Alors qu’une nouvelle séance de négociation sur la réforme des retraites entre Gouvernement et syndicats de salariés s’ouvre à Matignon, le 18 décembre 2019, l’hypothèse d’une trêve pour la période des fêtes de Noël divise les acteurs économiques et sociaux. Les syndicats de salariés renvoient la responsabilité sur les pouvoirs publics. Les syndicats d’employeurs souhaitent qu’une solution soit trouvée dans la mesure où l’activité des entreprises se trouve fragilisée.
L’intersyndicale ne fait pas trêve du refus du projet
Pour l’intersyndicale regroupant la CGT, FO, Solidaires, la FSU, l’UNEF, le MNL, la FIDL, l’UNL, il est clair que «Sans annonce du retrait, il n’y aura pas de trêve. Nous appelons à organiser des actions de grève et de manifestation partout où c'est possible, notamment le 19 décembre par des mobilisations locales et ce, jusqu’à la fin de l’année». Le collectif se dit néanmoins disponible «pour discuter d'un autre projet pour le renforcement et l'amélioration du système actuel par répartition, solidaire et intergénérationnel».
La Confédération générale du travail précise par ailleurs que «Avec cette réforme, la question que tout le monde se posera est: à quel âge je vais pouvoir partir à la retraite et quel sera le montant de ma pension ? Et cette question n’appelle aucune réponse claire du Gouvernement qui prétend pourtant vouloir faire une réforme plus juste, plus équitable et plus responsable». La confédération syndicale rappelle en outre le «refus (du Gouvernement-NDLR) d’accorder un coup de pouce au Smic, en considérant que l’augmentation légale de 15 euros par mois est largement suffisante». La fédération des cheminots CGT dénonce de son côté un «décret, avec effet immédiat, portant dérogation aux règles en matière de temps de conduite et de repos pour le transport routier de voyageurs», lequel autorise concrètement «les conducteurs de cars à dépasser jusqu’au mardi 24 décembre 2019 inclus: la durée maximale de conduite journalière (…) et hebdomadaire». Une décision que le syndicat estime scandaleuse, même si elle est temporaire, sur le plan de l’atteinte aux droits sociaux comme au droit de grève.
Les syndicats d’employeurs refusent la hausse des cotisations sociales
Pour la Confédération des petites et moyennes entreprises, au contraire, il «est de la responsabilité du Gouvernement de ne pas céder à la menace et de refuser (…) ce type de marchandage revenant à ponctionner le pouvoir d’achat des salariés et à diminuer la compétitivité des entreprises françaises en augmentant le coût du travail. La CPME insiste aussi sur le fait que «Le secteur privé dont notamment le commerce, paie un lourd tribut alors-même que les grévistes bénéficient de régimes de retraites plus favorables que le leur».
Des craintes pour les entreprises de multiples secteurs
Plusieurs organisations professionnelles s’inquiètent, par ailleurs, des conséquences négatives de la mobilisation pour divers secteurs d’activité. Ainsi d’un collectif du secteur des transports regroupant Agents maritimes et consignataires de France (AMCF), Armateurs de France, Union nationale des industries de la manutention (UNIM), Union des ports de France (UPF), Union TLF Overseas, qui note avec insatisfaction que les «conséquences sont catastrophiques pour l'ensemble des professions maritimes et portuaires. Elles grèvent une fois de plus la compétitivité des ports que nous essayons tous de restaurer, la fluidité du passage des marchandises et des passagers dans la période de forte activité actuelle, et impactent de facto l'économie française». Les syndicats d’employeurs «en appellent à la raison, au bon sens et à la responsabilité de chacun pour mettre un terme à cette situation».
Ainsi aussi de la Confédération des acteurs du tourisme (ACT), regroupant près d’une quinzaine d’acteurs professionnels, qui a réuni une «cellule de crise». Établi le «bilan sans appel: (…) c’est toute une filière qui se trouve gravement fragilisée», et que «Les pertes d’activité des professionnels durant cette longue période ne seront pas rattrapées», l’ACT fait appel «à la responsabilité collective» pour qu’il soit mis «fin de cette mise à l’arrêt du pays». Son président Roland Héguy (par ailleurs président de l’Union nationale des métiers et industries de l’hôtellerie-NDLR) précise: «Le droit de grève existe dans notre pays mais nous ne pouvons pas accepter qu’il fragilise la France et mette en danger des entreprises et leurs salariés. Tous les efforts pour développer l’attractivité touristique de la France sont balayés par ces mouvement sociaux qui nuisent à l’image de notre pays et à son développement touristique».
La tête de réseau consulaire du commerce et de l’industrie, CCI France, par la voix de son président Pierre Goguet estime que «Chacun doit prendre ses responsabilités pour rétablir une activité normale au plus vite et éviter à des entreprises, qui travaillent déjà en mode dégradé ou connaissent des problèmes d'approvisionnement, de se retrouver dans une situation désastreuse». Il y a «urgence à retrouver une fluidité dans les transports et à garantir l’accessibilité».
Communiqué ACT – 19 décembre 2019; Communiqué CPME; Communiqué CCI France – 18 novembre 2019; Communiqué intersyndical CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF, MNL, FIDL, UNL ; Communiqué CGT; Communiqué CGT Cheminots – 17 décembre 2019