Entre dissémination de variants, rebond de l’épidémie, et montée en puissance progressive de la vaccination, les autorités ont acté le renforcement de mesures sanitaires localisées, tout en évoquant un desserrement possible des contraintes en mai. L’urgence n’en est pas moins de plus en plus marquée, dans divers secteurs économiques, de nouvelles mesures d’aide, financière, fiscale ou sociale, susceptibles d'anticiper une forte dégradation de l’emploi. Les confédérations syndicales demandent au Gouvernement de réviser certaines réformes au regard du paramètre Covid.
Secteurs économiques asphyxiés en demande de perfusion financière e/ou fiscale
La société d'auteurs du graphisme et des arts plastiques (ADAGP) estime que les chiffres relatifs à l'activité économique et l'emploi peuvent laisser craindre «une “génération sacrifiée” d’artistes et d’acteurs culturels». Elle soutient, par voie de conséquence, les «“expérimentations” dans certains secteurs du spectacle vivant récemment annoncées par les professionnels visant à sécuriser un modèle permettant la réouverture de ces lieux». Surtout, elle demande que se poursuivent «les négociations menées pour la réouverture progressive des établissements (…) et donner une véritable visibilité aux professionnels sur leur calendrier de reprise». Il faut aussi «accélérer la mise en œuvre des aides prévues par le plan de relance, (…) des mesures complémentaires pour accompagner (…)» et envisager, «par exemple, la mise en place de financements pérennes pour certains équipements des salles dans le respect des contraintes sanitaires».
Plus positive est la situation des librairies, dont le syndicat professionnel apprécie le décret (26 février 2021) classant leurs établissements parmi les «commerces essentiels». Le SLF remercie particulièrement les ministres de la Culture et de l'Économie pour cette «reconnaissance de la mobilisation de toute une profession et, au-delà, de la filière du livre dans son ensemble, ainsi que des lecteurs eux-mêmes», qui est un «premier pas vers une réouverture de tous les lieux de culture et de vie». Et de rappeler que la profession a été «l'une des premières à élaborer son propre protocole sanitaire» et qu'elle continuera à veiller à «une application stricte des mesures sanitaires et des gestes barrières».
Dans le secteur du transport, la FNTV se félicite, certes, des annonces relatives à «la prolongation du fonds de solidarité en février et la compensation de 70% des charges fixes (…) pour les entreprises dont l’activité principale est le tourisme», ainsi qu'à «la prolongation de l’activité partielle à taux majoré au mois de mars», et en «remercie l’État». Néanmoins, compte tenu des «seuils d'éligibilité» requis pour l'accès à ces aides ainsi que des règles d'attribution des PGE, la fédération suggère qu'il soit permis aux entreprises «de manière urgente d’isoler le chiffre d’affaires lié au tourisme pour (…) rendre éligibles à une partie des aides» et de «décaler de 6 mois supplémentaires leurs échéances d’emprunts ou de leasing et en leur ouvrant la possibilité d’isoler la part d’activité liée au tourisme (…) afin qu’elles soient réellement considérées comme un “secteur protégé”».
Plusieurs syndicats professionnels de la construction et des travaux publics appellent quant à eux le Gouvernement à maintenir le dégrèvement fiscal sur le gazole non routier. La Capeb, la CNATP, la FFB et la FNTP légitiment cette requête par la crise historique que rencontre le secteur («baisse d'activité de 14%», taux de demande du PEG très élevé dans les PME), aggravée par l'impossibilité de mettre en place «un carburant non routier avec une couleur spécifique au BT (…) au 1er juillet 2021» et avec «la suppression de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour le transport de marchandises» prévue par la loi Climat.
Pour le syndicat CGT, la publication des prévisions de l'Unedic en matière d'emploi démontre que «le chômage explose et la seule action du Gouvernement est de prioriser la baisse des allocations». Rappelant l'adresse commune des 5 grandes centrales syndicales représentatives à la ministre du Travail (23 février 2021) pour demander une révision de la réforme de l'assurance chômage, la Confédération considère que «le seul remède est d’arrêter les suppressions d’emplois, de conditionner les aides publiques et de mieux prendre en charge les privés d’emplois». Un leitmotiv qu'elle répètera lors de la mobilisation des «premières de cordée», le 8 mars 2021.
