Le secteur privé ne veut pas être laissé en plan par le projet pour l'hôpital
L'annonce par le Premier ministre d'un plan d'urgence pour l'hôpital le 19 novembre 2019, quoique considérée comme positive, n’en laisse pas moins les syndicats d’employeurs du secteur hospitalier demander qu’on aille plus loin. Le secteur privé (FHP) et non-lucratif (FEHAP) souhaite que l'effort leur bénéficie également en tant qu'ils contribuent aussi à l'accès de tous au soin hospitalier. Ce tandis que les représentants de l’hôpital public (FHP) demandent des précisions et, plus largement, qu’il soit préservé à l’avenir.
Une réponse d’urgence satisfaisante, mais un avenir à négocier
Par la voix de son président Frédéric Valletoux, la Fédération hospitalière de France se réjouit que «Notre appel pour des mesures d'urgence en faveur de l'hôpital et des hospitaliers a été entendu» et salue «une mise en cohérence entre les annonces politiques et les actes budgétaires, ce qui avait cruellement fait défaut dans les intentions budgétaires initiales». Elle entend toutefois être vigilante sur leur application concrète et souhaite des précisions.
Satisfaite sur l’évolution positive de l’Ondam, le taux d’évolution minimal des tarifs, la FHP s’interroge toutefois «sur les financements à la dotation qui représentent pourtant une part majeure des recettes des hôpitaux publics». Favorable à l’accompagnement du début de carrière, elle préconise néanmoins «de définir au niveau national les zones et les métiers en tension pouvant donner lieu au versement d’une prime de 1 000 € par an au recrutement sous réserve d’un engagement de 1 à 3 ans». Elle appelle, par ailleurs à une «valorisation des fonctions managériales de tous les professionnels de santé chargés d’encadrement ou responsables d’une équipe médicale» ainsi qu’à l’«ouverture d’un chantier sur les rémunérations et le régime indemnitaire afin de le rendre lisible, cohérent et attractif» pour les aides-soignants.
Concernant l’investissement, l’organisation professionnelle estime que «le dispositif de reprise (de la dette-ndlr) devra être conditionné à des projets d’investissement intégrant la place des établissements dans l’offre de soins des territoires, les stratégies d’investissements, le poids de la dette et la vétusté des équipements».
Pour un recalibrage des mesures permettant l'intégration de tous les acteurs hospitaliers
La Fédération de l’hospitalisation privée soutient le plan tout en donnant l’alarme sur la situation des cliniques privées dont «25% (…) sont en déficit et ont également besoin d’être soutenues». Pour le syndicat d’employeurs du secteur sanitaire et social, les mesures annoncées —«revalorisation de l’Ondam, principe de pluriannualité des ressources et (…) dégel intégral des crédits mis en réserve» — témoignent d’un «réel effort».
Son président Lamine Gharbi regrette toutefois «l’annonce d’une évolution des tarifs très inférieure à l’inflation, avec un taux plancher de 0,2%» et, plus largement, que l’hospitalisation privée ne soit pas vraiment prise en compte. Selon lui «le calibrage des mesures mérite d’être amélioré pour associer l’ensemble des acteurs» suivant l’esprit fédérateur du plan Santé 2022.
La Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs et Unicancer «saluent les efforts du gouvernement pour accompagner l’hôpital dans les transformations qu’il engage», mais estiment aussi que le secteur privé non lucratif devrait être traité à égalité avec l'hôpital public. Les deux organisations du secteur sanitaire et social soulignent qu'ils pourraient légitimement bénéficier de certains mesures: «accompagner les débuts de carrière des soignants», «renforcer l’attractivité des hôpitaux situés dans les territoires en tension», «revaloriser le métier d’aide-soignant», «consolider l’attractivité des métiers hospitalo-universitaires», «rehaussement de l’Ondam», «relancer l’investissement courant».
La FEHAP et Unicancer s'opposent au fléchage du FIR (fonds d'intervention régional validé par les agences de santé-NDLR) sur le seul secteur public et souhaitent que le Gouvernement s'ouvre à la discussion à propos de leurs requêtes. Leur position est soutenue par la Mutualité française, laquelle gère aussi des établissements hospitaliers privés d'intérêt collectif, et demande une «équité de traitement, (…) question de survie pour les Espic qui, après des années de baisses tarifaires, d’efforts pour optimiser leurs moyens et l’effacement de la moitié du bénéfice du crédit d’impôt sur la taxe sur les salaires (CITS), ont vu leur situation financière se détériorer fortement». Par la voix de son président Thierry Baudet elle demande un relèvement de l'Ondam ainsi qu'un soutien à l'investissement.
Une perspective pour l'évolution des tarifs de la médecine de ville
Pour le Syndicat des médecins libéraux, le plan doit être «l'occasion de recentrer (les hôpitaux – NDLR) sur leurs missions originelles» et d'engager «en miroir, un plan comparable pour la médecine de ville». Critique sur un projet de loi santé synonyme de «mise en œuvre d’une médecine libérale moins-disante, (…) démantèlement progressif des actes du médecin libéral au profit de professions moins qualifiées», le syndicat de professionnels libéraux souhaite une réorientation qui pourrait se concrétiser par «une véritable perspective à moyen terme concernant l’évolution de leurs tarifs …), aucun obstacle ne justifie que les médecins libéraux ne puissent pas, eux aussi, bénéficier d’un plan pluriannuel de revalorisation (…), à l’instar des hôpitaux».
Communiqué Mutualité française – 26 novembre 2019; Communiqué commun FEHA, Unicancer – 21 novembre 2019; Communiqué FHF; Communiqué FHP; Communiqué SML – 20 novembre 2019