La relance fait très progressivement son entrée à l'agenda du débat public. Les institutions professionnelles continuent à prescrire une «médecine d'urgence» mais elles tracent aussi des perspectives de plus long terme. Leurs principaux thèmes de réflexion ont été la semaine dernière la recherche sur le médicament, le dialogue social dans le secteur médico-social et l'accompagnement des secteurs les plus fortement touchés par la crise.
Réformer un écosystème à la traine des praticiens
Qu'importe le flacon…
L'Académie nationale de pharmacie fait une mise au point sur la distinction qui s'impose entre les notions de «façonnage» et de «flaconnage». L'Académie rappelle que «le façonnage comprend toutes les opérations de la chaîne de fabrication sous contrat de sous-traitance pour le compte du laboratoire pharmaceutique exploitant» alors que le flaconnage n'est qu'une étape du processus. Elle précise que «dans le cas des vaccins anti-COVID-19, seuls quelques façonniers maîtrisent cette technologie complexe».
Relancer la recherche sur le médicament
Pour les académies des sciences et de pharmacie, la crise sanitaire met en relief la nécessité de relancer la recherche sur le médicament. «À ce jour, force est de constater l’absence d’antiviraux chimiques contre le SRAS-CoV-2. Cela résulte de la faiblesse des recherches fondamentales et industrielles dans ce domaine. La mise au point rapide de vaccins efficaces contre le SRAS-CoV-2 nous donne, en revanche, l’espoir de sortir de cette pandémie», soulignent l’Académie des sciences (IDF-ADS) et l’Académie nationale de pharmacie (ANDP).
Pour autant, « il est important de développer au même niveau les recherches sur les antiviraux et sur les vaccins. Ceci implique des efforts financiers qui pouvaient être considérés comme coûteux avant la pandémie, mais dont les montants sont dérisoires au regard des coûts humains et économiques de la crise sanitaire». En particulier, les académies préconisent de «mettre en place un vaste programme national de conception et de développement d’agents chimiques antiviraux en soutien aux chercheurs des disciplines moléculaires».
Le médecin généraliste, «homme clé» pour le suivi des patients Covid
Le Collège de la médecine générale réaffirme «la place fondamentale des médecins généralistes pour dépister l’aggravation des patients diagnostiqués positifs à la Covid-19». Il a contribué à la rédaction de deux avis de la Haute autorité de santé qui rappellent «le danger de l'hypoxie sans essoufflement», la nécessité d'une évaluation médicale de préférence en consultation présentielle et l'utilité «d'une surveillance renforcée par un oxymètre de pouls» pour «les patients à risque de forme grave».
Adapter les conditions d'exercice dans le secteur médico-social
Fin de la facturation «à l'acte» en centre de vaccination
«Après échange avec les représentants des principales professions concernées (médecins et infirmiers)», l'Assurance maladie simplifie les modalités de rémunération des professionnels libéraux intervenant dans les centres de vaccination. Celles-ci s’appuieront uniquement sur les forfaits de vacation horaire déjà existants «supprimant la possibilité de facturer à l'acte la prise en charge de chaque patient». L'Assurance maladie rappelle toutefois que «la facturation à l'acte continue de s'appliquer pour les vaccinations au cabinet (…), au domicile des patients et en officine».
Relancer le dialogue social au niveau européen
Plusieurs organisations professionnelles du secteur médico-social se mobilisent pour le projet européen «Foresee» consacré à relancer le dialogue social dans le contexte post crise sanitaire. Nexem (et Elisfa) rallient le projet européen porté par «la Fédération européenne des employeurs sociaux et par l’Unipso (confédération des employeurs à profit social de Belgique)», avec le soutien de la Commission européenne.
A échéance 2023, ce projet doit se concrétiser par des publications («étude sur la Covid-19 et ses conséquences sur les services sociaux», «rapport sur les bonnes pratiques (…) en matière d’attractivité», ainsi que par diverses manifestations («réunions thématiques», «formations (…) au dialogue social», «événements» pour la promotion du rapport). Celui-ci articule les problématiques de l’attractivité et du dialogue social.
