Résultats des élections URPS: diagnostics plombés par la faible participation
La faible participation aux élections professionnelles pour les Unions régionales de professionnels de santé inquiète les organisations professionnelles et motive des appels à l’union.
Le scrutin pour les URPS (associations loi 1901), déterminant la représentativité des syndicats professionnels auprès des agences régionales de santé et pour la signature des textes conventionnels,s’est clos le 7 avril 2021. Les résultats officiels communiqués par le ministère de la Santé (1) font apparaître, par catégorie professionnelle, que les premières organisations nationalement représentatives sont: MG France (médecins généralistes), Avenir Spe/Bloc (médecins spécialistes), FSDL (chirurgiens-dentistes), FFMKR (kinés), FNI (infirmiers), PSPF (pharmaciens). La Fédération des orthophonistes (FNO) rassemble 100% des suffrages en tant que liste unique. Sur la trentaine d’organisations professionnelles en lice, c’était une première pour l’Union française pour une médecine libre et Jeunes médecins (médecins), le Syndicat des femmes chirurgiens dentistes, le SNMKR (kinés), Infin’Idels (infirmiers).
Une crise de la participation, entre effet crise sanitaire et balkanisation syndicale
Côté médecins, la Confédération des syndicats médicaux se félicite de «(rester-NDLR) en tête tant en termes de sièges que de voix», non sans regretter «une très faible participation» et insister sur le fait que le scrutin traduit une «balkanisation (…) très préjudiciable pour la place et la force de la médecine libérale face à nos interlocuteurs. Elle doit amener une réflexion de l'ensemble des leaders syndicaux».
L’Union française pour une médecine libre apprécie le résultat «d’une première élection (pour-NDLR) un syndicat jeune, (avec-NDLR) des scores qui nous placent en troisième ou quatrième place dans de nombreuses régions». Mais c’est aussi pour constater que «la faible participation a montré une chose: les syndicats historiques ne mobilisent plus» et que «il serait temps d’exprimer les résultats de ces élections de manière vraiment démocratique en comptabilisant le nombre de voix plutôt que le nombre d’élus». Pour le Syndicat des médecins libéraux, «cette élection nous a été confisquée par la crise sanitaire», mais «il faut se rendre à l’évidence: pour nombre de nos consœurs et confrères, la balkanisation a brouillé l’image des syndicats. Et pour beaucoup, le lien entre les URPS, des entités régionales qu’ils connaissent souvent mal, et la représentativité nationale conventionnelle des syndicats est loin d’être évidente».
Les médecins généralistes de France (MG France) enregistrent «une large victoire (…) dans le collège des médecins généralistes, renforçant sa position de premier syndicat et porte-parole de la profession» et la place de «deuxième syndicat de médecins, toutes spécialités confondues», mais regrettent «un pourcentage d’abstention de plus de 75% (…) qui ne favorisera pas l'action des élus». Et d’inviter «tous les généralistes déçus par la faible efficacité d'une représentation poly-catégorielle à le rejoindre». Pour le tout jeune syndicat des Jeunes Médecins, il faut rappeler «les circonstances initiales de ce processus électoral au début duquel le ministre de la Santé (…) a dû être condamné par le Conseil d’État pour permettre à Jeunes Médecins de présenter des listes» ainsi que «la réalité terrible qu’est le principal résultat de ces élections à savoir une abstention de 80% des médecins». Et d'appeler à «impérativement investir la démocratie sanitaire», vu «les risques liés à une désertion des processus démocratiques dans notre pays».
Côté infirmiers, le SNIIL, «loin de nier son recul», regrette «une abstention record et historique» que «collège électoral le plus nombreux, la profession infirmière a donc choisi, avant tout, de renoncer à s’exprimer». Il entend néanmoins «travailler, dans les régions où il est majoritaire avec les autres organisations syndicales». Pour Convergence infirmière, «la progression (…) est historique», mais personne ne «peut se satisfaire du fait que 80% des infirmières et des infirmiers libéraux n’aient pas voté (…) Cela en dit long sur l’état de fatigue, de ras-le-bol et de désintéressement des IDEL, a fortiori en cette période de crise sanitaire. Cela en dit long également sur le manque d’attractivité et de confiance dans les syndicats».
Appels à l’union dans la perspective des négociations conventionnelles
Quant aux chirurgiens dentistes libéraux, la Fédération des syndicats dentaires libéraux occupe la «place de premier syndicat de la profession». La FSDL l’apprécie d’autant que malgré un «contexte pandémiquepeu propice au vote», la participation a été de 42%. Le président Patrick Solera tient à saluer «le fair-play du président des CDF, Thierry Soulié, qui n’a pas attendu la proclamation des résultats pour m’adresser ses sincères félicitations», non sans rappeler «Les défis qui nous attendent sont nombreux et nous ne pouvons plus perdre de temps dans des querelles syndicales inutiles à partir du moment où nous œuvrons tous ensemble vers un seul et unique but: redonner de la fierté à notre exercice libéral malmené». Pour les Chirurgiens dentistes de France, il y a de quoi se satisfaire d'une réelle progression, mais ce «scrutin démontre que nos gouvernants ont réussi à inoculer le virus de luttes intestines au sein des professions (…). Et, sous couvert de pluralité et de représentativité, ce climat de division finit par engendrer la disparition de certains courants».
Pour les masseurs-kinésithérapeutes, la FFMKR constate avec satisfaction qu’elle reste positionnée «en leader de la profession, avec une large victoire dans 14 régions sur 17» et que «la kinésithérapie est la seule profession à voir son taux de participation augmenté par rapport aux élections précédentes» même s’il est «toujours insuffisant». Saluant «la qualité de la campagne menée par Alizé et le SNMKR», l’organisation «prône le rassemblement et la co-construction de projets au sein des URPS» et «lors de l’installation des URPS-MK, (…) un juste équilibre, issu du nombre de sièges, entre les organisations syndicales».
Côté pharmaciens, la FSPF se réjouit de remporter les élections «avec près de 59 % des suffrages et le meilleur taux de participation de toutes les professions de santé». Si elle «demande l’ouverture rapide des négociations pour une nouvelle convention avec l’Assurance maladie (afin de-NDLR) définir un nouveau plan quinquennal comprenant la revalorisation des honoraires de dispensation, des mesures de soutien aux officines de proximité et la pérennisation des activités de santé publique réalisées pendant la crise sanitaire», elle suggère que les autres organisations professionnelles travaillent avec elle à son élaboration.
L’USPO regrette «une chute importante du taux de participation (12 points) liée au contexte sanitaire, aux modalités de vote électronique en ligne et au calendrier choisi avec un jour férié pendant la semaine de vote». Appelant à «une unité de la profession qui a fait défaut pendant ces dernières années», l’organisation s’engagera dans la prochaine négociation conventionnelle sur la base des avancées obtenues «ces trois dernières années: (…) déconnexion de la rémunération du prix et du volume des médicaments, introduction de trois honoraires de dispensation,(…) nouvelles missions orientées vers l’accompagnement des patients, la prévention et le dépistage».
L'Union nationale des professions libérales fait aussi le constat d'une «participation historiquement basse dans quasi toutes les professions par rapport aux dernières élections de 2015, liée à la mobilisation des professionnels de santé (…) contre la pandémie de Covid 19, et l’introduction d’un mode de scrutin numérique parfois déroutant», mais se satisfait du résultat des «syndicats membres» (CSMF, SML, FNI, CDF, FSPF, FFMKR, SNMKR, FNO).