Réforme des retraites: de multiples fronts de contestation professionnelle
À la veille de la 2e journée de grande mobilisation nationale contre la réforme des retraites, les institutions professionnelles de salariés, d'employeurs, de professionnels libéraux, réitèrent leurs griefs à l'encontre du projet. D'autres journées de contestation sont programmées.
Syndicats de salariés: soutenir le combat pour la retraite et l'emploi
La Confédération générale du travail, confiante dans le «soutien très majoritaire de l’opinion publique, appelle l’ensemble des salarié-e-s, précaires, privés d’emploi, retraité-e-s à participer massivement aux grèves du 17 décembre», avec pour mot d'ordre «retirez votre projet, reprenons les discussions et n’écartez, par dogmatisme, aucune proposition pour améliorer notre système de retraite qui est le meilleur au monde». La Confédération ne manque pas de rappeler aussi que «C’est le gouvernement qui, par son obstination, veut compromettre les congés et les fêtes de fin d’année».
Le Syndicat national des journalistes, affilié à Solidaires, soulignant aussi le soutien international dont bénéficie le mouvement de contestation, met l'accent sur les impacts négatifs du projet pour la profession, précarisée par les licenciements massifs, et «des carrières morcelées, heurtées, hachées notamment pour les femmes».
Le collectif intersyndical des professions judiciaires constitué par le Syndicat des avocats de France, le Syndicat de la magistrature, Protection judiciaire de la jeunesse, la Confédération générale du travail-Justice PJJ, la Confédération générale du travail-Chancellerie & Services judiciaires, Solidaires Justice, réaffirme «par-delà les différences de nos statuts, de nos services et de nos exercices» son «combat (…) pour la défense du service public de la Justice de qualité et de proximité, pour l’emploi et le droit à une retraite équitable, solidaire et assurant des moyens suffisants à chacun.e». Il fustige notamment le principe de l'âge pivot, celui de la clause du grand-père, et plus généralement un «système illisible ne permettant pas de prévoir le montant de sa retraite», une «réduction du paritarisme à un organe sous tutelle de l’État».
Professions libérales: mobilisations à venir contre la fin des caisses autonomes
L'Union nationale des professions libérales annonce qu'elle réunira son «Conseil national le 9 janvier prochain afin de décider des modalités d’action qu’elle compte engager face à cette réforme», dont elle n'apprécie pas, sur le forme, qu'elle puisse être portée par «ordonnance sur les modalités précises des transitions et convergences». Quant au fond, l'Unapl constate que s'annonce la fin des «caisses complémentaires des professions libérales», notamment du fait de la «fixation d’un périmètre du régime universel à 3 PASS». Elle demande par ailleurs que soit clarifiée la question de la gestion des réserves du régime antérieur des professions libérales dont le projet prévoit qu'elles seront «seront réservées à financer la convergence entre l’actuel et le nouveau régime pendant une période de transition d’au moins 15 ans» et que «les professionnels libéraux soient représentés es-qualité dans le futur conseil d’administration de la Caisse Nationale du régime universel».
Regroupant de multiples organisations de professionnels libéraux des secteurs sanitaire et social (Association collectif kiné, Convergence infirmière, Fédération des médecins de France, Fédération des orthophonistes de France, groupe Facebook «Manifestation du 16/9», Orthos réflexions action, Syndicat d’union des psychomotriciens, Syndicat ALIZÉ, Union des chirurgiens de France et médecins spécialistes libéraux, Syndicat de l’union française pour une médecine libre, Union nationale des infirmiers diplômés d’État libéraux), des professions juridiques (Conseil national des barreaux, Institut français des experts comptables et commissaires aux comptes), et des personnels du transport aérien (Syndicat des navigants air France, Syndicat national des pilotes de ligne, Syndicat national du personnel navigant commercial-FO, Syndicat national du personnel navigant de l’aéronautique civile, Syndicat des métiers de l’aérien français), le collectif SOS retraites annonçe «une grève glissante, à compter du 3 janvier 2020» qui pourrait devenir illimitée. Le collectif dénonce «la négation, par l’exécutif, de l’existence des régimes autonomes, rappelle sa volonté d’être exclu de ce fait de la réforme, et la responsabilité que porte ce même exécutif dans la confusion avec les régimes spéciaux».
Les Chirurgiens-dentistes de France «regrettent que les revendications portées lors des différentes réunions de concertation n’aient pas été entendues» et «entendent poursuivre leur mobilisation pour que leurs revendications aient une chance d'aboutir lors de la rencontre du 14 janvier 2020» voire par une «action collective de grande envergure». Pour le syndicat de professionnels libéraux, il n'est pas acceptable que le périmètre du régime universel soit fixé à 3 PASS, que les réserves du régime soient passées par pertes et profits suite à la disparition de leur caisse actuelle (CARCDSF), que le texte relève d'une ordonnance «instrument peu propice à la négociation».