Tandis que la campagne de vaccination et de tests s’accélère selon une «géométrie variable» qui n’est pas toujours lisible, la question des activités «prioritaires» donnant droit à la «garde d’enfants» est soulevée par diverses organisations professionnelles, dont plusieurs du secteur sanitaire et social ou médico-social. La relance de l’activité économique opère notamment via l’apprentissage et la formation, sur la base de dispositifs partenariaux entre professions, via les OPCO, et pouvoirs publics. La semaine a aussi été marquée par le «fait divers» des restaurants et réunions de groupes clandestins, condamnés notamment par l’Union des métiers de l’hôtellerie.
Volet sanitaire: une stratégie à géométrie variable pas toujours lisible
L’autotest exige des précautions
Alors que la généralisation des «autotests» est actée, l’Académie de médecine préconise des mesures de précaution. S'il est vrai que «le prélèvement nasopharyngé suivi de la détection du génome viral par RT-PCR est devenu la méthode de référence pour le diagnostic de l’infection», l'Académie tient à rappeler «le risque lésionnel induit par la banalisation des prélèvements». Elle préconise, par voie de conséquence, d'en «réserver la pratique (…) aux professionnels de santé formés pour la réalisation de ce geste», de «mettre en garde les utilisateurs d’autotests», de privilégier plutôt, pour les enfants, les «tests salivaires».
Les professions du sanitaire exigent le droit au vaccin et à la garde d’enfants
L’Union nationale des professions de santé constate que «certains professionnels (…) des orthophonistes, des orthoptistes, des pédicures-podologues et des audioprothésistes» ne sont pas dans la liste des «professionnels considérés comme indispensables à la gestion de l’épidémie pour lesquels une solution d’accueil de leurs enfants doit être trouvée». Or, souligne l’organisation, «l’exclusion de ces professions (…) entraînera, une fois encore, une rupture dans la continuité des soins, (…) une diminution accrue des actes de dépistage», outre créer «une inégalité de traitement vis-à-vis des professionnels salariés des établissements de santé et des PMI. Elle demande donc que tous les professionnels libéraux du secteur aient droit à la garde d’enfants.
Demande identique de la part des organisations représentatives des entreprises de services funéraires. Dans un courrier co-signé au Premier ministre, la Confédération professionnelle du funéraire et de la marbrerie (FPFM), la Fédération française des pompes funèbres (FFPF) et l'Union du pôle funéraire public (UPFP), l'interpellent sur «l’absence renouvelée, persistante, des opérateurs funéraires dans l’ensemble des décisions relatives à la chaîne sanitaire depuis le début de l’épidémie», ce d'autant que, parallèlement à leur engagement à assurer la continuité du service, elles ont alerté les pouvoirs publics sur la difficulté de l’exercice. Pointant «un véritable dysfonctionnement dans la prise en compte par l’État de préoccupations majeures dans le cadre d’une crise sanitaire», les syndicats professionnels demandent que «les professionnels du funéraire puissent bénéficier des mêmes mesures que l’ensemble des professionnels de la chaîne sanitaire, qu’il s’agisse de l’accès prioritaire à la vaccination ou de la possibilité de faire garder les enfants à l’école».
Dans le secteur des services à la personne et de l’aide à domicile, la Fedesap avait eu l'occasion de plaider auprès des «différents ministères concernés l’impérieuse nécessité de maintenir l’activité des entreprises de garde d’enfants à domicile», mais aussi que leurs salariés soient «prioritaires pour faire garder leur(s) enfant(s) et qu’une solution d’accueil puisse leur être proposée». Si elle se satisfait d’avoir été entendue sur la garde d’enfants, la fédération souhaite néanmoins «débattre avec le Gouvernement pour “capitaliser” et anticiper» les solutions telles que «l’élévation temporaire du crédit d’impôt “services à la personne” de 50 à 80% sur le mois d’avril» ou encore le «chèque nounou» comme cela se fait en région Paca, pour accompagner une demande croissante des entreprises.
La fédération des entreprises de crèche privées se satisfait des aides publiques accordées au secteur, tout en préconisant la priorité vaccinale pour ses personnels. La FFEC tient à remercier «l’ensemble des acteurs publics pour leur accompagnement dans ce troisième confinement», pour les mesures de «prise en charge de l’activité partielle à 100% pour le mois d’avril 2021» (Secrétariat à la Famille) et de «rétablir les aides financières aux places fermées et inoccupées (…) et le soutien financier aux places occupées par les enfants de personnel indispensable» (CNAF). Elle juge néanmoins que «les professionnels de la Petite Enfance doivent être vaccinés sans délais comme les personnels de l’Éducation nationale», ce afin que «l’intégralité des crèches et micro-crèches (puissent-NDLR) rouvrir pour ne plus fermer».
