouveau du syndicalisme patronal
Contraint par la situation héritée de la Guerre (dirigisme, orientations sociales, puissance des syndicats, suspicion vis-à-vis du patronat), le CNPF est bientôt confronté à la nécessaire ouverture qu’impliquera la création de l’Europe, ce tandis qu’une génération plus moderniste, plus favorable à la négociation avec les syndicats émerge dans ses rangs. La signature des accords majeurs concernant l’Agirc (1947), sur l’Unedic (1958), l’Arrco (1961) marquent un engagement dans le paritarisme et, dès 1956, la confédération se prononce favorablement pour l’Europe, tout en demeurant rétive par rapport aux accords avec les syndicats de salariés. En 1968, le CNPF acceptera les accords de Grenelle et s’engage à les appliquer même si le texte n’a pas été signé. Les années suivantes voient à la fois se dessiner un renouveau des idées libérales et une crise économique qui redéfinissent les termes de la négociation sociale dans un sens plus favorable à la confédération patronale. Cette tendance se conforte dans les années 1980-1990, non sans occasionner des débats internes autour d’une assomption plus ou moins marquée du libéralisme internationalisé, d’où ressortira la création de l’Association française des entreprises privées (AFEP) en 1982.
Du patronat à l'entreprise, de la Confédération au Mouvement
La transformation, en octobre 1998, en Mouvement des entreprises de France (MEDEF), est notamment motivée par la loi sur les 35 heures, au regard de laquelle le patronat s’est senti trahi, en même temps qu’une nouvelle étape d’autonomisation vis-à-vis des pouvoirs publics, correspondant à un nouveau positionnement : symboliquement la notion de «patronat» laisse la place à celle «d’entreprise», tandis qu’opère une réorganisation de la gouvernance (exécutif renforcé, créations des Medef territoriaux) et que se déploie une stratégie de communication très offensive. La nouvelle organisation revendique la « responsabilité de conduire toutes études et actions en faveur du bien commun des entreprises quelles que soient leurs formes et dimensions, étant entendu que les questions liées à l'exercice d'une profession relèvent de la responsabilité de la ou des organisations professionnelles concernées» (article 1 des statuts).
En 2005, c’est aussi la première organisation interprofessionnelle patronale nationale à porter une femme à sa présidence. Laurence Parisot (mandats de 2005 à 2013), devient ainsi le 11e président de la confédération depuis sa création, après Henri Darcy, René-Paul Duchemin (1875-1963, mandat de 1925 à 1940), Claude-Joseph Gignoux, Georges Villiers, Paul Huvelin (1902-1995, mandat de 1966 à 1972), François Ceyrac (1912-2010, mandat de 1972 à 1981), Yvon Gattaz (mandat de 1981 à 1986), François Périgot (mandat de 1986 à 1994), Jean Gandois (mandat de 1994 à 1997), Ernest-Antoine Seillière (mandats de 1998 à 2005). Le président de l’organisation est, depuis juillet 2023, Patrick Martin. Il a succédé à Geoffroy Roux-de-Bézieux, lui-même successeur de Pierre Gattaz.
Une organisation représentative plan interprofessionnel national
Le Medef est une organisation sous statut association loi 1901 regroupant des associations professionnelles nationales (fédérations), territoriales, membres associés (CJDA, CNCCEF, Conseil du commerce de France, METI, Femmes chefs d’entreprise, UDA, ETHIC, Fédération des entreprises d’insertion, FNOGEEC, FF GEIQ, Entrepreneurs dirigeants chrétiens, Groupement des professions et services, France Industrie, Compagnie nationale des commissaires aux comptes).
Son organe souverain est l’assemblée générale (591 membres au plus, annuelle), assisté d’une assemblée permanente (organe d’information et de consultation). Les instances exécutives sont le conseil exécutif (45 membres au plus, qui désigne le bureau et les membres des comités opérationnels) et le président (élu par l’assemblée générale pour 5 ans). En 2018, la confédération revendique l’affiliation de 95% des entreprises française, 122 structures territoriales, 80 fédérations.
Le Mouvement des entreprises de France est reconnu comme organisation des employeurs représentative au plan national et interprofessionnel, consécutivement aux lois du lois du 5 mars 2014 et du 8 août 2016 créant pour la première fois un cadre juridique à la mesure de cette représentativité, avec des critères calqués sur ceux appliqués aux organisations syndicales de salariés, dont notamment celui de l’audience (nombre d’entreprises adhérentes, nombre de salariés). Il siège au Haut conseil du dialogue social (HCDS) institué en 2008. Lors de la première mesure d'audience de la représentativité patronale 2017, le Medef était crédité d'être représentatif à hauteur de 58,37% (pour la signature des accords interprofessionnels), son niveau d'audience correspondant à près de 70% des salariés et environ 30% des entreprises.