D’abord affiliée à la principale confédération patronale, la CGPME autonomise, à partir des années 1940, la représentation et la défense des intérêts des PME. Rebaptisée CPME en 2016, elle compte au nombre des organisations interprofessionnelles représentatives de niveau national.
Le 4 octobre 1944 voit la naissance de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) sous l’égide de Léon Gingembre (1904-1993), qui en fut la figure de proue de 1944 à 1976. La nouvelle organisation est issue de la Confédération générale du patronat français, ancêtre du Medef, et des conséquences des accords de Matignon, qui ont cristallisé le sentiment que la spécificité des PME n’était pas réellement prise en compte dans la centrale patronale créée en 1919 afin de fédérer l’ensemble des entreprises françaises. Si le régime de Vichy supprime les institutions professionnelles indépendantes de type syndicat patronal ou de salariés, son ministère de la Production industrielle n’en accepte pas moins de soutenir les propositions de Léon Gingembre, qui dirigera le bureau des PME. Celui-ci défend l’idée qu’il existe deux types de patronat, reflet de la taille des entreprises, dont les intérêts sont éventuellement antagonistes.
Obtenir une représentation effective des PME dans le dialogue social tripartite
La nouvelle mouture de la CGPF n’est pas encore officialisée lorsque se constitue la CGPME, avec l’aval du Gouvernement provisoire de la République, moyennant toutefois la nomination d’un président moins exposé politiquement. Ainsi que le soulignent les statuts actualisés (2017) de l’organisation devenue, entre-temps, Confédération des petites et moyennes entreprises: «Monsieur Paul Pisson et Monsieur Léon Gingembre sont les Présidents fondateurs de la CGPME» (art.12). Dans un premier temps, la CGPME rejoindra le tout nouveau Conseil national du patronat français (1946), reprenant néanmoins son autonomie (1948), toujours en considération d’une nécessaire représentation des intérêts propres aux PME dans le cadre tripartite du dialogue social. La CGPME se démarque plus nettement du libéralisme, de la logique de négociation avec les syndicats de salariés, se montre plus rétive à l’égard des pouvoirs publics, et prendra clairement ses distances avec l’idée européenne. La séparation définitive entre les deux organisations, qui n’empêche pas la double adhésion, se réalisera à l’occasion de la réforme des statuts du CNPF, en 1969 (Ve République). La représentativité de l’organisation professionnelle des PME est alors reconnue et elle a participé au tour de table des accords de Grenelle.
Une grande confédération patronale interprofessionnelle
À partir des années 1980, son rôle d’interlocuteur des pouvoirs publics est d’autant plus pris en compte que les gouvernements, non sans lien avec la crise des grands secteurs industriels, s'efforcent de soutenir le tissu des petites et moyennes entreprises. Les 35 heures donneront lieu, en 1998, à un nouvel affrontement avec les pouvoirs publics, qu’elle conduit aux côtés du Medef. Elle engage de même à partir des années 2000, une nouvelle dynamique.
De la CGPME à la CPME
En 2016, l’appellation CGPME laisse la place à celle de CPME, en tant que syndicat d'employeurs ayant «pour objet l’action, entendue dans son sens le plus large, en faveur du développement et de la défense des intérêts des petites et moyennes entreprises industrielles, commerciales, artisanales ou de prestations de services» (statuts, art. 2). Le périmètre de ses adhérents est délimité comme celui des «entreprises patrimoniales dans lesquelles les chefs d’entreprise assument personnellement et/ou directement les responsabilités économiques, financières, techniques, sociales et morales de l’entreprise, quelle que soit la forme juridique de celle-ci» (statuts, art. 1).
Élu en 2015, François Asselin est le 6e président de l’organisation qui a successivement été dirigée par Léon Gingembre, René Bernasconi (1916-2006, mandat de 1978 à 1990), Lucien Rebuffel (mandat de 1990 à 2000), Jacques Freidel (mandat de 2000 à 2002), Jean-François Roubaud (mandat de 2002 à 2015).
La CPME est constituée sous forme d’une association loi 1901. Son organe souverain est l’assemblée générale confédérale (qui élit le président), assistée d’un comité directeur confédéral qui élit les membres du bureau confédéral. L’exécutif est assuré par un président (mandat de 5 ans) assisté d’un comité exécutif (qui informe, conseille, aide à la prise de décision le président). En 2018, la confédération des PME revendique l’affiliation de 150 000 entreprises, via 200 fédérations et syndicats de métiers et 117 unions territoriales. Elle compte parmi les organisations interprofessionnelles d’employeurs nationalement représentatives et siège, en tant que telle, au HCDS. Lors de la mesure de la représentativité des organisations patronales 2017, la CPME était créditée d'un niveau de 27,89%, assurant la représentation de près de 35% des entreprises adhérent à une confédération patronale et de 25% des salariés du secteur marchand.