Les métiers de l’artisanat, du commerce, de l’exercice libéral, se sont progressivement fédérés au sein d’une organisation professionnelle d’employeurs en propre. Depuis 2016, la défense de leurs intérêts et leur représentation auprès des pouvoirs publics est assurée par l’U2P, qui consolide les activités de l’UPA et de l’UNAPL.
C’est en 1975 (Ve République) qu’est actée la naissance d’une institution professionnelle de type syndicat patronal regroupant les employeurs du secteur de l’artisanat et du commerce de proximité. L’Union professionnelle artisanale (UPA) se constitue par le regroupement de multiples entités: Confédération des artisans des petites entreprises du bâtiment (Capeb), continuation de la Fédération nationale unifiée des maîtres-artisans du bâtiment (Fumab) créée en 1946; Confédération nationale de l’artisanat et des métiers (CNAM), nouvelle appellation depuis 1963 de la CNA créée en 1947; Confédération nationale des artisans ruraux (CNAR) rattachée depuis 1945 à la Confédération nationale de l’artisanat des métiers et des services (CNAMS). Ces trois entités avaient donné naissance, en 1967, un Comité interconfédéral de coordination de l’artisanat (CICA). Elles sont rejointes, en 1975, par la Confédération générale de l’alimentation de détail (CGAD) créée en 1937 et qui confirmera son affiliation exclusive en 1989.
Assurer une représentation des artisans et commerçants autonome
L’unification ne s’est pas réalisée facilement. Dès le début du XXe siècle (IIIe République), les artisans s’étaient regroupés en une confédération générale (CGAF) qui sera active jusque dans les années 1960, mais que sa position durant la guerre de 1939-1945 a contribué à discréditer. Institutionnellement, la légitimité d’une représentation d’entreprises se joue dans un cadre concurrentiel, toujours d’actualité, avec le Medef et la CPME. Sociologiquement, elle achoppera longtemps sur les représentations culturelles différenciées des artisans et des commerçants. La capacité de l’UPA à être représentative auprès des pouvoirs publics sera par ailleurs limitée par les tentations «illégalistes» du mouvement poujadiste (Union de défense des commerçants et artisans) des années 1950, et de la Confédération intersyndicale de défense et Union nationale d'action des travailleurs indépendants (Cidunati) des années 1970. La seconde existe toujours aujourd’hui.
Quoi qu’il en soit, l’opposition à ce radicalisme et la volonté de défendre légalement les intérêts des professionnels sont aussi à la racine de la création de la nouvelle entité. Dès 1981, la nouvelle organisation professionnelle d’employeurs est reconnue comme interlocuteur crédible par les pouvoirs publics. Un décret du 8 juin 1983 établit officiellement sa représentativité.
Une association de confédérations qui se consolide
L’organisation adoptée, c’est-à-dire plutôt une association qu’une confédération intégrative, porte la trace de cette histoire, avec une gouvernance obéissant au principe de présidence alternée entre les entités regroupées. Néanmoins, le principe d’une représentation unifiée autour de l’UPA se conforte dans les années 1990, d’autant que l’ouverture à des membres associés est facilitée. Une nouvelle intégration se réalise lorsqu’en novembre 2016, l’UPA et l’Union nationale des professions libérales (Unapl) décident de se regrouper pour créer l’Union des entreprises de proximité (U2P). La toute jeune Chambre nationale de l’artisanat des travaux publics et du paysage (CNATP, créée en 1993 par dérivation de la Capeb), rejoint également l’U2P en tant que membre associé.
En janvier 2023, Michel Picon (UPA) a été choisi pour succéder à Dominique Métayer (Capeb) à la présidence de l'Union. L’instance de décision est le conseil national (18 membres), composé de représentants des exécutifs des organisations adhérentes et affiliées. Le bureau est quant à lui constitué exclusivement par les présidents de ces organisations. En 2018, l’U2P revendique l’adhésion de près de 120 organisations professionnelles (confédérations, fédérations, syndicats) et 115 représentations territoriales dans l’ensemble des départements de l’Hexagone et de l’Outre-Mer.
L’U2P est au nombre des organisations interprofessionnelles d’employeurs nationalement représentatives et siège au HCDS. Lors de la première mesure d'audience des organisations patronales, en 2017, l'U2P était créditée de 30,7% d'audience auprès des employeurs, pour 36% au niveau des entreprises et 4,20% au niveau des salariés.