La Confédération paysanne, créée en 1987, est l’une des organisations professionnelles agricoles majeures. Elle s’inscrit dans un modèle idéologique et organisationnel en rupture avec celui de la FNSEA.
La création de la Confédération paysanne a été actée à Bondy, en 1987. Elle s’inscrit dans une volonté de faire émerger une alternative à la FNSEA, à laquelle il est reproché d’entretenir un «mythe d’un syndicalisme agricole unique», en complicité avec les gouvernements de la Ve République, au double motif de la modernisation nécessaire de l’agriculture et d’une nécessaire cogestion entre l’organisation professionnelle agricole et l’État.
Pour un modèle alternatif à la FNSEA
L’opposition, à la fois interne et externe donne lieu, dans les années 1980, à la création de plusieurs syndicats (Confédération nationale des syndicats de travailleurs paysans, Fédération nationale des syndicats paysans), dont la fusion donne naissance à la Confédération paysanne. Du point de vue du seul secteur, la Conf’ remet en cause un modèle qui tend à masquer une certaine diversité de situations et d’intérêt au sein du monde de l’exploitant agricole, au regard de la question «productivist » et de son versant, le creusement des inégalités, voire la prolétarisation d’une partie de la profession.
Une organisation d'employeurs militante» favorable à l'altermondialisme
Elle adopte pour mots-clés: «agriculture paysanne» et « défense des travailleurs de la terre». D’autre part, et plus globalement, elle se positionne sur un créneau plus sociétal : écologie, versus qualité de la production agricole pour le bien du consommateur et préservation des territoires; retissage des liens avec les organisations syndicales de salariés; ancrage aux mouvements altermondialistes. Enfin, quant au mode d’action, elle privilégie le «rapport de force», sans concession à la «cogestion », et au besoin l’action radicale et illégale. À la fin des années 1990, la Conf’ devient un interlocuteur des pouvoirs publics, tandis que sa représentativité aux élections professionnelles s’affirme sans qu’elle puisse toutefois prétendre à celle qu’exerce la FNSEA dans le champ du dialogue social plus général – ce qui lui permet de siéger au HCDS. En outre, elle-même a connu une dissidence d’où est née une troisième organisation professionnelle agricole, en 1991: la Coordination rurale.
Une audience certaine dans le monde paysan
Par différenciation au modèle FNSEA, la représentation de la Confédération paysanne prend la forme d’un porte-parolat. Depuis 1987, 10 porte-parole ont été désignés, dont le premier fut Yves Manguy (de 1987 à 1989), auquel ont succédé Laurent Pinatel (2013-2019) Nicolas Girod (20219-2023) et, aujourd'hui, Laurence Marandola. Le porte-parole est membre de l’exécutif de l’organisation, le secrétariat national (5 à 9 membres), désigné par le comité national, issu de l’instance souveraine qu’est le congrès (tous les 2 ans). En 2018, la Confédération paysanne affiche une présence dans 92 départements et 22 régions. Lors des élections professionnelles 2019 au sein des chambres d’agriculture, l'institution professionnelle a recueilli plus de 20% des suffrages des exploitants, avec une prééminence en Loire-Atlantique et une forte représentation en Ariège, Ardèche, Rhône, Corse du Sud, pour 18,00% d'audience auprès des anciens exploitants.