D’autre part, si la fédération Santé de la CGT (CGT-SAS) donne son aval au protocole d'extension du complément de traitement indiciaire prévu par la mission Laforcade dans la suite du «Ségur de la santé», elle continuera à mobiliser pour que le dispositif appliqué «aux établissements sociaux et médico-sociaux rattachés à un établissement public de santé ou rattachés à un EHPAD de la Fonction publique hospitalière» soit étendu aux «établissements autonomes de la FPH» ainsi qu'aux «établissements médico-sociaux et sociaux du secteur associatif privé non lucratif».
Mobilisations solidaires en faveur, notamment, des jeunes
L'Unedic fait savoir qu'elle continuera à apporter un soutien massif aux demandeurs d'emplois et travailleurs en activité partielle. Selon l’organisme gestionnaire de l’assurance chômage, dans ses prévisions financières pour 2021-2022, le déficit de ses comptes, qui devrait avoisiner «10,0 Mds€ en 2021 et 6,4 Mds€ en 2022» et porter «la dette à fin 2022 à 70,6 Mds€» est imputable au dispositif d'activité partielle plus qu'à l'allocation chômage. Les partenaires sociaux qui gèrent le système n'en rappellent pas moins avoir «adapté le dimensionnement de ses emprunts et (réglé-NDLR) sa stratégie financière afin de continuer à emprunter sur les marchés financiers en bénéficiant des conditions les meilleures et limiter l’exposition au risque», de telle sorte aussi que «la charge d’intérêt de la dette est rigoureusement maîtrisée».
Également géré par les partenaires sociaux, Action Logement élargit son guichet «Aide aux jeunes actifs», ouvert le 18 février 2021. Initialement prévu pour 30000 bénéficiaires et d'un montant forfaitaire de 1000 euros par personne, il est porté à 50000 bénéficiaires, «jeunes actifs (en CDD, CDI ou en intérim) de moins de 25 ans ou alternants dont les revenus sont compris entre 0,3 et 1,1 SMIC».
L'ordre professionnel du notariat se mobilise, de son côté, pour aider les étudiants à faire face à la crise sanitaire, économique et sociale. La mobilisation du CSN se concrétise sous deux formes: «une collecte de dons (…) auprès de tous les notaires en partenariat et sous l’égide de la Fondation de France», accessible via le site de la Fondation; un «numéro dédié aux étudiants en droit “36 20 dites Notaire*” (qui-NDLR) sera mis en place du 1er au 4 mars» 2021. Une initiative solidaire est également prise par l’ordre professionnel des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK), lequel mobilise une enveloppe d'un montant de «40000 € (…) qui pourra être distribuée au cas par cas». L'aide financière sera attribuée avec l'appui technique de la Fédération des étudiants en kinésithérapie (FNEK). Les deux institutions s'accordent aussi pour une démarche de «prévention des risques psycho-sociaux» qui sera précisée lors d'une «journée nationale dédiée à la prévention des risques psychosociaux des étudiants», organisée en visio-conférence le 9 mars 2021.
Secteur sanitaire et social: la bonne volonté freinée par le manque de moyens
L'ordre professionnel des médecins (CNOM) se félicite de la mobilisation de la profession dans le cadre de la campagne de vaccination, témoin le fait que «plus d’un médecin généraliste de premier recours sur deux ait déjà entrepris, dans un temps extrêmement court, les démarches pour vacciner leurs patients, en cabinet ou en lieu collectif de vaccination». Cependant, «il importe (…) de fluidifier l’approvisionnement prioritaire des cabinets médicaux, (…) et de privilégier le réapprovisionnement prioritaire des cabinets dès les premières doses injectées» ainsi que de «continuer à garantir aux médecins la plus grande souplesse pour organiser la vaccination (…) afin de tenir compte des contraintes logistiques inhérentes aux différents vaccins mais aussi des réalités territoriales». Considérant que «la vaccination massive de la population nous permettra de faire reculer l’épidémie», l'Ordre précise par ailleurs qu'il «soutiendra (…) toute volonté de prendre les décisions qui s’imposent en fonction de la situation dans chaque territoire et de la situation nationale» en matière de «mesures sanitaires».
Les syndicats professionnels de psychologues sont favorables à l'accompagnement des étudiants face à la crise, mais revendiquent une rémunération pérenne plus équitable pour la profession. La FFPP et le SNP rappellent que «suite à la mise en place du chèque étudiant», la proposition de la CNAM sur la rémunération de la prestation reste inférieure à ce qu'attendent les professionnels, avec en outre le risque d'une «généralisation du tarif au long cours». Les deux organisations «dénoncent l’insuffisance du tarif proposé et suggèrent le recours aux mutuelles» et plaident pour «la nécessité d’un accès direct aux psychologues».