Les coopératives d’utilisation de matériels agricoles ont été créées en 1945, sous l’impulsion des pouvoirs publics et des professionnels, afin de soutenir la modernisation des exploitations. Leur champ d’intervention, initialement centré sur l’équipement, s’est élargi à l’appui technique en matière de gestion, d’emploi, de bonnes pratiques environnementales.
Les coopératives d’utilisation de matériel agricole ont vu le jour en 1945 (Gouvernement provisoire de la République, ordonnance°45-2325 sur la coopération agricole du 12 octobre). La reconnaissance, voire l’impulsion par la puissance publique fait écho à la restructuration du syndicalisme agricole opéré dans le cadre de la Confédération générale de l’agriculture, sous l’égide du ministre de l’Agriculture, François-Tanguy Prigent.
Un levier de modernisation pour les petites exploitations
À l’instar de nombre de secteurs, l’organisation économique de l’agriculture est alors envisagée dans une alternative au capitalisme comme au socialisme, en même temps que dans une perspective de modernisation, associant pouvoirs publics et professionnels.
Une logique coopérative soutenue par les pouvoirs publics
Au sein des milieux agricoles, il existe du reste une assez longue tradition de la coopération, développée à partir des années 1880 sous de multiples formes (entraide de voisinage et plus largement outil de production, outil de coopération technique, outil de financement, outil de solidarité sociale…), nonobstant une réticence forte des exploitants à toute atteinte à leur propriété privée et, conjointement, à sa transmission familiale. L’objet des CUMA est circonscrit à la mutualisation de moyens encadrée par une entreprise coopérative. Un premier réseau des CUMA voit le jour, la même année, avec la création de l’Union nationale – centrale d’achat des structures – et de la Fédération nationale, qui a vocation à les représenter nationalement.
Un nouvel élan, accompagné d’une restructuration, est donné dans les années 1950, sous l’égide notamment des professionnels formés à la Jeunesse agricole catholique, bientôt à la tête de la grande fédération syndicale nationale d’exploitants (FNSEA). Outre la Fédération nationale, le réseau s’étoffe de fédérations départementales, de structures régionales, toujours avec l’appui des pouvoirs publics (facilités statutaires, aides à l’investissement). Il sera amené à jouer un rôle important dans l’accompagnement des petites exploitations vers la modernisation agricole. Le nombre de structures se démultiplie ainsi jusqu’aux années 1970.
Une logique de mutualisation qui s’élargit
Une nouvelle adaptation doit s’engager, sous l’effet d’une double contrainte : celle de l’évolution du machinisme requise pour l’augmentation de la production, d’une part, susceptible d’affaiblir les adhésions ; celle d’une vision du développement agricole sinon alternative du moins démarquée d’une tendance au capitalisme. Les CUMA requalifient leur périmètre d’intervention au-delà de la seule mutualisation d’équipements: activités de protection de l’environnement et, quant aux exploitations, accompagnement à la réduction des coûts de production, au gain en compétitivité. La vocation à l’achat en commun de matériel reste prégnante, mais l’encouragement aux pratiques innovantes en matière de gestion de l’espace et de l’environnement, l’accompagnement à l’installation et le développement de l’emploi sont aujourd’hui des missions courantes dans le réseau.Depuis 2006, les CUMA sont par ailleurs habilitées à s’instituer en groupement d’employeurs.
Un réseau de 12000 coopératives
Le réseau est constitué par plus de 12000 sociétés coopératives (telles que définies dans les dispositions du livre V1 du Code rural), regroupées en fédérations de proximité départementales ou interdépartementales ayant vocation à l’animation du réseau (65). Ces fédérations sont regroupées, sur le territoire métropolitain, depuis 2015, au sein de 10 fédérations régionales, ayant vocation à décliner les grandes orientations de la Fédération nationale en matière de développement agricole à représenter le réseau auprès des institutions publiques. Les CUMA siègent au sein des chambres d’agriculture, au sein du collège des groupements professionnels.
La Fédération nationale des CUMA (FNCUMA), institution professionnelle sous statut d’association loi 1901, est l’interlocuteur expert des institutions publiques et organisations professionnelles du secteur agricole, soutient le réseau via des études et des actions visant à améliorer le fonctionnement des sociétés dans la ligne de l’esprit coopératif, assure sa promotion. Son organe souverain est un conseil d’administration (28 membres) regroupant des représentants des fédérations régionales, des AGC Cuma, du personnel. Un bureau (9 membres) pilote l’organisation au quotidien. Il est actuellement présidé parLuc Vermeulen.