La semaine dernière a ramené le débat social sur des problématiques de court terme. La vaccination s'est imposée plus que jamais comme un prérequis. Et les principales prises de positions économiques et sociales ont moins porté sur la relance que sur le simple redémarrage des secteurs les plus impactés.
La vaccination comme priorité nationale
Les syndicats de salariés veulent accélérer
Le syndicat CFDT souhaite que l’OMC acte le principe d’une suspension temporaire de la propriété intellectuelle sur les vaccins et autres moyens de lutte anti-Covid. Rappelant que «lors d’une pandémie, “personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité”», la CFDT «se joint à la Confédération européenne des syndicats ainsi qu’à un nombre croissant d’acteurs de la société civile et du syndicalisme international pour demander qu’un accord soit trouvé à l’OMC dans les plus brefs délais au moins jusqu’à ce que l’ensemble des pays puisse répondre efficacement à la pandémie». Et elle «appelle la France et l’Union européenne» à encourager à cette décision, jusqu’à présent combattue par divers pays et l’Union elle-même.
Le syndicat Unsa souhaite que la vaccination soit ouverte à tous les salariés de secteurs les plus exposés même s’ils ont moins de 55 ans. Si elle dit comprendre «la stratégie de vaccination par tranche d’âge, s’agissant des publics éligibles à la vaccination prioritaire», l’Unsa souhaite cet élargissement en «raison d’un risque accru de contamination en raison de l’activité professionnelle», non sans rappeler que l’incitation à en «faciliter l’accès “aux salariés prioritaires sur leur temps de travail”» doit être actée par les employeurs.
Les médecins acteurs critiques de la campagne
Le syndicat de médecins libéraux alerte sur le risque de désengagement des professionnels de la campagne vaccinale si les pouvoirs publics ne règlent pas le tir. C’est le message d’alerte que le SML adresse au Gouvernement, en dénonçant «les ratés en cascade de la livraison des doses de vaccin pourtant destinées à la ville (…) rendant l’exercice de plus en plus lourd» ainsi que les «changements (…) de doctrine» incessants. Le syndicat incite donc à «donner aux médecins libéraux une visibilité leur permettant de s’organiser sereinement pour vacciner dans les cabinets».
Le syndicat de médecins généralistes MG France appelle à faciliter l’administration du vaccin en cabinet médical. MG France constate en effet «des dysfonctionnements persistants dans le déroulement de la campagne de vaccination» (fourniture incertaine des vaccins, manque de cohérence de l’information) qui tendent à décourager la profession. Dans la mesure où «des revaccinations devront prolonger la campagne actuelle, et (où-NDLR) personne ne souhaite la pérennisation de vaccinodromes spectaculaires, coûteux et à terme peu efficaces», le syndicat «demande une nouvelle logistique de la distribution», à savoir «commande simplifiée et sécurisée, (…) traçabilité de la distribution et (…) date prévue de livraison».
D'autres professionnels de santé en renfort
L’organisation professionnelle des services de santé au travail interentreprises continue à se mobiliser pour la campagne de vaccination. Présanse rappelle que «337000 personnes ont déjà pu, au 15 avril, bénéficier d’une injection par un médecin ou un infirmier du travail», et que cette participation a «vocation à être beaucoup plus significative dans la perspective d’un élargissement des personnes éligibles». Non sans rappeler que l’approvisionnement des SSTI en vaccins était «limité à l’Astra Zeneca», l’organisation confirme que les SSTI se «tiennent prêts à vacciner plus largement» les salariés des entreprises.
Le syndicat professionnel des centres de lutte contre le cancer est en première ligne dans la lutte contre l’épidémie. Les établissements adhérents de la fédération Unicancer se mobilisent, depuis le début de la pandémie, sur plusieurs fronts. D’abord, «éviter les ruptures de parcours de soins», via «des coopérations avec l’hôpital public» (sur du matériel, du personnel, des locaux, de la prise en charge de patients). Parallèlement, «les CLCC sont pleinement mobilisés pour vacciner les professionnels prioritaires et les patients» et proposent «des recommandations sur les modalités de vaccination des patients atteints de cancer». Et ils œuvrent pour l’avancée de la recherche à travers l’accès «à un premier traitement thérapeutique de la COVID à base d’anticorps monoclonaux» possible aujourd’hui dans 8 CLCC, le déploiement des «essais cliniques dédiés aux patients atteints de cancer et affectés par la Covid-19».
