La question de la stratégie vaccinale est toujours au cœur des préoccupations des organisations professionnelles du secteur de la santé, ce malgré l'autorisation du vaccin Astra-Zeneca. Sur le plan économique et social, les initiatives se multiplient, entre acteurs socio-professionnels, organisations et pouvoirs publics, pour soutenir l'activité, les salariés. Dans certains secteurs, les mesures prises sont toutefois jugées insuffisantes et les professionnels appellent à l'aide.
Contexte sanitaire: la stratégie vaccinale manque d'efficacité
C'est le constat que dresse l'Académie nationale de médecine, qui suggère en conséquence aux pouvoirs publics de compléter la politique vaccinale par des traitements antiviraux. L'institution savante du secteur de la santé plaide plus précisément pour que soit accéléré «le processus permettant d’autoriser l’utilisation (des-NDLR) anticorps monoclonaux en France, d’en constituer des stocks adaptés et d’organiser le circuit logistique permettant leur administration aux patients âgés et fragiles dès les premiers jours de l’infection». Les «anticorps monoclonaux» assurent en effet «une diminution significative de la charge virale (…) et une diminution du risque d’hospitalisation (…) chez les patients à risque de forme sévère», par le blocage de «l'entrée du virus dans les cellules». Ils seraient ainsi adaptés pour la protection des «patients âgés ou atteints de co-morbidités (risquant-NDLR) de développer des formes sévères de Covid-19».
Pour le Syndicat des médecins libéraux, il y a nécessité de prioriser la vaccination des professionnels de santé. Déplorant «les difficultés que rencontrent de nombreux médecins pour se faire vacciner en première comme en seconde injection», le SML souligne par ailleurs, concernant la population, que «l'arrivée du vaccin AstraZéneca (…) va permettre aux médecins de vacciner dans leurs cabinets et en lien avec les infirmiers libéraux», non sans rappeler qu'il est «défavorable à la primo-vaccination par les pharmaciens». Même opposition à la vaccination en pharmacie de la part de la Confédération des syndicats médicaux français. La CSMF rappelle qu'aujourd'hui, en effet, une très large part des médecins généralistes est prête à prendre en charge la vaccination, mais que les cabinets ou centres de vaccination «se heurtent à un manque de vaccins» et que la priorité devrait être «d'augmenter la production, la diffusion et la dispensation des vaccins au plus près des populations» et de solliciter ensuite médecins et infirmiers. Elle alerte par ailleurs sur le fait que «multiplier les lieux de vaccination, avec un vaccin Astra Zeneca présenté en flacons de 10 doses, fait prendre un risque de perdre de nombreuses doses, car un flacon ouvert ne peut se conserver que six heures».
L'Ordre des infirmiers en revanche se félicite de l'annonce qu'un «décret (…) sera prochainement publié, (qui-NDLR) permettra aux infirmiers de vacciner à domicile», mais aussi et surtout que «la vaccination sera ouverte à tous les soignants de moins de 65 ans dès lundi» (8 février 2021-NDLR).
Contexte économique et social: un dialogue sous la contrainte entre organisations professionnelles et pouvoirs publics
L'appel à l'aide dans les secteurs à activité saisonnière
L'organisation professionnelle Casinos de France et les élus des territoires touristiques demandent au Gouvernement d'acter une réouverture des établissements au plus tôt. «Sauver une filière aujourd’hui en grand péril dont le caractère indispensable pour la survie de nos stations de tourisme», telle est la requête présentée par l'Association nationale des élus Territoires touristiques (ANETT) en soutien à Casinos de France. L'organisation professionnelle plaide auprès des pouvoirs publics que les établissements sont en capacité de fonctionner «dans le plus strict respect des règles sanitaires». La Fédération nationale des agences immobilières appelle aussi le ministre du Tourisme à un «soutien complémentaire» pour les entreprises de l'immobilier implantées dans les stations de ski et territoires de montagne. La FNAIM souligne que «ces TPE-PME (…) assurent 21% de la commercialisation des lits touristiques de la première destination mondiale de ski».
Pour l'Union des entreprises de l'économie solidaire, il est nécessaire d'engager un «plan de relance par la demande - notamment pour les secteurs du tourisme de l’éducation populaire et les loisirs», «un renforcement des solutions de prêts en quasi fonds propres» et la mise à jour de «la circulaire du Premier ministre sur le versement des dotations et subventions aux associations». Concernant les jeunes, elle souhaite la «prolongation de l'ensemble des aides» et, en particulier un élargissement de l'accès au «Parcours emploi compétences», ainsi que la création «d'emplois boost». Enfin, l'organisation professionnelle plaide l'urgence pour la loi Grand âge et autonomie.
Côté organisations syndicales, et considérant la «prise en compte partielle de leurs pertes et 70% de leurs frais fixes» pour les entreprises, pour cause de crise sanitaire, l'UNCP-FO interpelle le Gouvernement sur la situation des travailleurs saisonniers. La fédération Transports de FO demande des mesures spécifiques de soutien: «indemnisation activité partielle garantie au taux actuel (…) jusqu’à la fin prévue de saison»; «maintien de l’activité partielle à 84% du net jusqu’à la saison prochaine»; «aide exceptionnelle (à équivalence de la prime de 900 euros)» pour les travailleurs dont les employeurs n'ont pas demandé le bénéfice de l'activité partielle.