Prévoir des «traitements de choc» dans plusieurs secteurs de l'économie
Les CCI concentrées sur les secteurs en sous-activité prolongée
L'Assemblée permanente des chambres de commerce se mobilise aux côtés du ministère des Finances pour un soutien accru aux secteurs en sous-activité prolongée. L'intervention de CCI France se fait en coopération avec le «Médiateur des entreprises» et cible, particulièrement «les bars-restaurants, l'hôtellerie, les voyagistes, traiteurs, salles de sports, discothèques et l'événementiel».
Les CCI prennent en charge le premier niveau du dispositif («accueil des entreprises, premier diagnostic, information et orientation vers les dispositifs d'urgence de droit commun») et l'accès éventuel au second niveau, traité par le Médiateur, pour une «résolution amiable des différends» entre «partenaires économiques (retards de paiement, pratiques commerciales déloyales, baux commerciaux…) ou (…) tensions ou incompréhensions entre entreprises et administrations». Ce dernier traite en outre le «dossiers complexes du fonds de solidarité» et fait un «point régulier» au ministre sur «la mise en œuvre de ces mesures».
Mobilisation autour d'un plan d’urgence pour les aéroports
Plusieurs syndicats professionnels du secteur aéroportuaire, de l’automobile, du commerce de voyageurs, appellent les pouvoirs public à mettre en œuvre un plan d’urgence pour les aéroports. L’Union des aéroports français, le Syndicat des entreprises de la sureté aéroportuaire, la Chambre syndicale de l’assistance en escale, l’Association française du commerce de voyageurs et le Conseil national des professions de l’automobile rappellent que «le secteur aérien est une des victimes les plus importantes de la COVID 19». Si «l’actuel dispositif de l’activité partielle nous a permis de sauver jusqu’à présent une partie des emplois», il apparaît nécessaire de le prolonger «au taux majoré au-delà du 30 juin» et de rattacher «l’ensemble de l’écosystème aéroportuaire (exploitants aéroportuaires, assistants en escale, sûreté, travel retail, loueurs de véhicules, etc.) à l’annexe 1 du décret du 29 juin 2020» sur le taux d’allocation de l’activité partielle.
Le plan d’urgence demandé aux pouvoirs publics inclut aussi «une exonération partielle de cotisations sociales employeur et (le-NDLR) report des cotisations en 2021», un assouplissement des «règles d’octroi des PGE» (remboursements progressifs), une prise en charge publique de «la totalité du financement 2021 des missions régaliennes de sûreté et sécurité aéroportuaires». Parallèlement, la relance de l’activité devra être soutenue par un «pass sanitaire», la préparation de «l’ouverture du duty free», «la mise en place de l’infrastructure de recharge électrique nécessaire au verdissement des flottes», mais aussi une non-augmentation des «taxes (…) sur les compagnies aériennes»… Sans oublier une approche du projet de loi Climat privilégiant «la décarbonation de l’aviation» plutôt que «la décroissance du transport aérien».
La Fédération de l'habillement liste les éléments d'un kit de survie
Paola Szostka, présidente de la Fédération nationale de l'habillement, demande «avec la plus grande fermeté la réouverture» des points de vente en même temps qu'elle fait le point sur les mesures nécessaires pour limiter l'impact de la baisse d'activité sur la viabilité des commerces. Ses demandes portent notamment sur un fonds de solidarité mieux calibré sur «la perte de chiffre d'affaires en termes de pourcentages», une aide aux stocks améliorée pour les commerces ayant des niveaux d'achats importants, une «exonération des cotisations sociales pour les travailleurs non-salariés» sur toute la période de crise, un regroupement des dettes sociales avec lissage des versements sur dix ans, la concrétisation des engagements du Gouvernement sur les loyers, le décalage du début de remboursement des PGE 2023, la prise en charge des jours de congés acquis pendant les périodes de fermeture…
Éclaircie sur l'embauche des saisonniers dans les métiers de l'hôtellerie
La possibilité d’embaucher des saisonniers avec garantie d’activité partielle satisfait l’Union des métiers de l’hôtellerie. Le syndicat professionnel, réagissant à l’annonce de la ministre du Travail (à la radio–NDLR), salue «un nouveau signal positif envers notre secteur fermé ou en sous-activité depuis six mois», ainsi qu’une «clarification attendue par les professionnels saisonniers d’été».