La publication du rapport El Khomry au ministre de la Santé sur les métiers du grand âge (le 29 octobre 2019–NDLR) est saluée par diverses organisations professionnelles (ordres, organisations d’employeurs, syndicats) du secteur sanitaire et social, tant sur le contenu que sur la méthode (concertation–NDLR). Elles estiment néanmoins que ses avancées doivent être prises en compte et, même, enrichies.
Les organisations professionnelles saluent avec réserves de réelles avancées
La Fédération hospitalière de France invite à une mise en œuvre «d’urgence» des mesures préconisées: «formation initiale et gratuité des études», «qualification d’auxiliaire de soins en gérontologie», «fonction d’aide-soignant coordonnateur», «nouvel échelon de fin de carrière», «moyens budgétaires pour (…) la pénibilité du travail», «fonds accident du travail/absentéisme pour le secteur public». Si elle se félicite de la concertation qui a présidé à l’élaboration du rapport et «accueille (…) avec intérêt la proposition d’Agnès Buzyn d’organiser une conférence sur l’attractivité des métiers du grand âge, l’organisation professionnelle du secteur sanitaire et social regrette toutefois que «que la proposition de faire bénéficier le secteur public des mêmes abattements de charges sociales (6 % de la masse salariale) que le secteur privé, n’ait pas été retenue». La FHF tient à rappeler que «le secteur public assure une part déterminante de l’offre médico-sociale à un tarif de 500€ par mois inférieur aux autres secteurs, pour les usagers des EHPAD».
Nexem soutient des propositions dont la «logique converge avec le projet conventionnel porté par notre organisation au sein du secteur social, médico-social et sanitaire» et «s’engage et s’engage à prendre en compte les conclusions (…) dans le cadre de la prochaine conférence salariale». L’organisation souligne plus particulièrement «la volonté de diversifier les modalités de formation et d’accès aux emplois (…), de renforcer le volet formation comme levier de prévention des risques professionnels», « la possibilité de construire des passerelles entre les métiers pour favoriser la montée en compétences et la mobilité». L’organisation d’employeurs émet quelques réserves sur le volet financement: favorable à l’affectation d’une part de la CRDS à l’autonomie proposée par le rapport, elle dit «rester très vigilante quant aux engagements pris par le Gouvernement» et souhaiterait une solution à la question des «inégalités entre départements». Pour Nexem, il serait par ailleurs opportun «d’étendre la démarche aux secteurs du handicap, de l’insertion et de la protection de l’enfance» afin de structurer le secteur social, médico-social et sanitaire.
L’Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes, pour sa part, «salue la nécessaire revalorisation des métiers d’aide-soignant et d’accompagnant à domicile», tout en faisant part de son regret que la profession, qui joue pourtant un rôle essentiel en matière de «prévention de la perte d’autonomie», le plus souvent «à domicile», ne soit pas mieux prise en compte. Le CNOMK plaide ainsi pour «la valorisation d’actes comme le bilan kinésithérapique» au sein de la «nomenclature générale des actes professionnels», ainsi que pour une revalorisation des honoraires. À cet égard, l’institution oridinale tire la sonnette d’alarme à propos de «certaines caisses d’assurance maladie qui appliquent une décote aux actes réalisés par les masseurs-kinésithérapeutes».
Les syndicats de salariés exigent plus de moyens
Côté syndicat de salariés, la Confédération française démocratique du travail dit apprécier les «avancées» du rapport mais n’en appelle pas moins les acteurs publics à renforcer leur soutien. L’organisation syndicale demande notamment à l’État un «volet rectificatif (PLFSS R) pour garantir à la grande loi annoncée sur la perte d’autonomie son effectivité», tandis qu’elle plaide pour que les départements s’engagent «clairement dans la prise en charge de la perte d’autonomie, pour garantir la dignité des conditions du travail des intervenants (…) dans l’équité et dans l’égalité entre les femmes et les hommes». Elle renvoie par ailleurs les «employeurs du secteur» à un « dialogue de proximité» sur les conditions de travail, la sinistralité.
La Confédération générale du travail se montre beaucoup plus critique, en invoquant notamment «l’absence des crédits nécessaires au PLFSS 2020 pour prendre en compte la problématique du vieillissement de la population». Pour la CGT, «la question de l’attractivité ne peut être déconnectée d’un contexte général de restriction de moyens», ce qui veut dire de «véritables augmentations de salaires avec une reconnaissance des qualifications et de la pénibilité des métiers, des horaires adaptés et la fin du temps partiel imposé». Le syndicat note encore que la création d’un accès unique en école d’AES (accompagnants éducatifs et sociaux) «va à l’encontre de la volonté de former en 2020 deux fois plus d’AS et d’AES», et, surtout, se déclare opposé à l’idée de «sécuriser les glissements de tâches et (…) donner aux employeurs la possibilité de proposer des postes sur des doubles compétences».
Communiqué CGT – 31 octobre 2019; Communiqué Nexem – 30 octobre 2019; Communiqué FHF; Communiqué CNOMK ; Communiqué CFDT – 29 octobre 2019