1998: Solidaires, nouveau venu dans le paysage syndical des salariés

Union syndicale Solidaires

L'Union syndicale Solidaires est issue du regroupement de syndicats autonomes, rejoints bientôt par des dissidents de la CFTC, en quête d'une nouvelle unité de contenu et de structure d'action. Elle priorise une lutte directe pour la transformation sociale et une organisation laissant la plus grande autonomie à ses structures adhérentes. Solidaires et reconnue comme organisation représentative de branche. 


Le congrès constitutif de l’Union syndicale Solidaires a eu lieu en janvier 1998. La réunion marque l’aboutissement d’un mouvement engagé au début des années 1980 par 10 fédérations ou syndicats de salariés désireux de rompre avec la mécanique de la désunion syndicale.

De la démarche informelle du «Groupe des dix» à l’union des «Solidaires»

C’est une continuation de la rupture qui avait impacté la CGT en 1947, puisque ce qui se baptisera le «Groupe des dix» réunit des autonomes qui avaient refusé de rallier le camp de la CGT ou celui de FO, dont certains (FAT, FMC, FGSOA, une partie de la FEN) rejoindront finalement l’UNSA. D’autre part, l’émergence de la future union marque aussi une fracture au sein de la CFDT, liée aux grèves de 1988, avec l’exclusion des fédérations des PTT et de la Santé qui s’adjoindront la base line «Solidaires, Unis, Démocratiques». La démarche initiée sur un mode plutôt informel se consolide au début des années 1990, avec une visée interprofessionnelle.

L’Union «Groupe des dix» officialisée en 1998 adopte en 1981 l’identifiant commun «Solidaires». En 2004, l'institution professionnelle s’unifie sous la bannière «Union syndicale Solidaires». Une autre vision de l’organisation syndicale. Du point de vue idéologique, la nouvelle organisation professionnelle de travailleurs, renoue avec un certain esprit anarcho-syndicaliste. Elle se positionne sur «une volonté de transformation sociale de remise en cause d’un système politique où l’économie (le capitalisme) est basée sur l’exploitation de l’immense majorité de la population par une infime minorité (…)» et privilégie «la grève générale» et le «syndicalisme de lutte». Si elle revendique son autonomie radicale vis-à-vis des partis politiques, l’Union s’engage au côté des acteurs de l’altermondialisme, tels que l’association ATTAC ou la Confédération paysanne.

Elle revendique en même temps une distanciation vis-à-vis du modèle des confédérations plus classiques, considérées comme trop institutionnalisées, voire bureaucratisées. Il est ainsi établi que «Les organisations adhérentes conservent pleinement leur indépendance et leur personnalité juridique, le droit d’ester en justice, de négocier et signer tous protocoles électoraux professionnels, accords collectifs d’entreprise, conventions collectives dans leurs secteurs d’activité tels que définis par leurs statuts» (art.4). Traduction de cette logique : les décisions pour l’Union sont pris, a priori, par consensus. Autre point de démarcation: le principe d’un co-secrétariat général qui institutionnalise la parité homme-femme et, ainsi, la présence permanente d’une femme à la tête de l’organisation.

Une représentativité dans certaines branches professionnelles

L’organe souverain est le congrès national (tous les 3 ans), assisté d’un Comité national pour la définition des positions de l’Union. L’exécutif consiste en un bureau national où chaque organisation adhérente est représentée de droit, lequel désigne un secrétariat national (au moins 7 membres). En 2018, Solidaires revendique l’affiliation de 55 organisations de branche, inclus une organisation spécifique aux retraités, ainsi que 99 implantations locales. L’organisation est reconnue comme représentative au niveau de branche. En 2013, elle représentait 157000 salariés, soit 3,47% de l'audience aux élections professionnelles en entreprises (CE, délégués du personnels) et dans les chambres d'agriculture.

En 2019, l'union syndicale mobilise environ 1,6% des salariés des exploitations et groupements d'exploitations agricoles, en progression sensible dans le collège des groupements par rapport à 2013. Son audience 2021 s'élève à 3,81%, ce qui ne lui permet pas d'être reconnue représentative au niveau interprofessionnel. Elle occupe néanmoins le premier rang dans les conventions collectives des organismes de la Confédération paysanne, du journalisme, et est habilitée à signer les CCN dans près d'une vingtaine de branches, secteurs.

L’organisation est reconnue comme représentative au niveau de branche. Son secrétariat général est co-assumé depuis 2014 par Éric Beynel et Cécile Gondard-Lalanne, qui ont succédé à Annick Coupé (première porte-parole de l’Union depuis 2001).

 

Principales sources et références
- «Histoire des syndicats en France», Dominique Andolfatto, Dominique Labbé, éditions du Seuil, 2011, 384 p., ISBN:2021047164
- «Le syndicalisme en France depuis 1945», René Mouriaux, éditions de La découverte, 1994, ISBN 13: 978-2-7071-5606-8
- «Union syndicale Solidaires, Solidaires, un autre syndicalisme...», éditions Prospero, 2012, ISBN13: 978-2-918155-13-3
- Statuts de l’Union syndicale Solidaires- «Mesure de la représentativité syndicale et patronale », Dossier de presse, ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, avril 2017; document accessible en ligne sur le site du ministère
- Résultats des élections aux chambres d'agriculture 2013, communiqué, ministère de l'Agriculture; Cartographie interactive des résultats des élections aux chambres d'agriculture 2019, site Agriculture et Territoires