La progression de la pandémie, aggravée de «variants» du virus, a motivé un durcissement des mesures sanitaires. Les organisations professionnelles, d’employeurs comme de salariés, manifestent leur incompréhension, doublée d’une crainte d’aggravation de la crise économique et sociale. Si le dialogue social permet de trouver des solutions ciblées, les acteurs considèrent que les dispositifs d’aide publique doivent être maintenus dans la durée.
Les craintes des employeurs pour l'activité des entreprises
Reconfinement: la CPME et CMA France veulent préserver les «soldes»
La Confédération des PME demande au Gouvernement de ne pas sacrifier les soldes au nouveau confinement qui s'annonce pour raison de crise sanitaire. Pour la CPME, il convient que le Gouvernement évite, aussi, de «refaire à nouveau une distinction entre (les commerces-NDLR) qui sont considérés comme "essentiels" et les autres». Plus généralement, le syndicat patronal demande lui demande «d’anticiper pour que les entreprises puissent s’y préparer» et de «renforcer les dispositifs de soutien et d’indemnisation des entreprises».
De son côté, l'Assemblée permanente des chambres de métiers «plaide pour le maintien (…) d’ouverture de toutes les entreprises artisanales et commerces de proximité en cas de nouveau confinement» et appelle à «ne pas cliver à nouveau l’économie française, entre commerces essentiels et non essentiels, mais à faire confiance à la capacité de nos chefs d’entreprises à respecter des protocoles sanitaires renforcés».
L’appel à l'aide des CCI pour les stations de ski
Le réseau des chambres de commerce demande au Gouvernement de prévoir une aide économique à la hauteur pour les professionnels, suite à la décision de maintenir les domaines skiables fermés et de ne pas rouvrir les remontées mécaniques. Une décision jugée «injuste», vu que «les remontées mécaniques semblent être le seul moyen de transport interdit d'ouverture à ce stade». CCI France et la CRCI Auvergne suggèrent donc aux pouvoirs publics d'acter plusieurs propositions afin d'aider l'économie de la montagne: «renforcement des aides dans les stations», «réactivation du fonds de solidarité généralisé à 1500 euros», «grand Plan de relance».
La limitation des voyages jugée inefficace par EDV
Le syndicat professionnel des entreprises du voyage estime que la décision d'imposer un isolement aux voyageurs provenant d'autres pays que ceux de l'UE, pour raison de crise sanitaire, est inappropriée. Pour les EDV, «la fermeture des frontières est sanitairement peu efficace et économiquement catastrophique». En outre, le syndicat note que l'annonce du Premier ministre (15 janvier 2021) n'a fait «l’objet d’aucune concertation préalable», ni avec les professionnels, ni au niveau de l'Europe.
L'U2P fustige le monopole de la décision dévolu aux autorités de santé
Pour l'Union des entreprises de proximité, «le Gouvernement ne peut se référer exclusivement aux autorités de santé pour combattre la crise sanitaire et économique». Le syndicat patronal doute en effet de l'efficacité et de l'acceptabilité des recommandations sur «la fermeture des remontées mécaniques» ou encore sur les «masques dits “artisanaux”». Il serait bon, souligne l'U2P que «les forces économiques et sociales soient davantage associées aux décisions». Pour leur part, l'Union des industries textiles et l’Union française des industries Mode & Habillement, recommandent à la population de «s'équiper en priorité» des «masques “grand public” de catégorie 1», lesquels «été testés en termes de filtration et de respirabilité par des laboratoires compétents approuvés par la DGE», et dont l'«achat contribue à soutenir les entreprises du territoire».
Les syndicats de salariés en demande d’une politique publique plus volontariste
Travailleurs de « deuxième ligne »: les syndicats mesurent la reconnaissance
Les syndicats de salariés (CFDT, FO, CGT) marquent leur soutien aux travailleurs dits de «deuxième ligne», dont la crise sanitaire a révélé le rôle essentiel, et plaident qu'il faut revaloriser leurs métiers.
Ainsi, la CFDT a tenu à affirmer, dans le cadre d'une conférence de presse (19 janvier 2021), son engagement à «peser de tout son poids pour qu’enfin les paroles et les applaudissements se transforment en actes» et à influer sur la «mission confiée par le Gouvernement à deux expertes». Que ce soit dans le social et le médicosocial, les commerces et services, l'agriculture et l'agroalimentaire, la Confédération française et démocratique du travail préconise de leur assurer une «reconnaissance» par des mesures relatives aux salaires, mutuelles, sécurité au travail, mais aussi d'engager des «réformes structurelles» concernant «l'organisation et les conditions de travail», «la formation professionnelle», «la rémunération», le «partage de la valeur ajoutée dans les filières», l'aménagement du temps de travail.