Volet économique: les professionnels et les pouvoirs publics travaillent à la relance
La formation et l’apprentissage, levier de solidarité… et de reprise
L'opérateur de compétence de la branche Santé, avec l'aval des 7 fédérations d'employeurs membres, s'engage en faveur du développement de l'apprentissage en lien avec le plan France relance. C'est ce qu'il a confirmé aux ministres du Travail et déléguée à l'Autonomie, lors d'une rencontre (30 mars 2021). Les fédérations d'employeurs (Croix-Rouge, FHP, Nexem, Synerpa, Presanse, Unicancer) prévoient «de doubler le nombre d'apprentis dans les 2 ans à venir», via l'OPCO. Elles insistent néanmoins sur la «nécessité d'un pilotage interministériel, impliquant les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur» et de «lever les freins à l'apprentissage».
Nexem se félicite, en outre, des annonces des pouvoirs publics selon lesquelles «le développement des formations dans les champs sanitaires et médico-sociaux était une priorité du plan France Relance», avec à la clé «16000 places supplémentaires dans les formations sanitaires et sociales», «l’octroi de nouveaux financements pour la formation continue», la révision des «référentiels aide-soignant et accompagnant éducatif et social», «leur volonté de simplification du dispositif de validation des acquis de l’expérience». Des annonces qui font écho au Livre blanc émis par l'organisation professionnelle.
L’opérateur de compétences AKTO (entreprises à forte intensité de main-d’œuvre ) et le ministère du Travail signent aussi une convention-cadre pour soutenir l’emploi par la formation dans les branches fortement impactées par la crise. Les deux partenaires s’engagent via le FNE-Formation pour un montant de 75 millions d’euros. Ce dispositif avait été adapté, en 2020, «pour répondre à la mise en place massive de l’activité partielle». Articulé au plan de relance, il a «vocation en 2021 à accompagner les entreprises et leurs salariés vers la reprise d’activité, à travers des parcours de formation (…) L’objectif étant d’aider les salariés à monter en compétences et à s’adapter aux évolutions de leurs métiers et aux mutations technologiques et économiques en cours». Engagé aussi aux côtés des pouvoirs publics dans le dispositif «“Transitions collectives” (TransCo) lancé en début d'année pour aider les salariés (…) à se reconvertir vers les métiers porteurs», l’OPCO est aussi partenaire du Fonds social européen «pour renforcer l’accompagnement des entreprises de plus de 50 salariés dans la montée en compétences de leurs salariés, en particulier ceux de premier niveau de qualification» et mobilise, à ce titre, 11,3 millions d’euros.
Mesures solidaires pour les secteurs les plus impactés
Les pouvoirs publics ont par ailleurs validé la demande de l’organisation interprofessionnelle (Unapl) et la caisse de retraite des professions libérales (Cnavpl) d’ouvrir l’accès aux indemnités journalières aux professionnels libéraux. Motivé notamment par l’impact de la crise sanitaire, un travail en commun mené par l’Unapl et la Cnavpl a permis la mise au point d’un «système (…) à un coût accessible grâce à la mutualisation», grâce auquel chaque professionnel pourra percevoir des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail. Estimée à «130 millions d’euros par an», la gestion de ce dispositif est assurée par la caisse de retraite autonome. Les pouvoirs publics ont validé son inscription dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS).
L'assemblée permanente des chambres de commerce se mobilise aux côtés du ministère des Finances pour un soutien accru aux secteurs en sous-activité prolongée. L'intervention de CCI France se fait en coopération avec le «Médiateur des entreprises» et cible, particulièrement «les bars-restaurants, l'hôtellerie, les voyagistes, traiteurs, salles de sports, discothèques et l’événementiel». Les CCI prennent en charge le premier niveau du dispositif («accueil des entreprises, premier diagnostic, information et orientation vers les dispositifs d'urgence de droit commun») et l'accès éventuel au second niveau, traité par le Médiateur, pour une «résolution amiable des différends» entre «partenaires économiques (retards de paiement, pratiques commerciales déloyales, baux commerciaux…) ou (…) tensions ou incompréhensions entre entreprises et administrations». Ce dernier traite en outre le «dossiers complexes du fonds de solidarité» et fait un «point régulier» au ministre sur «la mise en œuvre de ces mesures».
En revanche, les syndicats professionnels de transporteurs (Unostra) et des voyagistes (EDV) estiment que le «dispositif de prise en charge des coûts fixes à hauteur de 70% à 90%, (qui-NDLR) impose un plancher de chiffre d’affaires mensuel d’un million d’euros» avantage indûment les grosses structures. Demandant qu’il soit adapté, l’Unostra et EDV préconisent aussi que «le certificat sanitaire qui va permettre de voyager librement est la clé du nouveau départ des activités touristiques» soit «impérativement (…) mis en place avant l’été».
Les « clandestins » qui nuisent à l’image de l’hôtellerie
L'Union des métiers de l'hôtellerie condamne fermement les restaurants clandestins à propos desquels les révélations se multiplient. Le président de l'organisation Roland Héguy juge «insupportable» des pratiques qui «viennent troubler l’image de toute la profession (…) Cela vient aussi ralentir le travail que nous faisons pour la réouverture que nous espérons toujours tous mi-mai», non sans rappeler que: «notre fermeture n’est pas satisfaisante mais les indemnisations du Gouvernement nous permettent de garder la tête hors de l’eau».