Les professionnels et les pouvoirs publics s'épaulent pour soutenir l'activité, l'emploi, les populations fragiles
Ainsi, la Fédération des entreprises de crèche, au lendemain de l'annonce officielle d'un «Plan de rebond pour la petite enfance» articulé au plan de relance post-Covid, salue le «remerciement aux professionnels de la petite enfance» par le secrétaire d’État à l’Enfance et aux Familles ainsi que, plus concrètement «la majoration de plus de 150 millions d’euros sur 2021-2022 du bonus territoire» et la mise en œuvre du «chantier de clarification des normes». Pour autant elle demande que le plan soit d'ores-et-déjà revu afin d'y intégrer «les micro-crèches PAJE» et rappelle la nécessité de «critères objectifs, nationaux et non-discriminatoires qui permettront aux crèches en difficulté financière de bénéficier des remises d’indus et des aides ciblées des CAF» ainsi que de «la publicité des conditions d’aides à l’investissement». Enfin, elle souhaite que «que la publication des décrets d’application» concernant les normes soit rapide.
Les partenaires sociaux gestionnaires d'Action Logement et l'État s'accordent pour une réponse coordonnée à la crise sanitaire, notamment concernant la production de logements abordables. Actée par les ministères du Logement et de l'Économie ainsi que par Action Logement, l'adaptation de convention quinquennale entre les deux parties, s'ordonne autour de 4 priorités: aide financière à «20000 salariés accédant à la propriété d’un logement neuf»; «soutien supplémentaire à la production de 250000 logements sociaux et abordables sur 2 ans»; «sécurisation des parcours et accompagnement des jeunes et des salariés»; effort financier en faveur de la rénovation urbaine. Une réforme du modèle et de l'organisation d'Action Logement, inclus ses relations avec l'État, est toujours à l'ordre du jour de la convention.
Les fédérations de bailleurs Coop'HLM et Procivis apprécient également la «prime exceptionnelle de 10000 euros pour 20000 ménages accédant à la propriété en 2021 et 2022 d’un logement neuf dans le cadre de l’accession sociale sécurisée», ainsi que «des moyens nouveaux apportés par Action Logement à la production de logements locatifs sociaux et à la rénovation urbaine» et de la «mise à disposition» prévue dans le cadre du plan d'investissement volontaire du groupe gestionnaire du 1% Logement, pour le «développement des organismes de foncier solidaire (OFS)».
La Confédération française et démocratique du travail se félicite de «l’engagement sans précédent d’Action Logement pour accompagner les jeunes et les salariés les plus en difficultés, engagement acté par la signature de l’avenant au redéploiement du plan d’investissement volontaire». Le syndicat tient à préciser que «le dialogue social a été un facteur de réussite» et qu'il doit continuer à l'être dans le cadre de la modernisation de l'organisme.
De leur côté, divers acteurs de l'inclusion bancaire, syndicaux, associatifs, publics et privés, ont créé une application numérique pour accompagner les français en difficulté accrue du fait de la crise. Accessible gratuitement depuis le 26 janvier 2021, l'application «Pilote Dépenses» a été développée sous l'égide de l'Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa), grâce à l'expertise croisée de Banque de France, Banque postale, Crédit municipal de Paris, Emmaüs France, Fédération bancaire française, Fédération nationale des caisses d'épargne, Fédération nationale Crédit Agricole, Finances & Pédagogie, SOS Familles Emmaüs Nanterre. Elle permet aux «utilisateurs (de-NDLR) suivre l'évolution de (leur-NDLR) reste-à-vivre au quotidien», mais propose aussi des «liens et ressources sur les droits et aides sociales».
Le dialogue social entre employeurs et salariés s'adapte
La fédération Métaux de FO annonce qu'elle signe l'accord salarial de la branche du machinisme agricole. Le syndicat de salariés précise que la proposition initiale des organisations patronales a été revue à la hausse en cours de négociation tout en demeurant «a minima», pour aboutir à «une proposition de 1% d'augmentation (…) pour l’ensemble de la grille et une application au 1 mars 2021». Cependant FO Métaux a voulu «dans ce contexte difficile lié à la crise sanitaire» marquer «sa volonté d’aboutir à un accord pour les salariés».
Communiqué ANDM; Communiqué commun Ansa, FBF, FNCA, FNCE, Finances & Pédagogie, Emmaüs France, SOS Familles Emmaüs Nanterre, Banque de France, Banque postale, Crédit municipal de Paris; Communiqué FO Métaux – 8 février 2021
Communiqué Ordre des infirmiers; Communiqué Action Logement; Communiqué UNCP-FO – 5 février 2021
Communiqué SML; Communiqué FNAIM; Communiqué UDES – 4 février 2021
Communiqué CSMF; Communiqué commun Casinos de France, Anett; Communiqué FFEC – 3 février 2021