Force ouvrière souligne pour sa part avoir proposé que les cinq confédérations (interprofessionnelles représentatives-NDLR) donnent suite à la revendication «de revalorisation des salaires, conditions de travail, d’emploi et de carrières» afin d’en accélérer la prise en considération. Concrètement, le syndicat demande «la revalorisation plus générale du SMIC, au-delà de l’augmentation réglementaire (…) et des grilles de salaires ainsi que des processus de sous-traitance et d’externalisation trop souvent dirigés par le moins disant social dans ces secteurs (nettoyage, propreté, collecte des déchets, prévention sécurité)». Plus généralement, il proposera, dans le cadre des négociations de branche, «leur revalorisation, comme celle des métiers dits en tension, soient partie prenante du plan de relance».
Pour la Confédération générale du travail, il est regrettable que le Gouvernement «se contente d’ouvrir une concertation de plusieurs mois sans réelles perspectives monétaires “sonnantes et trébuchantes”». Le syndicat plaide pour «une revalorisation des salaires au niveau national et interprofessionnel (…) pour tous les salarié.e.s qu’ils aient continué à travailler sur site comme celles et ceux du commerce, de l’agro-alimentaire, de l’aide à domicile, du traitement des déchets, des transports ou du bâtiment (...) mais aussi pour celles et ceux qui ont travaillé à distance». Il propose, en outre, «d’acter que le réseau Greta, Afpa et Cnam soit mobilisé dans la mise en œuvre de mesures de formation et d’évolution professionnelles ciblées», l'instauration de «clauses sociales dans les appels d’offres, notamment (…) des marchés publics». Enfin, la CGT «s’interroge sur la portée qu’auront les éventuels accords de branche conclus, dans le cadre des ordonnances, avec l’inversion de la hiérarchie des normes».
Solidaires pétitionne contre les « profits sur la pandémie »
Les syndicats Solidaires et SUD Santé sociaux s'associent à «l’Initiative citoyenne européenne “Pas de profits sur la pandémie”». Regroupant des syndicats de travailleurs, ONG, de groupes de militants, d'associations, de partis politiques et d'experts de la santé en France et en Europe, l'Initiative lance une pétition devant aboutir à «un débat public sur les traitements et les vaccins, une totale transparence sur la recherche, sur les données médicales et les négociations financières au sein du Parlement européen». Le syndicat souligne qu'il ne saurait être question de «grever encore plus le budget de la sécurité sociale» et que «certains tirent des profits sur la pandémie».
La fédération Culture CFDT souhaite une redistribution des aides Covid
La fédération de la culture affiliée à la CFDT estime que la situation imposée au secteur culturel pour cause de crise sanitaire est injuste et demande un réajustement du soutien public. Plus précisément, la CFDT-3C juge nécessaire «un contrôle renforcé de l’usage des aides publiques et un rééquilibrage des soutiens en faveur des structures en difficulté et de l’emploi des professions artistiques et culturelles». Le syndicat de salariés rappelle que «si l’État et les collectivités locales ont pris certaines mesures de soutien pour accompagner le monde de la culture», «il subsiste néanmoins de fortes disparités face aux risques (…), notamment entre les secteurs subventionnés et les autres».
Grande mobilisation de FO, la FAGE, la CFDT, Solidaires autour des étudiants et des jeunes
Force ouvrière apporte son soutien à la mobilisation des organisations étudiantes et à l’ensemble des étudiants pour défendre leurs conditions de vie et d’études. Selon FO «le Gouvernement doit prendre la mesure de la situation», satisfaire leurs demandes de «réouverture des facultés pour tous» de «hausse immédiate des bourses et des aides au logement», «leur redonner des perspectives d’avenir».
Insatisfaite par les annonces récentes du Gouvernement, la Fédération des associations d'étudiants appelle à mobilisation le 26 janvier pour obtenir une aide économique et sociale d'urgence. Pour la FAGE, «les mesures prises ne font (…) que souligner la totale absence de considération de nos pouvoirs publics vis-à-vis du péril des étudiants», très impactés par la crise sanitaire. Ce sera l'occasion de revendiquer plusieurs mesures: «accueil de tous les étudiant.e.s en présentiel», «aide financière immédiate», «financement majeur pour les filières en difficulté».
