À l'issue de la séance de concertation avec les pouvoirs publics sur la réforme des retraites du 7 janvier, les organisations syndicales de salariés ne sont toujours pas en phase avec le Gouvernement (Confédération française et démocratique du travail) quand elles ne réaffirment pas leur exigence d'un retrait pur et simple du projet (Force ouvrière, Solidaires). D'où des appels à la poursuite de la mobilisation, relayés aussi par les professionnels libéraux et des syndicats d'employeurs.
La CFDT ne veut pas tourner autour de « l'âge pivot »
La Confédération française et démocratique du travail constate une «ouverture» de la part du Premier ministre sur divers sujets (pénibilité, fins de carrière, minimum contributif, transitions pour les fonctions publiques, conférence de financement), mais rappelle son opposition au principe de l'âge pivot. Moyennant quoi, elle «appelle l’ensemble de ses adhérents et militants à maintenir la pression sur le Gouvernement», notamment dans le cadre de la mobilisation dans «les territoires, le samedi 11 janvier».
Pour la CFDT, « les voies de discussion avec le gouvernement existent mais sont étroites». Outre l'abandon de l'âge pivot, le syndicat de salariés attend des «avancées» sur la «prise en compte de la pénibilité vécue par les travailleurs», «un maintien adapté dans l'emploi» pour les seniors, «la sécurisation des transitions dans les fonctions publiques», « la retraite progressive», «une augmentation plus importante du minimum de pension», «un compte épargne temps universel pour aménager son temps de travail tout au long de la vie».
Force ouvrière conteste la remise en cause du système de retraite existant
Pour Force ouvrière, pas question non plus d'âge pivot, ni plus largement «d’un affichage de discussions destiné à justifier le projet de régime unique par points». Le syndicat estime en outre que «l’emploi des séniors, (…) la pénibilité, (le-NDLR) minimum de pension, (le-NDLR) financement des retraites (…) ne justifient en rien la remise en cause et la suppression du système de retraites actuel». Concernant son financement, FO «revendique (…) que soit examinée la négociation de la possibilité d’une augmentation des cotisations telle que suggérée par le Conseil d’orientation des retraites (et-NDLR) que les régimes complémentaires, dont en premier lieu l’Agirc-Arrco géré par la négociation collective, sont non seulement équilibrés mais disposent de réserves conséquentes». Et le syndicat d'appeler à mobilisation pour le 9 janvier.
Solidaires et FSU dénoncent une mise à l'écart de la concertation.
De leur côté les syndicats Solidaires et FSU interpellent le Premier ministre et la ministre du Travail pour n'avoir pas été «invitées» à la réunion du 7 janvier, ce «d’autant que des organisations non représentatives participent, elles, à cet échange, comme cela a déjà été le cas en décembre dernier». Solidaires et la FSU leur demandent donc instamment de «revoir la configuration des invitations à cette réunion et des suivantes». Solidaires annonce par ailleurs que «Si le gouvernement ne lâche pas, il n'aura pas de répit» et souhaite «faire du jeudi 9 un début de la généralisation de la grève». Aux énoncés du projet gouvernemental, l'organisation préfère: «départ à 60 ans maximum et plus tôt pour les travaux pénibles et le respect des droits dans les professions», «retraite égale au minimum à 75% du dernier ou des meilleurs salaires», «financement par l'augmentation des cotisations patronales et (…) cotisations sur les revenus non cotisants».
L'UNA heurtée par le report d'économies sur les retraites pour financer la perte d'autonomie
L'Union nationale de l'aide, des soins et des services à domicile (UNA) s'insurge par ailleurs contre l'hypothèse, dévoilée par le JDD, selon laquelle le Gouvernement aurait envisagé de faire financer l'aide à l'autonomie via les économies réalisées grâce à la réforme des retraites. Son président Guillaume Quercy estime que «cette manière de “déshabiller Pierre pour habiller Paul” est inacceptable. Le bon raisonnement consiste plutôt à construire une offre d’accompagnement solide et accessible à tous dans la perspective de carrières plus longues et pénibles, puisque la réforme des retraites prend malheureusement cette orientation».
La CNPL ne mesure aucune garantie pour les professionnels libéraux
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) «prend acte des clarifications qui ont été apportées et qui permettent désormais d’entrevoir avec davantage de netteté les conséquences de la mise en œuvre du futur régime universel», mais n'en rappelle pas moins ses exigences: «régime complémentaire obligatoire en répartition par capitalisation géré par la CARMF», pérennisation de l'ASV, «sanctuarisation au profit exclusif de la profession» des réserves constituées par leur caisse d'affiliation, ouverture, dès 2020, de droits pour «les médecins retraités qui acceptent de continuer à exercer». Pour être prêt à poursuivre sur la voie de la concertation, le SML signale que, faute d'entre entendu, «il appellera les médecins libéraux à se joindre aux actions prévues début février».
Même adresse au Gouvernement du Syndicat national des masseurs, kinésithérapeutes et rééducateurs (SNMKR), qui a souhaité être représenté dans la négociation par la Fédération française des praticiens de santé (FFPS). L'organisation attend plus spécifiquement des clarifications sur l'avenir des réserves de la Carpimko, «les modalités de mise en œuvre de la réforme (…) pour les professionnels qui seront à cheval sur les deux régimes, cotisants dans l’ancien, mais bénéficiaires dans le nouveau», la compensation effective de l'augmentation du niveau de cotisation.
Constatant que «le Gouvernement vient de dissoudre le 31 décembre dernier la caisse spécifique d’assurance maladie des professions libérales» dont elle assurait la direction, la Chambre nationale des professions libérales (CNPL) y voit un abandon de «la proposition du Haut-Commissaire consistant à créer un “Conseil de la protection sociale des professions libérales” permettant le maintien de nos spécificités en matière de protection sociale». Elle juge, de plus, que le projet reste trop flou quant «au mode de transition des régimes existants vers le régime universel», «à l’évolution du rendement qui conditionne le montant des pensions», «aux règles encadrant la valeur de service du point qui déterminera le montant des pensions et leur évolution». Moyennant quoi, elle invite «les professionnels libéraux à rejoindre le mouvement d’opposition».
Communiqué CFDT; Communiqué FO; Communiqué commun FSU, Solidaires; Communiqué Solidaires; Communiqué UNA; Communiqué SML; Communiqué SNMKR – 7 janvier 2020; Communiqué CNPL – 4 janvier 2019