En dépit de la progression de la vaccination, l’incertitude sur l’évolution de la situation sanitaire pourrait justifier un reconfinement plus ou moins étendu. Pour divers syndicats professionnels, la situation déjà très critique appelle des mesures de soutien urgent de la part des pouvoirs publics. La montée en puissance de la précarité, notamment chez les jeunes, se compense quelque peu par des initiatives. Les syndicats de salariés réaffirment l’importance du système de protection sociale et interpellent les employeurs, privés comme publics, sur le respect des droits au travail.
Dans plusieurs secteurs d’activité, la situation appelle des remèdes en urgence
Ainsi, le Conseil national des professions de l'automobile s'alarme de la situation, suite aux résultats d'une enquête économique qu'il a diligentée auprès des professionnels et qui confirme que «les perspectives pour les prochains mois demeurent peu favorables». L'organisation professionnelle tient à rappeler l'effort consenti par la branche elle-même: dispositif d’accompagnement «spécial Covid» et «guide sanitaire de bonnes pratiques»de IRP Auto, instance paritaire de la prévoyance et de la santé; mobilisation en «faveur des apprentis»; programme d’action du CNPA visant à promouvoir auprès du Gouvernement des projets éligibles au Plan de relance.
Les employeurs demandent une adaptation du plan de relance
Reste que «ce Plan est trop vertical» et qu’il est «indispensable que le Gouvernement se positionne et clarifie les modalités de soutien aux entreprises au cours des prochains mois», et soit à l'écoute de «propositions (…) telles que la mise en place d’un “prêt de consolidation” garanti par l’Etat et amortissable sur 10 ans, ou la possibilité, pour les PGE (prêt garanti par l'État–NDLR) non consommés, de les rembourser sans intérêt à l’issue de la période de différé de 2 ans».
De son côté, un collectif du secteur du commerce (Alliance du commerce, CDCF, CNCC, CNEF, FCA, FF Franchise, FFPS, FEF, Procoss, Union Sport et Cycle) fait le constat que «le Gouvernement n’a donné aucune visibilité sur la date de réouverture des sites commerciaux fermés», alors que la décision du 29 janvier 2021 impacte fortement les entreprises de toutes tailles, confrontées à «une période de soldes décevante, (…) un stock de marchandises important qui accroit les difficultés financières» et subissant une «situation d’injustice inacceptable vis-à-vis des autres magasins (…) restés ouverts». Outre un «calendrier de réouverture», les syndicats d'employeurs rappellent la nécessité d'une «indemnisation “simple, rapide et totale” des pertes (…) assurée par l’État».
Les syndicats CFDT, FO et Unsa ainsi que les organisations patronales de la branche du tourisme familial se mobilisent ensemble en faveur des saisonniers. Dans une adresse à plusieurs ministères (économie, emploi, tourisme, Français de l'étranger, Francophonie), ils demandent: une «sécurisation juridique sur la prise en charge (…) d'activité partielle de saisonniers embauchés», la prolongation jusqu'en fin d'année «de l'activité partielle visant les “secteurs protégés”», ainsi que celle de droit au régime d'assurance chômage.
L’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA) ne peut que constater «le peu d’avancées concrètes (…) sur les questions essentielles», en dépit de «convergences avec plusieurs pistes (…) notamment en matière de qualité de vie au travail», de la mission Laforcade consécutive au «Ségur de la santé». L'organisation professionnelle insiste d'autant plus sur «une réelle revalorisation salariale permettant de limiter les concurrences entre les opérateurs», que le «Ségur» «a entrainé des effets négatifs sur l’emploi dans notre secteur, amplifiant encore le manque d’attractivité que subissent nos métiers». Pour l'Una, il convient, en urgence, d'engager un «plan (…) national pour l’emploi dans le secteur de l’aide à domicile», mais aussi de «voter sans délai la loi Grand âge et autonomie».
Les syndicats de salariés attentifs aux situations précaires
La Confédération Force ouvrière plaide pour une correction du plan de relance et, à plus long terme, pour une fiscalité plus redistributive. Force est de constater en effet, selon FO, un «rebond des dividendes» au sein même de grands groupes ayant bénéficié de «l’activité partielle et (des-NDLR) aides publiques», ce tandis que les «stabilisateurs économiques mis en place en France (activité partielle, fonds de solidarité, PGE…)» n'ont pas évité une dégradation de la situation des «contrats courts, intérimaires, saisonniers ou allocataires de minimas sociaux». Le syndicat estime nécessaires «des mesures de soutien dirigées vers les jeunes et les plus précaires», ainsi que «des politiques de redistribution assises sur une réforme fiscale d’ampleur (…) et mettant davantage à contribution le patrimoine des plus aisés».
