Les fédérations, ligues sportives, syndicats de joueurs professionnels prennent position sur le sujet des «violences sexuelles» à propos duquel les révélations de victimes se multiplient après celles de la patineuse Sarah Abitbol (1).
Le Comité national olympique et sportif, plusieurs fédérations sportives et ligues professionnelles, syndicats de professionnels, ont été amenés à prendre position sur la question des «violences sexuelles» dans le sport, à propos desquelles la ministre des Sports organise une Convention nationale de lutte contre les violences, le 21 février 2020.
Une exigence de sanction, de contrôle, de formation et de sensibilisation renforcés
- Les fédérations sportives
Suite au dépôt de 4 plaintes pour «abus sexuels» (le 14 février 2020-NDLR), la Fédération française de la montagne et de l’escalade indique, par la voix de son président Yves Riou, qu’elle «a toujours traité les signalements d’abus sexuels dont elle a eu connaissance. (…) Ces quatre cas concernent des encadrants de clubs et sont en ce moment entre les mains de la justice et de l’administration». Le président précise ensuite les dispositions qui ont été prises pour prévenir ces situations: module «Escalade et citoyenneté» dans la formation des encadrants, «module de formation e-learning à destination des dirigeants (représentants de clubs, de comités territoriaux et de ligues)»; convention avec l’association «Colosse aux pieds d’argile» pour généraliser la sensibilisation dans les clubs et de tous les professionnels et accompagnement des victimes; soutient à la «cellule d’assistance psychologique et juridique» créée par Syndicat interprofessionnel de la montagne». Yves Riou ajoute: «Lorsque c’était possible, la fédération a engagé des procédures disciplinaires à l’encontre des auteurs d’abus. Lorsque la justice reconnait notre intérêt à agir, la fédération se porte partie civile et se tient informée, autant que faire se peut, des suites données à ces signalements».
Réagissant à un reportage de France 2 (diffusé le 9 février 2020-NLDR), la Fédération française de handball précise, concernant le cas spécifique d’un «parent accompagnateur», qu’il n’exerçait aucune fonction dans un club, mais aussi avoir eu connaissance «la semaine la semaine dernière, d’une plainte pénale récemment déposée par une victime» mettant en cause un entraineur, à l’égard de laquelle elle «prendra toutes ses responsabilités, pour agir sur les plan pénal et disciplinaire, dès lors que l’enquête préliminaire des services de gendarmerie le permettra». Assurant les victimes de son soutien, la FF Handball indique avoir engagé par ailleurs «depuis octobre 2018, un travail global visant à renforcer son dispositif de prévention des déviances, notamment sexuelles, et de protection de l’intégrité des pratiquants», décliné aux niveaux des «formations fédérales», de «l’accompagnement des acteurs», du «contrôle et des sanctions». Ainsi, dès la saison 2020-2021, doit être mis en place un «contrôle automatisé (…) de tous les encadrants d’équipe ayant une fonction officielle sur les compétitions de handball» les obligeant à «avoir fourni une attestation d’honorabilité». Parallèlement, il a été décidé la création d’une «cellule dédiée de 4 personnes», aujourd’hui opérationnelle, et d’un «groupe de travail associant tous les secteurs de la fédération (qui-NDLR) travaille depuis 6 mois à élaborer une campagne d’information et de prévention qui sera diffusée rapidement».
Suite à une «lettre ouverte» qui lui a été adressée,Serge Lecomte, le président de la Fédération française d’équitation, «exprime tout (son-NDLR) son soutien et (sa-NDLR) solidarité aux victimes et (…) condamne sans réserve et avec la plus grande fermeté tous les abus». Rappelant que tous les faits relevant du même ordre connus jusqu’à présent ont «donné lieu à la mise en place de mesures conservatoires», Serge Lecomte annonce pour très rapidement «un plan d’actions pour renforcer la sensibilisation des dirigeants, enseignants, organisateurs de concours et officiels de compétition» ainsi que la mise en place d’une «cellule d’écoute des victimes».
- Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF)
Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), suite à une rencontre au ministère des Sports, réagit à la mise en cause de la Fédération française des sports de glace, à propos de laquelle il «prendra toutes ses responsabilités conformément aux dispositions prévues dans le code du sport» en ce qui concerne «la demande de retrait de la délégation à ladite fédération» émanant de la ministre des Sports. Exprimant son «entier soutien aux victimes», il «souhaite que l’enquête diligentée par la ministre des Sports et confiée à l’Inspection générale puisse conduire à faire toute la lumière sur les exactions ou actes intolérables qui auraient pu être commis». Le CNOSF annonce sa participation à la «convention nationale de lutte contre les violences, notamment sexuelles, dans le sport, prévue le 20 février prochain afin de présenter un plan d’actions destiné à renforcer l’information, la sensibilisation et l’accompagnement des fédérations sportives en matière de prévention et de lutte contre toute forme de violence».
- Les syndicats de joueurs et de salariés
L’Association des joueurs professionnels de handball affirme n’avoir pas été mise au courant des faits, tient à rappeler son «son soutien aux victimes et familles de victimes et sur demande, peut orienter vers un réseau de professionnels de santé et thérapeutes spécialisés». Elle se «tient à disposition des acteurs du mouvement sportif et du handball plus spécifiquement pour envisager des actions communes».
Elle relaie, en outre, une prise de position de la Fédération nationale des syndicats de sportifs (FNASS) qui «demande aujourd’hui que les vrais responsables soient punis», et soutient à la tribune cosignée par 54 sportifs (4 février 2020-NDLR) et à ses propositions : «création d’une cellule d’écoute des victimes, indépendante des fédérations et tenue de respecter l’anonymat le plus complet (…) en capacité de saisir le ministère des Sports pour permettre le lancement d’enquêtes administratives et la saisine du procureur de la République»; d’une «cellule, indépendante elle aussi, (qui-NDLR) aura la charge de contrôler systématiquement les casiers et les antécédents judiciaires des bénévoles, des entraîneurs et des dirigeants de clubs et de fédérations». Le syndicat des joueurs se dit «au service des instances en général et de leurs fédérations en particulier pour mener de concert toutes les actions utiles afin de co-construire les conditions à même d’éradiquer ce fléau».
La Fédération Conseil, Communication Culture de la Confédération française et démocratique du travail «attire l'attention sur la nécessité de renforcer la formation et la protection des personnels sur ces questions de harcèlement et d’interroger les conditions dans lesquelles se déroulent ces activités». Le syndicat de salariés estime également nécessaire «contrôle de probité des professionnels par la délivrance d’une carte professionnelle des éducateurs sportifs rémunérés nécessitant de fournir un casier judiciaire et par le contrôle du principe d’honorabilité pour tous les encadrants non rémunérés». Elle participera, avec l'intention de faire des «propositions visant à renforcer les dispositions actuelles du Code du sport» à la concertation ouverte par le ministère.
(1) Suite à la prise de parole de Sarah Abitbol et suite à une demande de la ministre des Sports, le président de la Fédération française des sports de glace a démissionné de ses fonctions le 8 février 2020.
Communiqué FFME - 15 février 2020; Communiqué APJH - 11 février 2020; Communiqué FFH; Communiqué F3C-CFDT – 10 février 2020; Communiqué FFE; Site FNASS, Actualité – 6 février 2020; Communiqué CNOSF – 4 février 2020