Réforme des retraites: mobilisations à géométrie variable des syndicats de salariés
La mobilisation contre la réforme des retraites, dont le projet devrait être présenté le 24 janvier en conseil des ministres, se poursuit à travers de nouveaux appels à mobilisation classique, mais aussi des manifestations plus spectaculaires de la part de salariés syndiqués. La négociation, pour un autre projet ou dans le cadre du nouveau projet, reste néanmoins à l’ordre du jour.
Le front syndical contre une démarche «floue» et un projet «injuste» toujours mobilisé
L’intersyndicale d’organisations de salariés (CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires), de lycéens (MNL, UNL, FIDL) et étudiants (MNEF), à l’issue de la mobilisation du 16 janvier 2020, se dit plus que jamais déterminée «à obtenir satisfaction du retrait du projet (…) avec l’ouverture de véritables négociations pour améliorer le système de retraite existant, sur la base de nos propositions». Rendez-vous est pris le 22 janvier 2020 pour faire le point.
La Confédération générale du travail s’interroge particulièrement sur la manière dont le Gouvernement mettra réellement en œuvre la «conférence des financeurs» et réintégrera le projet dans le processus législatif normal, et non pas via des ordonnances, dans la meure où les règles constitutionnelles «prévoient que les discussions ne peuvent avoir lieu avant le 9 mars, soit 6 semaines après le dépôt du texte».
Sa fédération CGT Pénitentiaire attire l’attention sur l’arrière-plan de la loi PACTE (article 64), visant à rendre «l’épargne retraite plus efficace» grâce à «la stimulation de la concurrence par une ouverture de tous les produits d’épargne retraite aux assureurs, aux gestionnaires d’actifs et aux fonds de retraites professionnels supplémentaires» et réitère son opposition virulente au projet. Pour la CGT Éducation, reçue le 15 janvier 2020 par le ministre afin de discuter de la question de la réévaluation des salaires et du métier d’enseignant, il est clair que «ce dernier s’obstine à maintenir le flou sur ses intentions réelles». Elle estime qu’en réalité, il «souhaite lier (la-NDLR) revalorisation à une redéfinition du métier enseignant, ce qui, (…) se traduira par des missions supplémentaires et une augmentation du temps de travail». Périmètre limité de son application (enseignants, CPE, génération post 1975), incertitude sur le montant et le calendrier de l’enveloppe budgétaire dédiée… le syndicat «réitère son refus de la contre-réforme des retraites Macron/Philippe et son opposition à des revalorisations sous forme de primes, indemnités ou heures supplémentaires».
Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Verrier, répond par voie de courrier à la lettre du Premier ministre du 11 janvier, pour demander «que soit reporté le processus d’examen du projet de loi», et que s’ouvre un «véritable dialogue social», étant entendu notamment que «les discussions sur les “sources de financement des prestations de solidarité et des prestations contributives soulèvent des questions majeures» et notamment de «clarification des responsabilités (…) entre ce qui relève de l’État et de l’impôt et ce qui doit demeurer de la solidarité gérée par la négociation sociale». Yves Verrier rappelle également les «motifs» d’opposition de FO au projet: «disparition de l’ensemble des régimes existants, à commencer par celui de la sécurité sociale et du régime complémentaire Agirc-Arrco»; non nécessité de la réforme systémique au regard des prévisions du COR, ni de recul de l’âge de départ; mobilisation indue du Fonds de réserve des retraites, détournement «des régimes existants (…)» ou des «ressources consacrées à la Prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles». Pour FO, la remise en cause du système existant se fait via une «ingérence de l’État» et au «nom de politiques de rigueur contestables», dans le même temps que la puissance publique n’a pas été en mesure de mettre en œuvre des «politiques économiques et sociales assurant un emploi pérenne à temps plein».
L'Union syndicale Solidaires dénonce «par la bande» un «projet de loi (…) qui prévoit de donner plus de place à la retraite par capitalisation». Ce dont témoignerait, selon le syndicat, la décision du Gouvernement «d'abaisser le taux de rémunération des dépôts sur le Livret A à 0,5%», c'est-à-dire «l'essentiel de l'épargne populaire en France sont utilisées pour la construction du logement social».
L’UNSA privilégie des solutions préservant les droits des salariés
L’Union nationale des syndicats autonomes revendique, comme l’explique son secrétaire général Laurent Escure, un «syndicalisme de solutions», une «stratégie d’ouverture», au titre de laquelle elle met en avant plusieurs propositions: maintien de 100% des droits actuels pour «les salariés dont la carrière se déroulera à cheval sur les deux systèmes de retraite» via un mode de calcul adapté; extension du minimum contributif à 85 % du SMIC «aux carrières à temps partiel» et construction d’une «trajectoire portant ce minimum à 100%»; extension de «l’assurance prévoyance, en partie financée par l’employeur,(…) à l’ensemble des salariés du public comme du privé».
La CGT condamne l’irruption de syndicalistes dans les locaux de la CFDT
Suite à l'irruption spectaculaire de syndicalistes dans les locaux de la Confédération française et démocratique du travail, le 17 janvier 2020, la CGT tient à souligner «qu’elle ne ne cautionne pas ce type d’action. Chaque organisation syndicale est libre de son mode de fonctionnement, de son orientation et de ses revendications».