Le redémarrage avant la relance
Les banques à l'écoute
La fédération bancaire française pourrait proposer de souscrire un PGE jusqu’au 31 décembre 2021. Le syndicat professionnel du secteur bancaire (FBF) rappelle que le dispositif, «mis en place en un temps record, (…) a prouvé sa capacité à s’adapter à la situation sanitaire et aux besoins de l’économie» et que «les derniers indicateurs concernant les intentions de remboursement (…) montrent qu’il a rempli son objectif d’adaptation à la diversité des situations». Lors d’un échange avec les pouvoirs publics, les banques ont fait savoir qu’elles «pourront, sous réserve de l’adoption des textes législatifs et réglementaires annoncés, proposer de souscrire un PGE jusqu’au 31 décembre 2021» et ce y compris pour les «dettes d’exploitation».
La question des règles du jeu
La Confédération des PME considère comme prioritaire la vaccination des personnels des secteurs appelés à reprendre leur activité, notamment les commerces. À l’issue d’une réunion de ce matin autour de la ministre du Travail, l’organisation patronale «se félicite de l’accès à la vaccination prioritaire des salariés âgés de plus de 55 ans, dans certains métiers particulièrement exposés au virus». La CPME plaide néanmoins pour que «les indépendants des secteurs concernés puissent être éligibles à la vaccination» et, aussi pour que l’accès en soit ouvert à «certains secteurs aujourd’hui fermés administrativement (…) ce afin que les salariés soient protégés avant la reprise d’activité».
Le syndicat des professionnels du commerce presse le Gouvernement de clarifier les conditions de réouverture. Réagissant aux annonces du Premier ministre (23 avril 2021), le Conseil du commerce de France constate que «à ce jour, les fédérations de commerce n’ont pas été sollicitées» dans l’optique de la concertation « sur la progressivité de la réouverture». L’organisation professionnelle exige donc «la tenue d’une réunion autour du Premier ministre afin de pouvoir préciser la date et les modalités de réouverture des commerces dits non essentiels».
Les secteurs où la pression monte
Pour le syndicat professionnel de l’hôtellerie-restauration, toutes les terrasses doivent rouvrir à la mi mai, quel que soit le nouveau schéma de déconfinement. Le GNI fait référence à la déclaration du ministre de la Santé sur une éventuelle «territorialisation des réouvertures» et insiste sur le fait que «Aujourd’hui, le calendrier est fixé: d’abord, l’ouverture de toutes les terrasses à la mi-mai. Il est hors de question de reporter cette date une nouvelle fois (…) Demain, la territorialisation – si cette option est retenue – doit permettre d’autoriser plus rapidement, en fonction de critères sanitaires objectifs, l’ouverture de nos établissements» et de «toutes les terrasses».
Les syndicats de joueurs du football féminin estiment injustifiée l’annonce par la Fédération française de football de mettre fin à la saison de ligue 2 féminine. L’Union nationale des footballeurs professionnels, ainsi que les syndicats AFPF (joueuses) et Unecatef (entraîneurs), déplorent «une décision prise sans concertationpréalable», alors qu’ils avaient émis des «arguments objectifs (…) en faveur de la continuité du championnat de D2», relatifs au «contrats de travail dans les limites fixées par la fédération», aux «mises à disposition en sélection nationale», au «maintien des contrats de travail» dans les clubs malgré la crise sanitaire. Rappelant que «la programmation de seulement 5 matchs aurait suffi à éviter une saison blanche», les trois syndicats ajoutent qu’«une telle décision marque un réel coup d’arrêt pour le développement du football professionnel féminin».
Le coup de pouce à la Culture
La société des auteurs de musique salue la prolongation des émissions sur la chaîne de télévision publique éphémère «Culture Box». Réagissant à l’annonce par France Télévision de maintenir «Culturebox» jusqu’en août 2021, la Sacem se félicite du succès de l’opération et, surtout, de la promotion de «la création et des talents de la scène française, dans leur diversité» durement impactés par la crise Covid. Elle juge néanmoins qu’une «pérennisation au-delà du mois d’août aurait tout son sens en cette période de sortie de crise et marquerait un engagement fort de l’Etat au nom du service public et de ses missions».