La fédération de l'Éducation de la CFDT rappelle au Gouvernement que le retour à l'université, dans le contexte actuel de crise sanitaire, impose des moyens matériels et humains adaptés. S'il «se satisfait que ses demandes d’un retour progressif et partiel en présentiel des étudiants» aient été entendues, le SGEN-CFDT estime nécessaire «un plan de recrutement d'urgence», «d'améliorer les taux d'encadrement dans les universités», mais aussi que les collectivités locales se mobilisent «pour fournir les salles et les personnels indispensables à l'accueil des étudiants» dans des «tiers-lieux».
Solidaires critique l'attitude du Sénat et du Gouvernement, qui se refusent à l’extension du dispositif du RSA aux jeunes de 18 à 25 ans, ce alors que les jeunes subissent de plein fouet les effets de la crise sanitaire. L'Union syndicale estime en effet insuffisante «la garantie jeunes mission locale qui octroie aux jeunes âgé-e-s de 16 à 25 ans vivant en situation de précarité un accompagnement pour trouver un emploi ou une formation. Mais celle-ci ne dure qu’1 an et peut être prolongée de seulement 6 mois, sans aucune garantie à la fin». De même pour «l’aide exceptionnelle créée par décret du 30 décembre dernier pour les moins de 26 ans inscrit-es à Pole Emploi d’un montant de 497€ maximum par mois et plafonné à 1491€ sur 6mois».
Des solidarités ad hoc pour faire face
Accord paritaire sur le chômage partiel dans le transport aérien et le commerce de gros
La direction et le syndicat des pilotes d'Air France signent un accord paritaire sur l'activité partielle de longue durée à durée de 2 ans. Le Syndicat national des pilotes de ligne précise que «cet accord permet une baisse importante de la masse salariale», dans un contexte de «crise sans précédent que traverse le groupe Air France du fait des restrictions sanitaires et de la crise économique». Entre baisse de la rémunération consentie et diminution des effectifs pilotes fixée par «l'accord de Rupture conventionnelle collective de l’été dernier», «les pilotes d’Air France démontrent une fois de plus leur sens des responsabilités, l’attachement à leur entreprise» souligne encore le président du syndicat, Guillaume Gestas.
La Confédération du commerce de gros et les organisations syndicales actent également un accord sur le chômage partiel. Ils se saisissent, ainsi, du dispositif ouvert par la seconde loi d'urgence contre le Covid du 17 juin 2020, pour «qu'il puisse être mobilisé, autant que de besoin, dans l'intérêt commun des salariés et des entreprises de la branche», étant entendu qu'il «ne remet pas en cause les négociations en cours sur ce thème qui doivent se poursuivre loyalement» dans le cadre de la convention collective.
Concrètement, l'accord (signé le 8 janvier 2021) prévoit de «diminuer l’horaire de travail de ses salariés pendant 24 mois, consécutifs ou non, sur une période de référence de 36 mois», d'affecter «pour les heures non travaillées, une allocation plus favorable que dans le cadre du chômage partiel “classique” en contrepartie d’engagements, notamment en matière d’emploi ou de formation». Les syndicats patronaux et de salariés «ont décidé de prendre leurs responsabilités, afin d'engager tous les moyens utiles pour affronter la crise économique et ses conséquences sociales, et réduire le risque de destruction d'emploi», précise la CGI. Sont également signataires: CFDT (Services), CFE-CGC (Agro, FNECS), CFTC (CSFV), CGT (FPCDS), FO (FEC, FGTA).
Partenariat Ania-Banques alimentaires pour lutter contre la précarité
Le partenariat engagé par l'Association des industries agroalimentaires et les Banques alimentaires s'avère nécessaire pour contrecarrer les effets de la crise sanitaire. Ainsi, selon les deux organisations, «une hausse de 23% des dons des plus grandes entreprises de l’alimentation soit l’équivalent de 1272000 repas en plus versus 2019» a été enregistrée au 4e trimestre 2020. Le président du réseau solidaire, Claude Baland, souligne que «ces dons nous ont permis de faire face, à l'heure où nos stocks étaient au plus bas et s’inscrit dans le projet associatif des Banques Alimentaires basé sur le don et le partage». Pour Richard Girardot, président de l’ANIA, il faut saluer «un tournant dans la mobilisation et l’engagement des entreprises. L’ANIA et les entreprises alimentaires ont l’ambition d’aller encore plus loin, de donner encore davantage des produits de qualité».