Alors que se profile la présentation du projet en Conseil des ministres (24 janvier 2020), les organisations professionnelles continuent à se mobiliser en sa faveur ou à sa défaveur. Plusieurs syndicats d'employeurs, inquiets de la situation économique, en appellent à des mesures pour rétablir le libre commerce. Le front des syndicats de salariés, étudiants, lycéens continue à mobiliser pour une autre réforme.
L'inquiétude des syndicats d'employeurs devant la dégradation de la situation des entreprises
L'association professionnelle France Initiative affiche son soutien clair au projet, estimant que «L’universalité est le moyen de parvenir à un système plus simple et plus équitable», ainsi qu'une «opportunité pour favoriser la liberté et l’audace dans les évolutions de carrière». Elle salue «le retrait de la mesure de l'âge pivot» et considère que les «assouplissements proposés pour chaque régime spécial sur la date d’application de la réforme retarderont certes l’application de l’universalité» mais que «l’objectif sera atteint à moyen terme». Pour France Initiative toutefois, «le critère de pénibilité doit être préservé et amélioré pour être lisible et simple» et il faudrait que «le débat ouvre une réflexion sur l’employabilité des seniors». L'association en appelle par ailleurs «à la responsabilité de chacun pour mettre fin au mouvement social qui continue à bloquer notre économie et qui a des conséquences dramatiques sur les entreprises et leurs salariés».
Une requête que formulent plus précisément à l'attention des pouvoirs publics plusieurs organisations du secteur des transports (Fédération nationale des transports routiers, Union Transport et logistique de France, TLF Overseas), alors «qu’un nouveau préavis de grève des dockers a commencé aujourd’hui à minuit pour 72h». Selon les syndicats d'employeurs, l'impact financier négatif serait de l'ordre de «dizaines de millions d’euros par jour de pertes sèches pour les entreprises», d'autant plus dommageable qu'une «stratégie de relance portuaire avait été actée il y a quelques mois». Elles «s’interrogent sur l’absence de signal et de soutien du Gouvernement», et réitèrent leur demande déjà formulée à plusieurs reprises de mesures d'urgence en matière notamment de «libre circulation des personnes et des marchandises».
Les syndicats de salariés poursuivent la contestation en vue d'une autre réforme
L'intersyndicale de syndicats de salariés (CFE-CGC, CGT, FO, Solidaires, FSU), d'étudiants (MNEF) et de lycéens (UNL, MNL, FIDL) n'entend pas relâcher la pression sur les pouvoirs publics pour qu'ils renoncent à leur projet et prennent l'option du «maintien des régimes de retraite existants par répartition solidaire et intergénérationnelle, fondés sur un système par annuités», solution pour laquelle elle «porte des propositions»: «augmentation des salaires», «égalité salariale et professionnelle», «fin ou (…) compensation des exonérations patronales», «réorientation des crédits d’impôts aux entreprises vers le régime des retraites», «élargissement de l'assiette de cotisations», sans oublier «une contribution sociale pour la protection sociale sur les revenus du capital». De nouvelles mobilisations sont lancées, notamment le «vendredi 24 janvier, date du conseil des ministres qui devrait examiner le projet de loi».
Pour la Fédération Cadres de Force ouvrière, «Le retrait de la réforme est un préalable pour que le débat sur le financement (…) s’ouvre et que nos propositions concrètes soient enfin examinées. Pour renforcer notre système, garantir le maintien du niveau de vie, il nous faut négocier une hausse proportionnée des cotisations». La fédération de salariés rappelle, plus spécifiquement que «cette réforme se traduira par un effondrement du montant des pensions, notamment pour l’encadrement (…). L’abandon des 25 meilleures années (…) au profit de la prise en compte de toute la carrière pénalisera particulièrement les cadres. Leur pension décrochera de leur dernier salaire».
Communiqué Croissance Plus; Communiqué commun FNTR, Union TLF, TLF Overseas; Communiqué intersyndicale CFE-CGC, CGT, FO, Solidaires, FSU, MNEF, UNL, MNL, FIDL; Communiqué FO Cadres – 14 janvier 2020