Le Modef est la deuxième organisation professionnelle agricole à avoir été créée, par dissidence avec les options de la FNSEA concernant la politique agricole et la cogestion avec les pouvoirs publics. Elle est essentiellement implantée dans les territoires au sud du bassin parisien.
Le 7 avril 1959 (Ve République) à Toulouse, se crée la deuxième confédération d’exploitants agricoles de l’après guerre, sous le nom de Mouvement de coordination et de défense des exploitations agricoles familiales. La création de cette institution professionnelle par des exploitants agricoles traduit a priori une rupture territoriale au sein de la FNSEA créée en 1946, notamment sur les territoires de ce qui correspond aujourd’hui aux régions Occitanie et Nouvelle Aquitaine, autour du leitmotiv de la défense des petits et moyens exploitants, non pris en compte selon les créateurs du «Comité de Guéret» par la déjà puissante FNSEA.
Une rupture territoriale, une rébellion politique vis-à-vis de la FNSEA
L’unification des professions agricoles sous sa seule bannière s’était réalisée non sans mal, nonobstant le rassemblement large opéré sous l’égide de la Résistance dans la Confédération générale de l’agriculture (CGA). Elle s’était néanmoins traduite par une disparition non seulement des structures proches du gouvernement de Vichy, mais aussi de celles qui, dans les années 19230, avaient essayé de percer dans le giron de la SFIO (Confédération nationale paysanne) ou du Parti communiste (Confédération générale des paysans-travailleurs). La rébellion organisée par Philippe Lamour et Roland Vieil, membres du bureau de la CGA, réactive en fait une orientation de gauche, par opposition à une FNSEA considérée comme dominée par la droite. Le Parti communiste, d’abord réticent, apportera ainsi son soutien au mouvement, tout en préconisant de jouer à la fois la carte des FDSEA et de la combattre lorsque la mouvance Modef est prépondérante dans le tissu local des exploitants.
Sur la ligne de défense de l’exploitation familiale
La nouvelle organisation se montrera ainsi hostile au processus d’alignement de la première organisation professionnelle agricole sur une modernisation articulée au Marché commun (PAC), dont elle estime qu’il pourrait conduire à l’effacement des petits exploitants. Elle milite en revanche pour une intervention de l’État portant à la fois sur le soutien aux producteurs aux dépens des intermédiaires, l’ajustement de l’imposition à leurs charges, la subvention publique à la modernisation des exploitations.
Cette profession de foi s’actualise dans les positions du Modef d’aujourd’hui, qui prennent également en compte l’Europe (limitation du principe de libre concurrence), la problématique alimentaire (privilégier le circuit court), la question des retraites (hausse des allocations ou limitation des contraintes fiscales). En 1973, l’organisation professionnelle agricole se dote d’une Fédération nationale des jeunes exploitants (FNJEF) faisant pendant au CNJA et en lien avec une revendication de politique volontariste d’installation à l'adresse des jeunes. Par certaines positions, le Modef se rapproche des autres dissidents de la FNSEA que sont la Confédération paysanne et la Coordination rurale.
Longtemps animé par Raymond Mineau (1922-2007, secrétaire général puis président de 1959 à 1994), le Modef est aujourd'hui présidé par Pierre Thomas qui a succédé, en avril 2019, à Jean Mouzat, désormais secrétaire général. L’organe souverain de l’organisation est le congrès, qui élit un comité directeur (composé de délégués des Modef départementaux et de la FNEF) lequel désigne le bureau national. En 2018, elle dispose d’une trentaine de représentations départementales, de 9 fédérations régionales, recouvrant un territoire situé au sud du bassin parisien. Le Modef est représentatif au sein des chambres d’agriculture. Lors des élections 2019, il y a recueilli près de 2% des suffrages des exploitants (dont 1,40% en liste directe) dans une vingtaine de départements, avec une représentation significative en Vaucluse et Corrèze, pour 1,5% de l'audience chez les anciens exploitants.