Les mouvements sociaux engagés depuis le 5 décembre dernier contre la réforme des retraites suscitent l’inquiétude dans divers secteurs d’activités. Plusieurs organisations professionnelles interpellent les pouvoirs publics pour qu’il soit mis fin aux blocages.
L’exaspération des professionnels du transport
L'association France Logistique, récemment créée autour d'organisations professionnelles et d'acteurs publics pour relancer la filière logistique, demande aux pouvoirs publics nationaux et locaux de «débloquer immédiatement l’accès aux ports afin d’assurer la liberté de mouvement des personnes et des marchandises» et «des mesures concrètes de soutien aux entreprises». Sa présidente Anne-Marie Idrac entend y travailler «rapidement avec les plus hautes instances de l'État».
Les syndicats d’employeurs du secteur des transports haussent clairement le ton. L'Organisation du transport routier européen (OTRE) demande au Premier ministre «audience pour obtenir la mise en place d’aides spécifiques au (…) transport routier». Le syndicat d'employeurs ne peut que s'alarmer de l'appel de la Fédération nationale des ports et docks (affiliée à la CGT) « à une opération “port mort” sur l’ensemble des terminaux portuaires les 13, 14 et 15 janvier prochains», rajoutant à «l’exaspération des transporteurs routiers dont les conséquences de ces mouvements sociaux sont littéralement mortifères».
Le Groupement national des transports combinés constate avec regret que «notre secteur du fret et du combiné rail/route est en train de mourir dans l’indifférence générale». Le GNTC exige donc que «Avant même la définition d’un plan de relance ambitieux pour le fret ferroviaire, nos entreprises doivent survivre: nous demandons instamment la mise en œuvre d’une indemnisation financière sous forme d’aide exceptionnelle pour les opérateurs et transporteurs touchés directement».
Les pertes dans l’hôtellerie-restauration doivent être compensées
Pour les syndicats d’employeurs du secteur hôtellerie et tourisme aussi, la situation est critique et il faut que «des mesures concrètes soient prises». Le président du Groupement national des indépendants Didier Chenet précise à cet égard: «Au niveau national, puisque le Gouvernement doit porter sa part de responsabilité (…) l’aide doit consister, outre les délais de paiement des charges sociales et des taxes, en le remboursement de la taxe transport payée par les employeurs et le remboursement, sur justificatifs, de l’ensemble des frais de taxis et autres solutions de déplacement collaboratives et alternatives payantes supportées par les entreprises. Au niveau régional, nous demandons le remboursement aux salariés et aux entreprises à concurrence de leur participation au paiement des abonnementsaux transports en commun (…). Au niveau des communes les plus impactées (…) nous demandons le remboursement des taxes liées à l’occupation des terrassesainsi que de la remise de lataxe de séjour. Enfin, à la SNCF, nous demandons le remboursement des abonnements par salariés et employeurs pour les mois en cause».
La Coordination rurale plaide pour une «cellule de crise» et des «réquisitions»
Leur inquiétude et leur requête est partagée par la Coordination rurale, laquelle exige la mise en place d'une «cellule de crise» et que soient organisées «les réquisitions nécessaires» pour que la production et la distribution de céréales et protéagineux puisse être assurée. Le syndicat d'exploitant agricoles s'inquiète en effet des «mouvements sociaux qui perdurent dans les ports et les gares de France», une «situation qui risque de provoquer des ruptures d’approvisionnement en aliment du bétail» et contraint «les éleveurs à court de trésorerie (…) à fonctionner à flux tendus pour l’alimentation».
Au-delà de la conjoncture, selon le syndicat, il existe une fragilité durable de la filière imputable à «l’irresponsabilité politique qui a placé au fil des ans notre agriculture dans une dangereuse dépendance des importations d’aliments riches en protéines». Il souligne donc l'urgence d'un «plan protéines ambitieux».
Communiqué France Logistique – 17 janvier 2020;Communiqué GNTC; Communiqué GNI; Communiqué Coordination rurale – 16 janvier 2020; Communiqué OTRE – 14 janvier 2020