Tandis que les 5 grandes confédérations interprofessionnelles (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO) demandent une révision de la réforme de l’assurance-chômage intégrant la nouvelle donne créée par la crise sanitaire, FO en appelle en outre à la ministre du Travail pour qu’il soit fait preuve de «clémence» concernant d'éventuels «trop perçus» de la «prime “permittents”» décidée en faveur de «demandeurs d’emploi qui ont alterné des périodes d’emploi et de chômage en 2019 et qui n’ont pas retrouvé le même niveau d’activité en 2020 du fait de la crise sanitaire». Le syndicat rappelle que ces trop perçus sont liés à des «erreurs (…) commises au sein de Pôle Emploi» et que les bénéficiaires sont en situation de grande précarité qu'il ne faut pas aggraver.
La Fédération de la santé de la confédération rappelle en outre à l’ordre le ministre de la Fonction publique. Indiquant avoir déjà alerté sur le fait que «les agents hospitaliers testés positifs à la Covid et asymptomatiques sont autorisés, voire forcés par l’Administration à venir au travail et ainsi contaminent potentiellement leurs collègues et malades dont ils ont la charge», FO-SPSS attend une «instruction» ministérielle, dont la parution, serait, selon la ministre, «imminente», mais qui ne doit pas exonérer des dispositions immédiates de l'État employeur «protéger les agents».
Les dispositifs solidaires se déploient, notamment en faveur des jeunes
Le déploiement du plan «1 jeune, 1 solution» se fait via le réseau des Chambres d’agriculture. Sollicité par le ministère, le réseau va «mobiliser jusqu'à 400 volontaires (…) en 2021 et 2022» pour qu'ils contribuent à «faire connaître les activités d'intérêt général» des chambres, «lutter contre l'isolement des acteurs ruraux» et promouvoir le plan France relance «auprès de tous les agriculteurs». Le recrutement portera sur «des jeunes de 16 à 15 ans (30 en cas de situation de handicap) sans condition de diplôme ou de formation».
Pour sa part, le groupe paritaire Action Logement propose une aide exceptionnelle aux «nouveaux actifs aux revenus modestes» inclus les «alternants» d'un montant de 1000 euros et disponible à partir du 18 février 2021. Les partenaires sociaux entendent ainsi contribuer à «des solutions opérationnelles et efficaces afin de favoriser la reprise économique» en même temps qu'aider au paiement des charges locatives.
Le syndicat professionnel de l'hospitalisation privée non lucrative (Fehap) et la plateforme publique nationale de la Réserve civique œuvrent pour que la plateforme «JeVeuxAider.gouv.fr» soit désormais en mesure de «simplifier et encourager le recours ponctuel au bénévolat dans les établissements et services sanitaires, sociaux, et médico-sociaux».
Volet sanitaire: à situation incertaine, adaptation de la stratégie publique
L'Ordre des vétérinaires se félicite de la nomination d'une représentant de la profession au sein du conseil scientifique qui assiste les pouvoirs publics dans la gestion de la crise sanitaire. Cette intégration, concrétisée en la personne du docteur vétérinaire Thierry Lefrançois, fait suite à une adresse du CNOV aux pouvoirs publics, en novembre 2020, suggérant que «les indéniables compétences des vétérinaires en matière de gestion des crises sanitaires animales ou de santé publique à l'échelle du territoire national ainsi que dans la compréhension des contagions inter-espèces seraient complémentaires des expertises déjà réunies au sein du conseil».
En revanche, le Syndicat des médecins libéraux réaffirme son opposition à une vaccination en officine pharmaceutique. Pour le SML, «au regard de la priorisation des patients et des effets constatés (…), seuls les médecins libéraux, lesquels connaissent bien les antécédents médicaux de leurs patients, sont en capacité de réagir médicalement en cas d’incident et peuvent donc effectuer la primo-vaccination». Les cabinets médicaux sont prêts à dispenser le vaccin AstraZeneca à compter du 25 février, mais le syndicat souhaite plus de «transparence sur les livraisons attendues dans les prochaines semaines» ainsi qu'une «simplification du dispositif de mise à disposition des vaccins».
Communiqué CFDT Services; Communiqué FO – 22 février 2021
Communiqué APCA; Communiqué Action Logement – 18 février 2021
Communiqué CNPA; Communiqué commun ADC, CDCF, CNCC, CNEF, FCA, FFF, FEFn FPS, Procoss, Union Sport et Cycle; Communiqué CNOV; Communiqué SML – 17 février 2021
Communiqué FO; Communiqué UNA; Communiqué commun Fehap, Réserve civique – 16 février 2021